Rencontres syndicales 1

2007/10/10 | Par Pierre Dubuc

Durant les mois d'août et septembre, Pierre Dubuc s'est entretenu avec plusieurs leaders syndicaux afin de recueillir leurs points de vue et réflexions. Ce dossier vous présente ces 8 entretiens.

Sommaire :

Michel Sawyer - Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ)
Michel Parent - Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal
Réjean Parent - Centrale des Syndicats du Québec (CSQ)
Monique Côté - Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SFMM)
Ronald Cameron - Fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec (FNEEQ)
Jean-Claude Drapeau - Fédération Autonome du Collégiale (FAC)
Michel Crevier - Association des pompiers de Montréal
Pierre St-Germain - Fédération Autonome de l'enseignement (FAE)

Michel Sawyer

Nous avons rencontré Michel Sawyer, le président du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), entre deux activités du Forum social qui s’est tenu à Montréal à la fin du mois d’août. « Je trouve que ça fait du bien que de se retrouver ensemble les organisations syndicales et les groupes communautaires. Il n’existe plus de réseaux communs. C’est déplorable », nous confie-t-il.

C’est de cette unité essentielle, bien sûr syndicale/communautaire, mais d’abord et avant tout syndicale dont il nous a surtout entretenu. Michel n’a toujours pas dirigé la loi 142 et le mépris de la ministre Monique Jérôme-Forget à l’égard des employés de l’État lors des dernières négociations.

« Je regardais l’autre soir le documentaire sur la lutte du Front commun de 1972 à l’émission Tout le monde en parlait et je trouve que les mesures qui découlent du décret sont presque aussi pires que l’emprisonnement des chefs syndicaux. Écoute, la loi 142 interdit les actions concertées sur les lieux de travail. C’est pas de la p’tite bière », lâche-t-il.

Ce qu’il a également retenu du documentaire, c’est la force de frappe du Front commun, de l’unité syndicale. « Il n’y avait qu’un seul groupe », dit-il en rappelant qu’il y était, ayant intégré la fonction publique en 1968.

De grands espoirs pour le SISP

Comment reconstruire aujourd’hui cette unité syndicale? Le président du SFPQ fonde beaucoup d’espoir sur le secrétariat intersyndical des services publics (SISP), un regroupement mis sur pied lors des dernières négociations et qui regroupe 350 000 membres, soit ceux du SFPQ, de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) et de l’Association du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux.

Le regroupement était ponctuel lors des dernières négociations, mais il est en train de se structurer. Michel Sawyer voit cela d’un bon œil. « Notre bilan de l’expérience des dernières négociations est positif, précise-t-il. Mais ça ne concernait que les conditions salariales. Maintenant, il faut se demander si on peut aller plus loin ? », lance-t-il.

Tout en gardant leur indépendance organisationnelle, ces syndicats pourraient dans le cadre de la prochaine négo mettre plus de choses en commun. « On pourrait inclure plus que le salarial, on pourrait mandater des gens pour négocier à une table commune, ce qui impliquerait des instances syndicales communes », précise-t-il.

« L’idéal serait d’ouvrir également le dialogue avec la FTQ et la CSN et d’en arriver à former un seul groupe comme en 1972 », se met-il à rêver, mais en ayant toujours les pieds sur terre.

Tout cela paraît loin, mais Michel nous rappelle que la négo de 2010 se prépare dès maintenant. « 2008 est une année stratégique à cet égard », souligne-t-il.

Les gens hésitent à partir à la retraite

En attendant, le SFPQ ne sera pas inactif. « Avec nos amis du SISP, nous sommes à préparer une campagne pour la défense des services publics. Cela fait suite à la tournée menée lors de la campagne électorale. »

« Il faut être conscient de l’état de la fonction publique. Il y a un gel d’effectifs. Le gouvernement a annoncé qu’il ne remplace qu’un fonctionnaire sur deux lors des départs à la retraite, mais dans les faits, c’est souvent zéro sur deux. »

Michel attire également notre attention sur le fait que plusieurs fonctionnaires hésitent aujourd’hui à partir à la retraite. « La majorité des gens ne sont pas riches chez nous. Ils gagnent en moyenne entre 35 000 et 40 000 $ par année. Avec une retraite maximum à 70% du salaire, ça ne fait que 22 000 à 28 000 $ par année. De plus, c’est sans indexation. Les gens se demandent avec raison combien cela représentera dans dix, quinze ans. »

L’État que nous voulons

Dans cette campagne de sensibilisation, le SFPQ versera entre autres comme contribution une vidéo réalisée à partir des présentations des conférenciers à l’important colloque qu’il a tenu à Québec au mois de juin dernier sous le titre « L’État que nous voulons ».

« Le succès d’une vidéo réalisée il y a quelques années - « L’État en question » - nous a convaincu de l’importance d’utiliser de nouveaux moyens de communication. La vidéo tiendra en quelque sorte lieu d’Actes du colloque », nous explique-t-il.

Le SFPQ portera aussi la lutte de ses membres au plan international. Il participe à la fin septembre au congrès à Vienne de l’Internationale des services publics. « Nous ne voulons pas lâcher le morceau à propos de la loi 142. Le gouvernement du Québec a été blâmé par le Bureau international du Travail. Le gouvernement Charest doit prendre acte de la décision rendue par le BIT et se conformer aux traités internationaux dont le Canada est signataire », affirme Michel Sawyer.

Michel Parent

C’est un Michel Parent radieux que nous avons rencontré aux bureaux des Cols bleus regroupés de Montréal (local 301, SCFP-FTQ) sur la rue Papineau à Montréal. C’est avec fierté qu’il me brandit la déclaration de la Ville de Westmount rendue publique cet été qui affirme qu’elle redonne aux cols bleus la gestion de l’eau, ce qui lui permettra de faire économiser à ses contribuables plus de 200 000 $ par année.

Sur son site Internet, la Ville explique qu’«après avoir établi et évalué soigneusement toutes les contraintes, elle a décidé de ne pas reconduire le contrat avec Dessau-Soprin, la société d’ingénieurs-conseils qui réalise les travaux d’entretien courant et d’urgence des réseaux d’aqueduc et d’égout à Westmount.»

Michel nous rappelle que la loi 134 adoptée en 2005 par le gouvernement Charest permet aux municipalités de déléguer à l’entreprise privée la gestion et l’entretien des réseaux d’aqueduc et d’égout.

Profitant du remue-ménage des fusions/défusions, les villes de Westmount et de Côte St-Luc s’étaient prévalu de ces nouvelles dispositions et Westmount avait signé une entente de deux ans avec la firme Dessau-Soprin d’une valeur de 2,1 millions annuellement.

Michel me souligne au crayon feutre le paragraphe du communiqué dans lequel la municipalité de Westmount salue «la collaboration du syndicat des cols bleus de Westmount (Local 301)» pour la signature de cette entente.

« On a gagné sur deux tableaux. Premièrement, cela a prouvé que nous avions eu raison de dénoncer la cession de la gestion de l’eau au privé en disant que ça coûterait plus cher. Deuxièmement, nous avons démontré une fois de plus que le syndicat des cols bleus était toujours prêt à s’asseoir avec les autorités municipales pour trouver des solutions profitables aux deux parties et, en bout de ligne, aux contribuables ».

Bien entendu, les médias ont fait peu de cas de cette entente. Par contre, souligne Michel Parent, « ils en ont beurré épais cet été sur le conflit à la plage Doré ».

(Photo: archives SCFP)

La plage Doré, les médias et la course Nascar

On se rappellera que les médias ont multiplié les reportages pour accuser les cols bleus de priver les Montréalais de l’accès à la seule plage accessible au cœur de Montréal, la plage Doré. « Nous avons fait quatre jours de grève, mais rien n’obligeait à fermer la plage », soutient le président des cols bleus.

Le conflit, comme plusieurs des choses qui vont mal présentement à Montréal, tire son origine de la saga des fusions/défusions. « Depuis 1’Expo de 1967, la Ville avait assigné 50 employés à ce qui est devenu, au fil des ans, la Société du parc Jean-Drapeau. Elle les a rapatriés avec les fusions. Et la société para-municipale ne les a pas tous remplacés », nous dit Michel Parent. Le syndicat réclame que les postes soient comblés aux mêmes conditions que celles qui prévalaient.

« Comme la plage est gérée par les cols blancs, précise Michel Parent, la Ville a cherché à utiliser le conflit pour semer la zizanie entre nos deux syndicats. Ce n’est pas étonnant. Tous les employés municipaux sont en négociation avec la Ville pour le renouvellement de leurs conventions collectives. »

Pour Michel Parent, le parti-pris anti-syndical des médias ne fait aucun doute. « Après notre retour au travail, la Ville a maintenu la plage fermée en invoquant la tenue de la course Nascar. La plage a été fermée pendant la semaine la plus chaude de l’été. Les médias, si prompts soi-disant à défendre les Montréalais, ont-ils protesté? Bien sûr que non! »

Le conflit de cet été n’aura été qu’une escarmouche. Cet automne s’amorcent les négociations entre la Ville et l’ensemble de ses employés, cols bleus, cols blancs, pompiers, policiers. Déjà, l’administration municipale a déposé son cadre financier pour la masse salariale : 0% en 2007 et 2% pour les années 2008, 2009 et 2010. Attendons-nous à ce que ça rue dans les brancards.

Réjean Parent

« La délégation de la CSQ a fait adopter une résolution sur la diversité culturelle par les 353 organisations syndicales représentant plus de 30 millions d’éducateurs dans 169 pays », nous raconte avec fierté le président la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) de retour du congrès de l’Internationale de l’éducation (IE) qui s’est tenu à Berlin au mois de juillet dernier.

« La résolution, précise-t-il, demande aux organisations syndicales de faire pression sur leurs gouvernements pour qu’ils deviennent signataires de la Convention de l’Unesco sur la diversité culturelle ». À l’heure actuelle, il y a 53 pays signataires, soit à peine le quart des pays membres de l’Unesco.

L’originalité de cette Convention – dont le Québec a été l’instigateur – est qu’elle affirme formellement, pour la première fois dans l’histoire du droit international, « le droit souverain des États de conserver, d’adopter et de mettre en œuvre les politiques et mesures qu’ils jugent appropriées pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles sur leur territoire. »

Soulignons, au passage, que le congrès illustrait fort bien cette diversité au plan linguistique puisqu’il s’est tenu en cinq langues : français, anglais, allemand, espagnol et arabe.

(photo: Secretariat intersyndical des services publics. Le président de la CSQ, Réjean Parent)

La menace des PPP

Cette résolution s’inscrivait parfaitement dans un des principaux axes débattus lors de ce congrès – dont le thème était « S’unir pour une éducation de qualité et une justice sociale » - soit de réaffirmer le rôle des États face au marché.

« Nous avons dû nous opposer à une certaine ouverture aux fameux PPP (Partenariat Public Privé) de la part de membres de l’IE en provenance des pays anglo-saxons. On acceptait facilement le financement de bâtiments par le privé, l’externalisation et l’impartition de certains services. Un groupe de travail a été mis sur pied pour fouiller tout cela », de nous dire Réjean Parent.

Le rôle stratégique des éducateurs

Dans ce contexte d’opposition à la dérive néolibérale, il était tout à fait approprié que le thème majeur du congrès soit le rôle stratégique des éducateurs. « Nous sommes intervenus pour qu’on utilise le terme « éducateur » plutôt qu’enseignant de façon à inclure le personnel professionnel et de soutien », explique le président dont la Centrale regroupe ces trois catégories de personnel.

« Bien sûr, on a discuté des conditions d’exercice de la profession, de rémunération, d’équité salariale, de compétences, mais le gros dossier a été celui des vacataires », nous explique-t-il.

Vacataire !? Vacataire !? Le terme est peu utilisé au Québec, mais est bien connu en Afrique. Le vacataire est un salarié occasionnel. « On fait appel à des « enseignants volontaires » qui ne sont pas formés, pas payés et, donc, pas qualifiés. Cela remet évidemment en question la qualité de l’éducation », précise M. Parent.

Bien que la situation ne soit pas aussi criante que dans les pays du sud, la question de la rétention du personnel enseignant se pose également dans les pays industrialisés. Au Québec, on calcule qu’environ un enseignant sur cinq quitte après quelques années d’exercice de la profession. Les congressistes ont donc discuté de stratégies d’attraction.

L’Afrique et ses enfants frappée par le SIDA

La justice sociale était un des autres thèmes majeurs du congrès. Dans son allocution d’ouverture, le président de l’Internationale de l’éducation M. Thulas Nxesi a longuement insisté « le SIDA est la pandémie la plus dévastatrice de l’histoire de l’Homme et elle décime la population à travers toute l’Afrique. Et elle n’épargne pas le personnel enseignant. »

« Nos enseignantes et nos enseignants, a-t-il souligné, et leurs syndicats se sont rassemblés pour lutter contre la pandémie et la stigmatisation de la maladie, pour se soutenir les uns les autres, mais avant tout pour soutenir les millions d’enfants que le SIDA a laissés orphelins et dans le désespoir. »

Libertés syndicales

L’exercice des libertés syndicales était également à l’ordre du jour et l’IE n’a pas manqué de reproduire dans le numéro spécial de son bulletin d’information un article sur la décision de la Cour suprême du Canada réaffirmant les droits de négociation collective.

D’autre part, les congressistes ont salué le courage de leurs collègues colombiens. Selon la Commission colombienne des droits humains, 33 enseignantes et enseignants ont été tués dans ce pays l’an dernier seulement.

Unité syndicale

L’IE a emboîté le pas au mouvement de fusion des grandes organisations syndicales présentement en cours en unissant ses destinées à celles de la Confédération Syndicale Mondiale de l’Enseignement (CSME).

Cependant, ont reconnu les congressistes, une question importante subsiste. « Maintenant que nous sommes parvenus à une unité à l’échelle internationale, comment pouvons-nous promouvoir l’unité à l’échelle locale? » Une question qui se pose bien évidemment au Québec où, par exemple, le personnel enseignant des cégeps est regroupé dans trois organisations syndicales distinctes.

Que retire la CSQ de cette participation ? « Nous en sortons avec une meilleure compréhension des enjeux. Cela va nous aider à peaufiner nos stratégies, à attaquer la bête à la bonne place. Nous prenons conscience que l’agenda des réformes est établi à l’échelle internationale par des organismes comme l’OCDE. Les mêmes concepts de PPP, de décentralisation, sont présents partout avec, bien entendu, une coloration locale. Mais, même si nous en sortons avec une conscience planétaire, cela ne nous dispense pas d’agir au plan local. Bien au contraire », de conclure Réjean Parent.

Monique Côté

« Le 18 décembre 2003 au matin, nous signions notre convention collective. Le même jour, l’après-midi, le maire Gérald Tremblay demandait des modifications à la Charte de Montréal qui ont eu pour effet de déshabiller presque complètement la Ville pour remettre les pouvoirs aux 19 arrondissements », rappelle Monique Côté.

Depuis, les employés municipaux sont aux prises avec les conséquences catastrophiques de ces décisions. C’est le cas des 10 000 cols blancs représentés par le syndicat que préside Mme Côté. Le renouvellement de leur convention collective échue le 31 décembre 2006 pourrait être l’occasion de redonner aux Montréalaises et aux Montréalais une vraie ville.

(photo: SFMM. Monique Côté devant l'Hôtel de ville de Montréal, en novembre 2006)

Le maire s’est peinturé dans le coin… encore une fois

Monique Côté trouve que le maire Tremblay « s’est peinturé dans le coin » en dévoilant aux médias son cadre financier, quelques heures à peine après l’avoir présenté aux syndicats. En voulant négocier sur la place publique avec une offre d’augmentation de 0% pour 2007 et 2% pour les trois années suivantes, le maire risque de devoir marcher sur la peinture. Ce ne serait pas la première fois.

Cependant, dans le cas des cols blancs, les principaux enjeux touchent davantage les clauses normatives. C’est en écoutant la présidente du syndicat nous les expliquer qu’on se rend compte de l’état bordélique dans lequel se trouve ce qu’on continue d’appeler la ville de Montréal, mais qui, dans les faits, n’est plus une ville.

Dix-neuf petits royaumes

À l’aide d’un sondage auprès de ses membres, complété par des réunions avec ses délégués, le syndicat, affilié au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ), a identifié un certain nombre de priorités de négociations. En tête de liste, on retrouve la mobilité de la main d’œuvre.

Depuis les modifications apportées à la Charte de la Ville, les droits de gérance à ce chapitre relèvent des dix-neuf arrondissements qui agissent comme autant de fiefs moyennâgeux. Ainsi, une bibliotechnicienne à temps partiel ne peut postuler pour un emploi à temps plein dans un autre arrondissement à moins de démissionner de son emploi et de renoncer à son ancienneté.

Pour compliquer encore davantage la situation, les arrondissements se sont mis à redéfinir les titres d’emploi. Ainsi, dans l’arrondissement Ville-Marie, le poste d'inspecteur en circulation a été fusionné avec le poste d'inspecteur du domaine public pour donner un nouveau titre d'emploi: inspecteur d’arrondissement. Mais, dans un autre arrondissement, il peut porter un autre nom, avec une définition de tâche légèrement modifiée. Si bien que les 250 titres d’emploi ont été multipliés par trois pour atteindre le chiffre de 750 !

On ne sait pas si une chatte y retrouverait ses petits mais, chose certaine, les cols blancs n’y retrouvent plus de plan de carrière.

« Nous demandons non seulement de fusionner des postes pour en réduire le nombre, mais aussi que la Ville s’engage à créer un comité pour évaluer les besoins en main d’œuvre pour les années à venir de façon à ce que les gens puissent planifier leur carrière », nous dit Monique Côté.

Une majorité sont à statut précaire

Comme 6 000 des 10 000 membres du syndicat sont à statut précaire, on comprend que leur situation fasse l’objet de plusieurs demandes. « Il y a un manque flagrant d’équité. Après 15 ans de travail, leur nombre de semaines de vacances est encore déterminé par la loi des normes minimales, s’indigne la présidente des cols blancs. Il y a un nombre considérable de personnes ayant plus de 5 ans d’ancienneté et qui ne peuvent bénéficier des quatre semaines de vacances que prévoit la convention collective pour les employés permanents. »

Au cours des ans, le syndicat a fait des gains pour ses membres à statut précaire (congés de maladie, congés mobiles, échelles de traitement), mais un des objectifs de la présente négociation est de soumettre ces emplois à un plan d’évaluation et d’en faire accéder le plus grand nombre à la permanence.

« C’est actuellement très aléatoire et cela cause plein de problèmes. Par exemple, nous explique Monique, la Ville a de la difficulté à recruter des sauveteurs pour ses piscines, tout simplement parce que le salaire à 12$ de l’heure se compare très défavorablement au 16$ que le gouvernement du Québec accorde aux sauveteurs de la piscine olympique. »

« Cette évaluation est incontournable, juge-t-elle, parce la loi sur l’équité salariale va obliger à réévaluer les emplois à prédominance féminine. Ce sera facile, après cela, pour des employés de se présenter devant les tribunaux en plaidant qu’ils sont victimes de discrimination, d’iniquité. »

L’autre priorité syndicale, c’est la conciliation travail-famille. « On demande, donne-t-elle en exemple, la possibilité d’horaires flexibles comme cela se fait dans plusieurs entreprises. Présentement, c’est laissé au bon vouloir de l’arrondissement. C’est appliqué dans certains, mais pas dans d’autres arrondissements. On demande également de pouvoir se constituer une banque de congés pouvant être utilisés pour prolonger un congé parental ou encore pour s’occuper d’un parent malade. »

Les arrondissements doivent s’engager à respecter l’entente

Aux dires de la présidente Monique Côté, les négociations progressent à un rythme intéressant. Mais la question fondamentale est de savoir si un éventuel règlement avec l’administration du maire Tremblay lierait les arrondissements.

Monique Côté se souvient trop bien de la journée du 18 décembre 2003 au cours de laquelle le maire a ni plus ni moins défait l’après midi, en demandant au gouvernement québécois des modifications à la Charte de la Ville de Montréal, le règlement intervenu le matin avec les organisations syndicales.

« Nous ne signerons rien sans que les arrondissements s’engagent à respecter la convention collective », jure-t-elle. Et les choses ne s’annoncent pas faciles. Déjà, l’arrondissement Hochelaga-Maisonneuve a interpellé le Tribunal du travail en plaidant que des objets de négociation présentement discutés à la table centrale relèvent du pouvoir des arrondissements. « Selon la Charte, reconnaît Monique Côté, c’est clair que les conditions salariales relèvent de la table centrale, mais il y a 19 autres points qui sont de la juridiction des arrondissements. »

Dans les conditions actuelles, on ne voit pas très bien comment ces négociations pourront se conclure sans déboucher sur une crise majeure. Mais, peut-être justement, faut-il une telle crise pour faire prendre conscience aux Montréalais de l’état de leur ville. Y a-t-il un maire à Montréal? La vraie question est plutôt : Montréal est-elle encore une ville !?

Ronald Cameron

« Il faut aller vers la gratuité. C’est le même message que les chefs des trois grandes centrales syndicales, Claudette Carbonneau de la CSN, Henri Massé de la FTQ et Réjean Parent de la CSQ ont exprimé publiquement lors du Forum social québécois à la fin du mois d’août », précise Ronald Cameron.

« Il faut se remettre sérieusement en chantier là-dessus. Il y a tout un débat à faire sur le financement de l’enseignement supérieur. Un débat qui doit faire une place intelligible à la gratuité scolaire », affirme-t-il. « D’ailleurs, s’empresse-t-il d’ajouter, il faudrait tenir compte des cégeps quant on parle de l’enseignement supérieur. C’est 40% du budget. »

(Sur la photo: Ronald Cameron, le président de la FNEEQ-CSN)

Quand la droite scande : « Faisons payer les riches ! »

Ronald Cameron pense que « le fond de la question se trouve dans le sens à donner à l’accessibilité » et il nous renvoie au statut de l’enseignement supérieur dans notre société. Il rappelle que, depuis les années 1960, « l’éducation a été comprise comme un droit social, comme un bien public, commun et partagé collectivement ».

« C’est pourquoi, rappelle-t-il, l’accès démocratique aux études est, en très grande partie, assumé par l’État à travers la fiscalité générale. »

Le président de la FNEEQ démolit l’un après l’autre les arguments des partisans du dégel des frais de scolarité. « Je trouve pour le moins curieux – et suspect ! – que, tout à coup, la droite se mette à scander : Faisons payer les riches ! On sait très bien que ce sont les plus pauvres qui seront touchés. »

« Par crainte de trop s’endetter, les élèves venant de milieux moins bien nantis privilégieront des formations courtes ou des études par intermittence », dit-il en montrant les conséquences sociales d’une hausse des frais de scolarité.

La FNEEQ en a contre cette approche néolibérale qui considère l’éducation comme un produit et non comme un droit et qui applique la logique de l’utilisateur-payeur. « L’équité, affirme son président, passe par une fiscalité plus juste et non par les droits de scolarité qui sont une mesure régressive » en faisant remarquer que de 1988 à 1998, le nombre de paliers d’imposition est passé de seize à trois.

« Il y a une limite, dit-il, à voir l’éducation supérieure comme un investissement personnel. » Dans le même souffle, il vilipende la hausse prévue des plafonds de contributions au régime d’épargne étude qui ajoute une subvention gouvernementale de 20% à la contribution des individus. « Il a été prouvé que ceux qui profitent d’une telle aide sont ceux qui peuvent le plus épargner ! »

Ronald Cameron prend un malin plaisir à retourner comme une crêpe les arguments de la droite. « On parle beaucoup de la solidarité intergénérationnelle et j’en suis. Notre génération a profité de bas niveaux de frais de scolarité. C’était basé sur une philosophie sociale de promotion collective fondée sur le principe de la justice distributive. »

« Pourquoi aujourd’hui les jeunes devraient-il s’endetter ? », demande-t-il en attirant l’attention sur le fait que le régime des prêts bourses est beaucoup plus « généreux » en prêts qu’en bourses. « Quelle sera la perspective d’avenir d’un jeune couple avec 75 000 $ de dettes ? Les dettes personnelles deviennent un fardeau collectif. »

La solution est ailleurs

Ronald étale les chiffres. Les frais de scolarité ne représentent que de 10 à 15% du budget global des universités. « Il est vrai, reconnaît-il, que les maisons d’enseignement sont sous-financés. Mais la solution réside ailleurs que dans la hausse des frais de scolarité. Il faut chercher d’autres avenues », lance-t-il en soulignant que les universités suédoises et danoises ont inscrit la gratuité scolaire dans un projet social qui fonctionne. « En plus, les étudiants bénéficient de subventions aux logements et d’allocations garanties ».

« Nous vivons dans une société du savoir, se plait-on à nous rappeler. En 2004, au Canada, 70% des emplois exigeaient des études post secondaires. Dans ce contexte, les études universitaires ne doivent plus être considérées comme un luxe réservé à une petite élite. Nous devons donc nous assurer collectivement que les choix de chacun dépendent le moins possible de leur capacité de payer et le plus possible de leur contribution présente et future à une société plus juste et plus équitable », conclut-il

Prêts à appuyer le mouvement étudiant

Ronald Cameron et la FNEEQ suivent avec attention les manœuvres du gouvernement Charest à l’égard du mouvement étudiant. Ronald croit que les annonces de la ministre Courchesne à propos de l’encadrement nécessaire des frais afférents ne sont qu’une tentative pour essayer de calmer le jeu face à la mobilisation étudiante contre le dégel des frais de scolarité.

Sa maigre majoration de 31 millions des prêts et bourses, puisée à même des hausses des frais de scolarité qui rapporteront 30 millions de dollars est de la même eau.

« Nous sommes devant un gouvernement en sursis », lance-t-il. Un gouvernement qui utilise l’argent du fédéral pour baisser les impôts plutôt que de les investir en éducation où les besoins sont criants. »

Dans le cas d’une grève étudiante, quel sera le mot d’ordre de la FNEEQ à ses membres ? « Les dispositions répressives de la Loi 142 nous empêchent carrément d’agir. Mais on ne demande pas à nos profs de jouer aux missionnaires. S’il n’y a pas d’élèves dans la classe, le prof n’a pas à sanctionner les étudiants. Il ne faudrait quand même pas alourdir le problème de la réussite », lance-t-il sourire en coin.

Jean-Claude Drapeau

« Nous nous repositionnons sur nos propres bases, avec les valeurs qui sont les nôtres depuis notre création il y a 20 ans, c’est-à-dire l’autonomie et l’indépendance », nous déclare d’entrée de jeu Jean-Claude Drapeau, rencontré dans les bureaux de la Fédération autonome du collégial (FAC) sur la rue Berri à Montréal.

Prof d’éducation physique, coureur de fond – il vient de participer à deux marathons et se prépare pour un troisième – , le président de la FAC reconnaît que la dernière année a été difficile pour ce syndicat d’enseignantes et d’enseignants de cégep.

La FAC est sortie plutôt amochée par le décret imposé par le gouvernement Charest au secteur public en décembre 2005. À cause d’une égalité de 8 syndicats pour/8 syndicats contre, la FAC n’a pas ratifié l’entente de principe entérinée – le fusil sur la tempe, il est vrai – par les deux autres syndicats de profs de cégep, soit la FNEEQ-CSN et la FEC-CSQ.

« À cause de cela, nous avons été privé du bonbon donné en prime par le gouvernement aux deux autres syndicats », explique Jean-Claude en faisant référence à une vieille dette, datant du Sommet du Déficit zéro sous Lucien Bouchard, dont la récurrence va s’estomper par la modification d’entrée en vigueur des augmentations salariales annuelles.

« Concrètement, précise-t-il, si rien ne change, cela signifie que nous ne toucherons l’augmentation de salaire prévue pour 2009 que le 1er décembre, plutôt que le 1er juin comme ce sera le cas pour les profs de la FNEEQ et de la FEC. »

Mais la FAC a mis le pied dans la porte qui s’est entrouverte lorsque le gouvernement a accepté de revoir les conditions du décret avec la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN pour une mise à parité avec les autres syndicats. « Nous avons été en exploration avec le gouvernement au printemps dernier et il y a une ouverture. Nous allons consulter nos membres cet automne pour obtenir un mandat de négociation », affirme le président de la FAC.

Entente entre les trois fédérations sur la profession enseignante

Bien que la FAC soit née d’une scission de la FNEEQ-CSN et que ses tentatives de rapprochement avec la FEC-CSQ l’an dernier aient échoué – nous y reviendrons – cela n’empêche pas les trois syndicats de collaborer sur certains dossiers. Un de ceux-là découle de l’entente de principe intervenue avec le gouvernement et porte sur la définition de la profession enseignante.

« Nous sommes à finaliser un texte commun aux trois fédérations et j’ai confiance que nous pourrons déposer un rapport conjoint pour la date d’échéance du 1er mars 2008 », nous dit Jean-Claude qui y voit une base intéressante pour revendiquer davantage de ressources pour les cégeps.

« C’est important parce qu’il y a un virage important à prendre. On célébrera l’an prochain le 40e anniversaire des cégeps. Si l’on considère qu’une carrière d’enseignant dure 35 ans, il est clair que nous sommes en plein cœur d’une phase de mutation dans les rangs professionnels », nous invite-t-il à réaliser.

Une mutation qui se superpose à d’autres mutations. Celles du déclin démographique de certaines régions, d’une part, et de l’ouverture à la mondialisation d’autre part.

« D’importants problèmes se posent pour certains programmes dans des cégeps. Il y a pénurie de profs, parce que les profs d’expérience partis à la retraite ne sont pas remplacés. Mais il y a aussi pénurie d’effectifs étudiants », constate Jean-Claude.

Une solution serait la formation à distance que les cégeps expérimentent, mais le président de la FAC craint que des entreprises actives au plan international cherchent à court-circuiter notre système d’éducation pour offrir ces formations à distance. La FAC a d’ailleurs parrainé un atelier sur la question au dernier Forum social québécois.

L’accessibilité passe par la gratuité scolaire

 Quand on l’interroge sur l’attitude de la FAC face à une éventuelle grève étudiante, Jean-Claude Drapeau n’hésite pas un seul instant à réaffirmer l’appui de son syndicat au principe de la gratuité scolaire.

« Nous allons dans la mauvaise direction avec la hausse des frais de scolarité et des frais afférents. Nous proclamons que l’éducation est le moteur du développement de la société, nous constatons que les savoirs sont de plus en plus complexes, mais nous n’en tirons pas les conséquences. Pourtant, c’est la démocratisation de l’éducation qui a fait du Québec ce qu’il est aujourd’hui. Pour nous à la FAC, il est clair que l’accessibilité passe par la gratuité. Nous avons d’ailleurs donné notre appui à l’ASSÉ sur cette revendication. »

Comment cet appui s’exprimera-t-il ? « Nous allons voir, nous dit Jean-Claude. Mais il faut se rendre compte que le décret nous menotte en nous interdisant toute action concertée. C’est là qu’on voit que le décret ne visait pas que les intérêts soi-disant « corporatistes » des organisations syndicales. »

La FAC suit avec intérêt le développement du SISP

Tout ce contexte pousse la FAC à s’interroger sur l’avenir du mouvement syndical québécois et à sa propre place dans ce mouvement. « Nous avons mis fin à notre rapprochement avec la FEC parce que le lien avec la CSQ nous posait problème. Nous questionnons la pertinence de l’appartenance à une centrale », de reconnaître Jean-Claude en rappelant les vingt années d’autonomie et d’indépendance de sa fédération.

Cependant, comme tout véritable syndicaliste, il sait que le principe de base du syndicalisme demeure « l’union fait la force ». Mais cette unité syndicales peut prendre plusieurs formes. Il reconnaît suivre avec intérêt le développement du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP), qui regroupe 350 000 membres, soit de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) et de l’Association du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

« Ce sera une année charnière pour le SISP », déclare-t-il en référence à la forme organisationnelle que prendra le regroupement.

Pour Jean-Claude Drapeau, il est clair que le monde syndical n’échappe pas à la mutation en cours des institutions de la Révolution tranquille. « Il y a mutation du monde du travail qui s’accompagne d’un changement de la garde », souligne-t-il. Pour favoriser le rapprochement organisationnel et aller même au-delà de ce rapprochement, « il faut, selon lui, se donner des causes communes et des actions militantes communes; il faut des leaders syndicaux capables de composer avec l’ensemble dans le respect mutuel, capables de proposer des points de ralliement ».

« Cependant, lance-t-il, le mouvement syndical porte son propre cancer. Chaque période de négociation est précédée d’une période de maraudage. Cela nous affaiblit considérablement ».

Quelle forme prendra l’unité syndicale au Québec ? Contrairement aux États-Unis où l’unité organisationnelle du mouvement syndical est un thème récurrent, le Québec s’est très bien accommodé d’une grande diversité d’allégeances syndicales, particulièrement dans le secteur public, parce que l’unité est en quelque sorte imposée d’en haut par le gouvernement à travers la table centrale de négociations.

Une unité plus souple, plus respectueuse des caractéristiques propres à chaque organisation est-elle possible? Jusqu’à maintenant, nos organisations syndicales ont été créées et se sont développées en grande partie sur le modèle du syndicalisme industriel classique. Peut-être qu’à l’âge des nouvelles technologies, d’autres modèles organisationnelles sont à inventorier ?

« Chose certaine, nous assure Jean-Claude Drapeau, la FAC est désireuse de continuer à pratiquer le syndicalisme de proximité qui la caractérise ». Quant à la forme des liens que la FAC tissera avec les autres organisations, on sent qu’il n’y aura pas de précipitation. Rappelons que son président est un coureur de fond.

Michel Crevier

Michel Crevier, le président de l’Association des Pompiers de Montréal, excuse son retard à notre entrevue : « Il y a eu un bris d’une conduite d’eau majeure qui dessert l’est de Montréal. Je devais analyser la situation pour voir comment cela pourrait affecter notre travail ».

Il n’y a pas que la désuétude du réseau d’aqueduc qui inquiète les pompiers de Montréal. « On manque d’effectifs, de casernes et de camions et on est en pleine renégociation de notre convention collective », résume Michel Crevier en précisant bien qu’il ne faut pas mélanger ces deux dossiers.

Les primes d’assurance 50% plus élevés à Montréal qu’à Toronto

« Il manque au moins 500 pompiers,12 casernes et 13 nouveaux véhicules sur l’île de Montréal. Quand je suis entré dans le métier en 1978, se rappelle Michel Crevier, nous étions 2400 pompiers pour le territoire de la Ville de Montréal. Aujourd’hui, il n’en reste que 1500 sur le territoire de la Ville et 2300 en tout pour l’ensemble de l’île. »

Ces chiffres, le président de l’Association des pompiers ne les invente pas. Ils sont tirés d’une étude réalisée conjointement avec le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) pour préparer le Schéma de couverture de risques de Montréal. La métropole est la dernière des grandes villes québécoises à devoir présenter son schéma.

« Bien sûr, des progrès technologiques ont été accomplis depuis 1978, mais il n’en demeure pas moins que nous manquons d’effectifs et d’équipements au point où les primes d’assurances sont de 50% plus élevés à Montréal qu’à Toronto », de nous dire Michel Crevier.

Les lacunes se trouvent principalement dans l’est et l’ouest de l’île. « Avec les fusions municipales, nous avons vidé les casernes de la ville de Montréal pour combler les besoins criants des nouvelles municipalités. À certains endroits, les pompiers étaient sur appel. Il n’y avait souvent qu’un seul pompier dans la caserne. »

Tout se joue dans les premières minutes

Pour combler ces besoins, la facture va être salée, Mais l’association des pompiers pense que la sécurité de la population est en jeu. Un événement tragique survenu cet été leur donne raison.

Appelés sur les lieux d’un incendie rue Gonthier dans l’est de la ville, les pompiers ne sont pas arrivés dans les délais prévus avec le nombre suffisant de pompiers tels que définis selon les normes établies. « Tout se joue dans les premières minutes , soutient Michel Crevier. Il faut y être vite et en gang en dedans de cinq minutes. »

Pourquoi ce retard à l’incendie de la rue Gonthier ? Parce que la caserne 40 située à 1,2 km du lieu de l’incendie avait été fermée, le temps que l’exterminateur la débarrasse des rats qui l’avaient investie, et que les camions avaient été relocalisés dans des casernes situées à 2,5 km et 3,2 km du lieu du sinistre.

« On avait pourtant demandé à l’administration municipale de louer une roulotte et la stationner à côté de la caserne 40. Mais personne, semble-t-il, n’était capable de trouver une roulotte », déplore Michel Crevier. Rappelons que cet incendie a fait une victime, Jonathan Guilbault, âgé de 27 ans.

Un climat politique inquiétant

L’autre important dossier, c’est celui du renouvellement de la convention collective. Michel Crevier est bien conscient du climat politique actuel. « On a vu le Parti libéral et l’ADQ intervenir pour menacer d’une loi spéciale les employés d’entretien du métro, alors que les services essentiels étaient assurés et que rien ne troublait la paix publique. »

Il a aussi pris note du récent jugement de la Cour supérieure condamnant le syndicat des cols bleus à une amende de 885 875 $ pour une manifestation à Montréal suite à un recours collectif. « Cela même si le juge a reconnu qu’il n’y avait pas eu de mot d’ordre du syndicat », ajoute un Michel Crevier qui déplore le climat qui est en train de s’installer.

Même si les négociations sont engagées, le syndicat n’a pas déposé de cahier de demandes. « On est bien conscient que tous les syndicats de la ville sont en négociation. Les cols blancs, les cols bleus, les policiers, etc. On ne veut pas donner la chance au maire Tremblay de se présenter devant les caméras Durant les mois d'août et septembre, Pierre Dubuc s'est entretenu avec plusieurs leaders syndicaux afin de recueillir leurs points de vue et réflexions. Ces entretiens ont été regroupés ici en un seul et même dossier.