Montebello : déverrouiller le débat

2007/08/16 | Par L’aut’journal 

Montréal, 16 avril 2007 - À la veille du Sommet de Montebello qui réunira en Outaouais les trois chefs d’État nord-américains – MM. Harper, Bush et Calderon -, cinq organismes sociaux, populaires et syndicaux s’inquiètent des conséquences du Partenariat pour la sécurité et la prospérité (PSP) et appellent à la vigilance de la population et au débat public.

Le Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC), le Collectif Échec à la guerre, Amnistie internationale, le Forum social québécois (FSQ) et le Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) déplorent le manque de transparence et le déficit démocratique actuel à travers le processus du PSP, et réclament que les propositions soient soumises aux organes législatifs nationaux.

«Seulement les hommes d’affaires sont invités aux discussions du PSP. Pourquoi ce serait réservé aux Paul Desmarais de ce monde de discuter de prospérité et de sécurité?», de questionner M. Normand Pépin du RQIC. Selon le regroupement, ce nouveau partenariat pousse l’ALÉNA plus loin, en visant une plus grande intégration nord-américaine au plan économique, mais aussi aux plans militaire, politique et social.

Le RQIC prétend qu’avec le PSP, le pouvoir politique du secteur privé «a été institutionnalisé, entre autres avec la création du Conseil nord-américain pour la compétitivité (CNAC), qui réunit 10 dirigeants d’entreprises» de chacun des pays de l’ALÉNA, et qui a pour fonction d’émettre des recommandations aux ministres du PSP.

Du côté d’Amnistie internationale, on déplore l’absence d’intérêt manifeste pour les droits de la personne. «Personne ne peut être contre la sécurité ou contre la prospérité, de dire Mme Anne Sainte-Marie. Les questions que se pose Amnistie internationale sont quelle sécurité, et une prospérité pour qui?»

Gabrielle Pelletier du RQGE craint que ce Partenariat, en poussant le Canada à répondre de façon plus importante aux besoins énergétiques des États-Unis, ne fasse que nous appauvrir au niveau des ressources naturelles et au niveau environnemental - notamment par la hausse prévue par le gouvernement Harper de la production de pétrole provenant de l’exploitation des sables bitumeux en Alberta.

L’augmentation significative du budget militaire canadien suite à la signature du PSP en 2005 par Paul Martin, et la surenchère du gouvernement Harper par la suite sont significatifs du «virage résolument militariste de la politique étrangère» canadienne, qui s’accompagne «d’une intégration plus poussée de l’armée canadienne à celle des États-Unis», selon Raymond Legault d’Échec à la guerre.

«Le PSP incarne tout ce contre quoi s’est construit et mobilisé la mouvance altermondialiste», d’affirmer Raphaël Canet du Forum Social Québécois, qui doit se tenir du 23 au 26 août prochain. Dans la même veine que pour le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), le regroupement s’inquiète de la perte de souveraineté des États, de la marchandisation de ressources telles l’eau potable, et de l’harmonisation des conditions de travail sur celles des États-Unis.

À surveiller :
19 août 2007 à 13h – Manifestation face au Parlement canadien, Ottawa
19 août 2007 à 16h – Forum public sur le PSP, Marion Hall, 140 Louis Pasteur, Université d’Ottawa
20 août 2007 à 9h30 – Conférence de presse de diverses organisations, Ottawa
20 et 21 août – Journées d’actions à Montebello : présences de plusieurs organismes de la société civile

Lien :
Pour lire l’argumentaire du Réseau québécois sur l’intégration continentale
www.rqic.alternatives.ca

À lire aussi sur notre site, l'analyse de Rodrigue Tremblay : Le projet d'union nord-américaine