La faute à Fidel

2007/08/14 | Par Ginette Leroux

Le dicton qui dit que le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre s’avère très juste dans son cas. Julie Gavras, la fille du réputé cinéaste Costa-Gavras, a de quoi rendre fier son célèbre père. Sorti sur les écrans québécois le 27 juillet dernier, La faute à Fidel, son premier long métrage, avait déjà raflé plusieurs prix dont celui de Sundance en 2007, le prestigieux festival de cinéma américain reconnu à travers le monde. Si Constantin Costa-Gavras s’est illustré par des films politiques nettement engagés, l’intérêt de la cinéaste dans la jeune trentaine se tourne plutôt vers l’impact de l’engagement politique sur la vie d’une famille.

Le point de départ de son film, Julie Gavras le trouve dans Tutta Colpa di Fidel, un roman de Domitilla Calamai rencontré au moment où elle vivait en Italie. Elle est fortement impressionnée par l’histoire d’une enfant de 10 ans, habituée à sa vie bourgeoise et douillette, qui voit son univers basculer complètement lorsque ses parents optent pour l’engagement politique. Elle y reconnaît sa génération issue des années 1970.

Au cours de l’adaptation du roman, elle l’enrichit d’un souvenir d’enfance. « J’avais onze ans quand mon père a réalisé Missing sur le coup d’État de 1973 au Chili. Quand il a fallu que j’imagine quel pouvait être l’engagement du père d’Anna, le Chili s’est imposé », raconte Julie Gavras qui a dû entreprendre un long travail de documentation sur le Chili et l’Espagne et sur les actions féministes de ces années marquées par la force des convictions et des engagements.

La petite Anna, le personnage central du film, est joué par Nina Kervel, choisie parmi 400 petites filles venues auditionner. Cette actrice, toute neuve, défend admirablement bien son rôle. On sent toute la résistance qu’elle met à s’opposer à l’ardeur que mettent ses parents (Julie Depardieu et Stefano Accorsi) à imposer leur nouvelle vie, voire leurs nouvelles valeurs.

Apprendre le combat quotidien que constitue l’engagement politique n’est pas chose facile, surtout pour une enfant brillante qui se plait dans son école catholique, ses amies et la stabilité du ronron quotidien qui régule sa vie. Petit à petit, le spectateur assiste à la naissance de la révolutionnaire en herbe.

Gavras excelle dans la direction de ses comédiens. Le jeu de la petite Nina Kervel est étonnant de justesse. Pour sa part, Julie Depardieu, d’un naturel instinctif, s’est aussi laissée apprivoiser par la vision très claire de la scénariste réalisatrice. « Elle savait ce qu’elle souhaitait faire passer et la manière d’y arriver », confirme-t-elle. Stefano Accorsi lui rend le même hommage.

Les enfants de parents actifs politiquement dans la période d’effervescence québécoise des années 1970 se reconnaîtront peut-être dans ce film. Quoiqu’il en soit, ce film ne laissera personne indifférent. Courez-y!

La faute à Fidel, un film de Julie Gavras, France, 2006.