Les oubliées de l'équité salariale

2007/05/16 | Par Karine Tremblay

Photo: L'annuaire emareva

Grâce au règlement de l’équité salariale, les travailleuses des secteurs public et parapublic ont reçu des indemnités et profitent d’un ajustement de salaire, afin de réparer une injustice sexiste historique. Pourtant, ce bon geste du gouvernement libéral - dont il s’est beaucoup vanté – ne signifie pas qu’il reconnaisse réellement le travail des femmes. Tout au contraire.

Au Québec, environ 14 400 femmes gardent des enfants chez elles, assurant le moitié des places de garderie. Depuis l’adoption en 2003, sous le bâillon, du projet de loi 8, les responsables de service de garde (RSG) en milieu familial sont considérées comme des «prestataires de services», ce qui leur donne les inconvénients du travail autonome sans les bénéfices.

En effet, elles ont perdu le droit de se syndiquer et tous leurs avantages sociaux depuis que leur lien d’emploi avec les CPE a été rompu. Elles n’ont plus accès à l’assurance-emploi, ni à des vacances payées, ni à aucun congé. Elles assument seules tous les risques liés à leur travail puisque la CSST ne les protège plus en cas d’accident ou de maladie professionnelle. En fait, elles n’ont même pas droit au salaire minimum!

La législation leur impose un horaire de 50 heures par semaine, auquel s’ajoute une dizaine d’heures de préparation, de courses et de ménage. Elles doivent respecter des normes strictes en matière de pédagogie et d’hygiène, notamment. Ces femmes ne profitent donc en rien de la souplesse qui caractérise en général le travail autonome.

Ainsi, le gouvernement qui a conclu une entente en matière d’équité salariale exploite des femmes et bafoue leurs droits. Triste ironie. D’ailleurs, la loi 8 a été condamnée en 2006 par le Bureau International du Travail (ONU) et est contestée en justice. De plus, la lutte syndicale se poursuit, malgré l’interdiction législative.

Prendre soin des enfants à temps plein est exigeant. Plusieurs femmes ne désirent pas le faire, et je ne les blâme pas. Par conséquent, le travail des RSG devrait être défendu non seulement par les syndicats, mais par la société entière, parce qu’il garantit aux mères une certaine indépendance et surtout parce que nos enfants représentent notre avenir collectif.