Le Syndicat défend la réputation de ses membres

2007/06/22 | Par L’aut’journal 

Le vice-président du Syndicat des débardeurs, Denis Wolfe, et le secrétaire-trésorier Sylvain Charron répliquent aux affirmations selon lesquelles 15 % des débardeurs du port de Montréal auraient un dossier criminel.

Cette statistique répétée à plusieurs reprises par les médias, les syndicalistes en ont retracé l’origine dans un rapport d’un comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense, dont un des mandats est la sécurité des ports maritimes.

Elle est reprise dans le rapport de 2007 : « Le comité a appris en 2002 qu’environ 15% des débardeurs et 36 % des vérificateurs (checkers) du port de Montréal avaient un casier judiciaire et que c’était le cas également de 39% des débardeurs du port d’Halifax et de 54% des travailleurs du port de Charlottetown »

MM. Wolfe et Charron soulignent l’utilisation du mot « environ » et affirment que « cela signifie clairement qu’aucune recherche sérieuse et empirique n’a été faite ». Selon eux, une analyse le moindrement sérieuse de la situation actuelle au port de Montréal démontrerait facilement que ce pourcentage n’est aucunement fondé en 2007.

Les leaders syndicaux y vont de leur propre analyse pour contredire les données colportées par le comité et reprises par les médias.

Un tiers de nouveaux membres depuis 2002

Ils rappellent que les critères d’embauche de l’Association des employeurs maritimes (AEM) et des ports ont été modifiés suite aux évènements du 11 septembre 2001. Toutes les candidatures ayant un dossier judiciaire sont maintenant refusées. Comme plus de 320 nouveaux membres ont adhéré au syndicat depuis 2002, soit après avoir passé avec succès la vérification de l’AEM, cela signifie que plus du tiers de la main d’oeuvre doit être soustraite du 15 % calculé en 2001.

Aucun débardeur condamné depuis 2001

De plus, soulignent MM. Wolfe et Charron, « aucun débardeur n’a été condamné pour un acte criminel majeur effectué au port de Montréal depuis 2001 ».

Ils rappellent que, comme tous les citoyens canadiens, les débardeurs sont aussi admissibles à une demande de pardon. Par cette démarche, les débardeurs, comme les citoyens, peuvent voir les infractions admissibles être retirées de leurs dossiers.

Depuis le début des discussions en matière de sûreté maritime, le syndicat a informé ses membres sur cette démarche et ce, malgré le fait que la presque totalité des infractions passées constatées était de nature mineure. La statistique de 15% ne tient donc aucunement compte des membres qui ont fait leur demande de pardon.

85 % de la marchandise manutentionnée sous forme de conteneur

Un autre élément important, selon eux, est que, du grand contremaître au préposé à la cale, aucun des membres du local 375 (SCFP-FTQ) n’a la moindre idée du contenu des conteneurs.

Les débardeurs manutentionnent ainsi plus de 1 million de conteneurs sans en connaître le moindre détail : compagnie expéditrice, son contenu, compagnie destinataire, etc. « Cela devrait, affirment-ils, clouer le bec de ceux qui affirment que les débardeurs fournissent des informations au crime organisé et clore le débat ».

Les débardeurs gagnent honorablement leur vie

« Les débardeurs, enchaînent les dirigeants syndicaux, sont des hommes et des femmes, souvent des pères et mères de familles, qui travaillent en moyenne entre 6 et 7 jours par semaine pour subvenir aux besoins de leurs familles ».

« Ce sont ces mêmes débardeurs, précisent-ils, qui ont manutentionné, encore cette année, un nombre record de conteneurs. Le niveau de productivité des débardeurs de Montréal n’a plus à être démontré; la croissance fulgurante des marchandises manutentionnées ces dernières années parle d’elle-même ».

MM. Wolfe et Charron trouvent inquiétant le silence des autorités portuaires et de l’AEM dans ce dossier. « Ils savent très bien, concluent-ils, que ces chiffres sont hors proportion et qu’ils ne reflètent aucunement la réalité au port de Montréal en 2007. Ce faux débat ne sert aucunement les intérêts économiques du Port de Montréal. Il faut espérer que leur silence est dû au manque de données à jour sur cette question ».

Dans le but de ramener les pendules à l’heure, le syndicat entend préparer un dossier, à partir de données empiriques, démontrant la situation réelle au port en 2007 en cette matière.