Les bons remèdes de Monsieur Castonguay

2007/05/16 | Par Léo-Paul Lauzon

Dans son édition du 16 mai 2007, le journal La Presse ouvre de nouveau toutes grandes ses pages à Claude Castonguay et à ses «remèdes» à notre système de santé.

Dans un texte intitulé «Au-delà du colmatage», Castonguay propose à nouveau la tarification et le recours élargi aux assurances privées. Une solution excellente pour ses amis du monde des affaires, mais qui va à l’encontre de l’intérêt général.
 
À peine dix jours plus tard, on apprend que le gouvernement Charest mandate un nouveau groupe de travail, afin de trouver de «nouvelles solutions» pour le financement et la pérennité notre réseau. À la présidence de ce groupe, on a le bonheur de retrouver nul autre que Claude Castonguay.

Premièrement, Claude Castonguay se présente toujours comme le père de l’assurance-maladie au Québec. C’est totalement et intégralement faux, comme l’a démontré le journaliste André Noël de La Presse dans son texte du 20 mai 2006 intitulé : «Castonguay est-il vraiment le père de l’assurance-maladie ?». Le véritable instigateur du système de santé publique au Canada fut le premier ministre du Nouveau Parti démocratique (NPD) de la Saskatchewan, monsieur Tommy Douglas, qui a eu le mérite et le courage de l’implanter le premier dans cette province.

Ensuite, les autres provinces, de la Colombie-Britannique à l’Ontario, en passant par le Québec, n’ont fait que suivre et copier le modèle de santé publique de la Saskatchewan. Au Québec, on doit l’instauration de l’assurance-maladie au gouvernement de l’Union Nationale et non au Parti libéral du Québec, et encore moins à Claude Castonguay.

Deuxièmement, il omet toujours de dire que, s’il a passé seulement quelques années en politique active (1970 à 1973), il fut pendant plusieurs années président de la compagnie d’assurances La Laurentienne qui, comme toutes les compagnies d’assurances, seraient financièrement les grandes gagnantes de la privatisation de notre santé publique.

De plus, il est actionnaire et administrateur de compagnies pharmaceutiques comme Andromed et Procréa BioSciences, qui sont les principaux responsables de la hausse des coûts de notre système de santé publique. Pourquoi omet-il ces faits et les médias aussi ?

Troisièmement, ça fait plus de douze ans qu’il répète toujours la même rhétorique usée à la corde de la privatisation obligée de notre santé publique que les journaux de Power Corp., qui a de gros intérêts dans la santé privée par le biais de ses filiales Great West Life, London Life et Canada Life, reproduisent dans leurs pages sur une base régulière afin de vous farcir la cervelle et amener chez vous apathie et résignation.

N’allez surtout pas dire que Claude Castonguay est un idéologue, non, non, c’est plutôt un penseur qui jette un regard complètement «désintéressé» et «neutre» sur notre système de santé publique, et qui a l’extrême courage de proposer un ticket modérateur de 25 $ la visite chez le toubib afin d’apporter des revenus supplémentaires à nos pôvres médecins, qui ne gagnent annuellement que 200 000 $ et plus l’an et de privatiser la santé publique en permettant aux patients de souscrire à des assurances privées de compagnies comme La Laurentienne, la Great West Life et la London Life.

Attention, le coût de ces assurances privées seraient entièrement déductibles d’impôts, ce qui fait qu’on se retrouverait avec un système de santé privée qui n’aurait de privé que le nom, étant financé abondamment par les fonds publics grâce aux déductions fiscales.