Pauline Marois vue par… (4)

2007/08/10 | Par L’aut’journal 

Pauline Marois est maintenant à la direction du Parti Québécois. En attendant la publication d’une biographie qui lui sera consacrée, il est possible de retracer les grandes lignes de son parcours politique dans les biographies consacrées aux politiciens québécois. Nous en publions les extraits pertinents dans une série d’articles sur ce site.

Au menu de ce quatrième article, des extraits de la biographie de Jacques Parizeau par Pierre Duchesne (Québec Amérique).

La course à la chefferie de 1988 qui allait porter Jacques Parizeau à la tête du PQ.

Le 28 janvier 1988, dans une entrevue accordée au journaliste Pierre O’Neil du journal Le Devoir, Pauline Marois annonce elle aussi qu’elle ne se lancera pas dans l’arène, mais elle en profite tout de même pour écorcher au passage Jacques Parizeau.

Monsieur « n’est peut-être pas l’homme de la situation », juge-t-elle. Elle lui reproche son attitude rétrograde envers les femmes et ses distances à l’égard de la social-démocratie. Elle trouve que son vocabulaire est sexiste.

De toute évidence, elle n’apprécie guère l’image du « strip-tease intellectuel » utilisé par ce dernier [pour présenter le dévoilement par étapes de son programme ]. « Il faut corriger ce langage, qu’il se modernise et se mette à l’écoute des mouvements de femme. » Pauline Marois est alors trésorière de la Fédération des femmes du Québec.

S’il se réjouit de voir ses rivaux disparaître, Jacques Parizeau ne souhaite nullement perdre des militants de la trempe de Pauline Marois. Pour le combat qu’il entend mener, il sait qu’il aura besoin de l’appui des femmes. Il réagit donc rapidement aux propos de Pauline Marois.

À peine quelques jours après la parution de l’article de Pierre O’Neil, il l’invite à dîner au restaurant Chez Pierre à Montréal. La rencontre se déroule le 5 février 1988. « Madame Marois, lui dit-il d’emblée, je comprends que vous puissiez avoir des points de vue différents des miens. » Jacques Parizeau ajoute cependant qu’il connaît assez Pierre O’Neil pour savoir qu’il a peut-être un peu déformé les propos de l’ancienne ministre.

Habile, il prépare le terrain et donne à Pauline Marois tout l’espace nécessaire pour qu’elle puisse revenir sur ses propos et se rallier. Jacques Parizeau poursuit : « Pour la souveraineté, si on veut la faire, j’ai besoin de vous. En ce qui concerne les femmes, si je ne suis pas bon, vous serez à ce titre ma première conseillère. »

Agréablement surprise, Pauline Marois désire toutefois exercer une influence au-delà de la question féminine. « Bien que j’aie pu avoir des propos assez durs à son endroit, je lui ai demandé de me faire suffisamment confiance et de me laisser réviser le programme, afin que l’on réintroduise des éléments progressistes, un peu dans la perspective du plein emploi et d’une politique de formation continue, par exemple. » Jacques Parizeau acquiesce.

Celle qui n’a pas repris contact avec lui depuis les premiers années du gouvernement Lévesque découvre un Jacques Parizeau « plus sensible à une vision progressiste. »

Le repas se termine finalement par une offre que Pauline Marois ne peut pas refuser : « Il me faut un bon programme et une bonne conseillère au programme », lui dit-il. « Jacques Parizeau m’offre d’être conseillère au programme, confirme-t-elle.

J’ai trouvé cela très intelligent de sa part. Dans le fond, il essayait d’aller chercher tous les gens qui pouvaient soit s’opposer à lui ou qui avaient des points de vue qui étaient un peu différents du sien et de les réunir au sein d’une équipe. Ce qu’a fait Jacques Parizeau ce jour-là, je lui en serai toujours reconnaissante. J’ai servi, mais j’ai appris », confie-t-elle.

Pauline Marois est d’autant plus en mesure d’apprécier le geste de Jacques Parizeau, qu’elle n’a pas oublié le manque de générosité de Pierre Marc Johnson à son endroit.

Le 8 février 1988, soit dix jours après avoir qualifié Jacques Parizeau de « rétrograde », Pauline Marois pose sa candidature au poste de conseillère au programme du Parti québécois.

(tome III, pp. 84-86)

Demain: D’autres extraits de la biographie de Jacques Parizeau par Pierre Duchesne

Pour consulter les trois premiers articles, cliquez ici.