Michel Sawyer rêve d’un front commun pour 2010

2007/08/26 | Par Pierre Dubuc

Nous avons rencontré Michel Sawyer, le président du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), entre deux activités du Forum social qui s’est tenu à Montréal à la fin du mois d’août. « Je trouve que ça fait du bien que de se retrouver ensemble les organisations syndicales et les groupes communautaires. Il n’existe plus de réseaux communs. C’est déplorable », nous confie-t-il.

C’est de cette unité essentielle, bien sûr syndicale/communautaire, mais d’abord et avant tout syndicale dont il nous a surtout entretenu. Michel n’a toujours pas dirigé la loi 142 et le mépris de la ministre Monique Jérôme-Forget à l’égard des employés de l’État lors des dernières négociations.

« Je regardais l’autre soir le documentaire sur la lutte du Front commun de 1972 à l’émission Tout le monde en parlait et je trouve que les mesures qui découlent du décret sont presque aussi pires que l’emprisonnement des chefs syndicaux. Écoute, la loi 142 interdit les actions concertées sur les lieux de travail. C’est pas de la p’tite bière », lâche-t-il.

Ce qu’il a également retenu du documentaire, c’est la force de frappe du Front commun, de l’unité syndicale. « Il n’y avait qu’un seul groupe », dit-il en rappelant qu’il y était, ayant intégré la fonction publique en 1968.

De grands espoirs pour le SISP

Comment reconstruire aujourd’hui cette unité syndicale? Le président du SFPQ fonde beaucoup d’espoir sur le secrétariat intersyndical des services publics (SISP), un regroupement mis sur pied lors des dernières négociations et qui regroupe 350 000 membres, soit ceux du SFPQ, de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) et de l’Association du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux.

Le regroupement était ponctuel lors des dernières négociations, mais il est en train de se structurer. Michel Sawyer voit cela d’un bon œil. « Notre bilan de l’expérience des dernières négociations est positif, précise-t-il. Mais ça ne concernait que les conditions salariales. Maintenant, il faut se demander si on peut aller plus loin ? », lance-t-il.

Tout en gardant leur indépendance organisationnelle, ces syndicats pourraient dans le cadre de la prochaine négo mettre plus de choses en commun. « On pourrait inclure plus que le salarial, on pourrait mandater des gens pour négocier à une table commune, ce qui impliquerait des instances syndicales communes », précise-t-il.

« L’idéal serait d’ouvrir également le dialogue avec la FTQ et la CSN et d’en arriver à former un seul groupe comme en 1972 », se met-il à rêver, mais en ayant toujours les pieds sur terre.

Tout cela paraît loin, mais Michel nous rappelle que la négo de 2010 se prépare dès maintenant. « 2008 est une année stratégique à cet égard », souligne-t-il.

Les gens hésitent à partir à la retraite

En attendant, le SFPQ ne sera pas inactif. « Avec nos amis du SISP, nous sommes à préparer une campagne pour la défense des services publics. Cela fait suite à la tournée menée lors de la campagne électorale. »

« Il faut être conscient de l’état de la fonction publique. Il y a un gel d’effectifs. Le gouvernement a annoncé qu’il ne remplace qu’un fonctionnaire sur deux lors des départs à la retraite, mais dans les faits, c’est souvent zéro sur deux. »

Michel attire également notre attention sur le fait que plusieurs fonctionnaires hésitent aujourd’hui à partir à la retraite. « La majorité des gens ne sont pas riches chez nous. Ils gagnent en moyenne entre 35 000 et 40 000 $ par année. Avec une retraite maximum à 70% du salaire, ça ne fait que 22 000 à 28 000 $ par année. De plus, c’est sans indexation. Les gens se demandent avec raison combien cela représentera dans dix, quinze ans. »

L’État que nous voulons

Dans cette campagne de sensibilisation, le SFPQ versera entre autres comme contribution une vidéo réalisée à partir des présentations des conférenciers à l’important colloque qu’il a tenu à Québec au mois de juin dernier sous le titre « L’État que nous voulons ».

« Le succès d’une vidéo réalisée il y a quelques années - « L’État en question » - nous a convaincu de l’importance d’utiliser de nouveaux moyens de communication. La vidéo tiendra en quelque sorte lieu d’Actes du colloque », nous explique-t-il.

Le SFPQ portera aussi la lutte de ses membres au plan international. Il participe à la fin septembre au congrès à Vienne de l’Internationale des services publics. « Nous ne voulons pas lâcher le morceau à propos de la loi 142. Le gouvernement du Québec a été blâmé par le Bureau international du Travail. Le gouvernement Charest doit prendre acte de la décision rendue par le BIT et se conformer aux traités internationaux dont le Canada est signataire », affirme Michel Sawyer.