Charest veut « aider » les éducatrices des CPE

2007/04/25 | Par Pierre Dubuc

Menace de grève chez travailleuses de la CSN des centres de la petite enfance de Montréal et de Laval, grogne chez leurs collègues de la CSQ, le dossier des CPE défraie à nouveau l’actualité. On se rappellera que, faisant preuve d’une combativité exemplaire au cours des dernières années, les travailleuses syndiquées de ce secteur ont obtenu en 2006 l’équité salariale pour les 36 000 femmes travaillant dans les CPE.

Obligé de reconnaître le statut professionnel des éducatrices des CPE, le gouvernement cherche maintenant à rogner ce qu’il vient de concéder par l’introduction d’une nouvelle catégorie d’emploi : aide-éducatrice.

Bien entendu, on peut toujours dire que les éducatrices « ont besoin d’aide », mais encore faut-il savoir de quelle « aide » au juste on parle, de nous dire Carolyne Watier de la Fédération des intervenantes de la petite enfance (CSQ) que nous avons rencontrée avec ses collègues de la grande région de Montréal.

Selon la proposition gouvernementale, les aide-éducatrices – rémunérées bien entendu à un salaire moindre – remplaceraient les éducatrices pendant de « courtes périodes ».

« À quelles « courtes périodes » fait-on référence ? », se demandent-elles. « Y a-t-il des périodes où nous sommes moins éducatrices? » « Est-ce à l’accueil, quand il faut souvent consoler l’enfant, triste de devoir quitter ses parents? » « Est-ce lors des dîners, des siestes? », lancent-elles avec inquiétude.

« C’est dans ces moments de transition que les gens du ministère disent qu’on ne fait rien. Mais ce sont les moments les plus difficiles! Quand l’enfant est en pleine activité éducative, y’a pas de problème ! »

« On est pas moins éducatrice, quand on les habille ou qu’on les change de couche. On ne peut pas diviser, compartimenter ainsi la journée. Y a-t-il des moments, lorsqu’il est en présence de ses enfants, qu’un parent est moins parent? C’est la même chose pour les éducatrices ».

Tout le monde sait bien que l’introduction de la catégorie d’emploi « aide-éducatrice » ne vise qu’à dévaloriser la profession en permettant l’embauche de personnel à salaire moindre pour effectuer sensiblement les mêmes tâches, mais sans les qualifications requises.

« On a lutté fort pour se bâtir une profession. On ne se laissera pas faire, maintenant qu’on atteint notre but », lancent-elles à l’unisson.

Elles sont bien conscientes des difficultés financières des CPE. La majorité, selon elle, sont déficitaires et les salaires constituent 80% des dépenses. Mais ce n’est pas leur salaire de 22$ au sommet de l’échelle qui en est la cause. C’est le sous-financement du réseau.

Bien qu’on ait salué le rôle positif de la mise en place du réseau des CPE sur l’augmentation du taux de natalité, elles sont conscientes de l’impact de la promesse électorale de Mario Dumont de verser à la famille 100 $ par semaine par enfant. Dans ce contexte, les attaques du gouvernement Charest contre le réseau des CPE risquent de s’intensifier. Déjà, on peut porter à son crédit, l’augmentation du tarif à 7 $, le retrait du droit à la syndicalisation pour les travailleuses en milieu familial, la création des « bureaux coordonnateurs », entraînant de nombreuses mises à pied dans le réseau.

Mais, aujourd’hui comme hier, il va rencontrer sur son chemin des éducatrices déterminées à se battre pour l’amélioration des services de garde et la reconnaissance de leur travail à sa juste valeur.