Le Grand Palabre sur les algues bleu-vert

2007/09/13 | Par André Bouthillier

Entendu dans les toilettes d’un bistro de Sorel :
« J’en reviens ! 
- De quoi ? Des vacances ? 
- Non, j’en reviens tout simplement ! 
- De quoi au juste ? 
- Ben des algues bleues, tsé les cyanos quéque chose. 
- Ah oui! Ça te fâche ? 
- Ben quin, cé t’y pas effrayant mon vieux, la première page de tous les journaux du Québec ! 
- Qu’est-ce qui est effrayant, la première page des journaux ou les cyanobactéries ? En passant, tu restes toujours sur la rue Morgan? 
- ouais !! 
- pi tu vas te baigner où toé ? 
- Dans mon bain, c’t’affaire, certainement pas dans l’fleuve ! »

Une simple conversation anodine dans un bar de Sorel et toute une leçon de politique nationale. En effet peu importe le fatras des médias. Durant l’été quoi de mieux que de parler de lac, les bourgeois y sont et festoient. Sont-ils si nombreux que les politiciens bougeront …non pas nombreux et majoritairement pauvres.

Comme tous les dossiers qui touchent les moins munis ou démunis, le gouvernement trouvera bien une façon de «tabletter» le dossier. Pour un riche Desmarais, Charest ou Chrétien qui sévit sur le bord d’un lac, il y a des centaines de Tremblay qui eux ne sont pas de grands propriétaires terriens.

Propriétaires de pontons, de chaloupes et de quais rafistolés, ils ne font pas le poids en comparaison des gens des villes. Pas nombreux et de plus beaucoup d’entre eux sont très pauvres…de « shacks » en chalets, de chalets en maisons hiver-été et finalement la résidence principale par des gens qui rendus à la retraite reçoivent des montants de subsistance qui permettent à peine de maintenir leur habitation en état salubre

Incapables de payer des taxes substantielles, leurs municipalités vivant des taxes foncières n’ont pas les moyens de s’attaquer au problème.

144 lacs y goûtent

 Au moment où la ministre de l’Environnement organise à l’automne un « Grand Palabre » avec la présence de l’éminent Premier ministre du Québec, le nombre de lacs touchés par les cyanobactéries vient de « péter tous les scores ».

Au moment de mettre sous presse 144 lacs y goûtent. Mais la majorité des Québécois et Québécoises ne vivent pas sur le bord de l’eau! Voilà une situation qui permet une analyse politique qui fera ressortir les travers de chacun des partis politiques qui se sont prononcés sur le sujet.

Même le Parti Québécois si prompt à oublier qu’il a été l’instigateur du problème, puisqu’il a aboli les programmes de soutien aux riverains, se présente sur la place publique en disant qu’il dénonce l’inaction du gouvernement dans le dossier des algues bleu-vert mais qu’il n’a pas de position quant à l’impact de l’agriculture !!!!!!

Les castors et les chambres de commerce

Après trente ans de recherches, les scientifiques justifient de nouvelles études…Récemment on était rendu à dire que c’était la faute des castors! Bon ben, Oui et Non mais!

Ajoutons à cela les chambres de commerce en tourisme qui ont caché la situation depuis deux décennies. Fallait pas le dire, ça nuirait au commerce nous disait-on à la baie Missisquoi.

Ces mêmes commerçants aujourd’hui accusent la Santé publique d’être trop préoccupée de la santé des gens et pas assez de leurs commerces. Savants de leurs profits et ignorants leur cupidité, ils se font dire par Anas Ghadouani, professeur expert de l’université Western Australia, que « Ce n'est pas parce qu'on ne voit pas de cyanobactéries à la surface d'un plan d'eau qu'il n'y en a pas, surtout s'il y a déjà eu une floraison d'algues bleues. Les autorités devraient plutôt s'en inquiéter et redoubler de vigilance ».

Voilà qui défrise un gouvernement dont le système est basé sur la détection visuelle... par les citoyens !

Dans un pays d’eau comme le Québec, nous sommes des millions à ne jamais avoir accès même aux cyanobactéries, nous ne voyons que l’eau du robinet. Nous oublions souvent le nombre effarant de personnes qui vivent dans les grands centres urbains, qui n’auront jamais d’auto pour se rendre voir les cyanobactéries et ce n’est pas par choix …malheureusement !

Des lacs « écho » mal nommés

Évidemment, il arrive à l’occasion, en vacances et lorsqu’on a le véhicule et l’argent pour s’y rendre, que nous arrivions face à face avec un plan d’eau. Souvent défait de ne pas voir d’eau dans des villages dont les noms sont évocateurs.

Nous continuons à nous identifier à la notion que nous sommes un peuple d’eau. Nous nous disons chanceux de posséder plus de 500 000 lacs et au moins 4 000 rivières ayant un nom dont 125 se nomment le lac Echo!!

Quelle chance de vivre dans le plusssse beau pays du monde, disait l’ancien premier ministre des « commandites Chrétienne ». Imagine ce majestueux Fleuve pollué à l’os dont tu ne peux pas manger les poissons plus d’une fois par semaine et jamais le foie, de te dire Santé Canada.

Oh! Que c’est charmant de voir et de se sentir tout proche d’un plan d’eau. Attention cependant, ne saute pas la clôture. Première leçon qu’apprend le rat des villes par la souris des champs. As-tu déjà vu un propriétaire te donner accès au cours d’eau, même en invoquant que tu es un pacifique kayakiste? Bon ok quelques-uns, mais ce n’est pas la règle.

Il y a encore des villes qui ne te donnent même pas accès au quai municipal si tu n’es pas un résident. De loin, l’eau c’est beau, bucolique et poétique en bout-de-bibitte!...de loin! Lors des prochaines élections : les cyanobactéries des lacs ou la C-difficile des hôpitaux? Que choisira la population ?

Fatiguer des menteurs, elle restera à la maison.


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