« Arrêtez de nous niaiser ! »

2007/09/17 | Par Jacques Fournier

«Les conditions de vie de nos aînés sont assez documentées» et «Arrêtez de nous niaiser, on s’est assez exprimés». Tels étaient deux des slogans scandés lors de la manifestation tenue à Brossard le 17 septembre au midi.

La manifestation était organisée par la Table régionale des organismes communautaires (TROC) de la Montérégie devant le lieu où se tenait une consultation organisée par la ministre Marguerite Blais sur les conditions de vie des aînés.

Recours à des « ressources intermédiaires » non syndiqués

La TROC est d’avis que cette consultation est inutile parce que le gouvernement Charest coupe des lits dans les Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) – par exemple, le Centre André-Perreault en Montérégie – au même moment où il prétend consulter pour mieux connaître les besoins des aînés.

Un peu partout au Québec, des places en CHSLD sont fermées pour être remplacées par des «ressources intermédiaires». Or ces ressources, bien que nécessaires, ne doivent pas se substituer aux ressources plus lourdes dont le réseau a un criant besoin.

De plus, les employés des ressources intermédiaires n’ont pas le droit de se syndiquer : ce droit leur a été retiré par le gouvernement Charest, ce qui a été condamné par l’Organisation internationale du travail (OIT).

On voit donc que le gouvernement Charest a «fait son lit», il a décidé de privatiser, de réduire les conditions de travail et de fermer des lits. A quoi sert la consultation?

Tout a été dit et répété ad nauseam

Les groupes d’aînés sont d’avis qu’ils ont tout dit dans leurs mémoires au gouvernement, remis au cours des dix dernières années. La Commission Blais est une mesure dilatoire. Le Québec est toujours à l’avant-dernier rang des provinces canadiennes concernant le montant consacré aux services à domicile, par habitant,  selon les données de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

La manifestation s’est déroulée sous un beau soleil, ce qui a permis aux aînés de se déplacer. L’AQDR (Association pour la défense des droits des retraités) de St-Jean était particulièrement bien représentée. Les «mémés enragées» étaient également présentes, avec leurs chapeaux colorés et leurs chansons créatives.

Commentaire

En règle générale, je suis plutôt d’avis qu’il faut participer aux diverses consultations gouvernementales. Surtout quand les enjeux sont complexes (exemple, certains projets environnementaux) et qu’il faut bien peser le pour et le contre.

Mais il faut examiner ces consultations au cas par cas et bien analyser les enjeux. Dans le cas des conditions de vie des aînés, le gouvernement Charest a fait preuve de tellement de mauvaise foi qu’il est légitime de ne pas participer à cette consultation.

Car il arrive que les résultats de la consultation entraînent le pire. En décembre 2003, au moment de l’adoption de la loi 30, forçant la fusion des syndicats du réseau de la santé et des services sociaux, le gouvernement Charest proposait le regroupement en cinq strates, ce que les syndicats jugeaient insuffisant.

Finalement, après la commission parlementaire, le gouvernement a décidé de ne retenir que quatre strates. Voilà un exemple de consultation que les syndicats auraient eu intérêt à boycotter. Leur opinion n’a pas été prise en compte, le gouvernement a même empiré le projet de loi initial.

Post-scriptum

A la fin de la manifestation de Brossard, la ministre Marguerite Blais est allée rencontrer les manifestants. Elle a écouté leurs doléances, mais elle a surtout vanté le dynamisme du gouvernement Charest dans les dossiers qui concernent les aînés.

Avant de partir, elle a tenu à embrasser personnellement les retraités qui étaient à la portée de sa bouche. Cela illustre bien le caractère de « relations publiques » de la consultation. Comme elle voulait m’embrasser, je lui a poliment tendu la main. Ouf! Je l’ai échappé belle! Me faire embrasser par une ministre libérale. Ces manifestations sont décidément des lieux à risque.