La piasse à Harper bientôt à 1,20 $ US ?

2007/11/07 | Par Daniel Hamelin

À voir le huard continuer de s'élever comme il le fait depuis quelque temps, les indépendantistes devraient se préparer à bientôt remettre aux fédéralistes le fameux coup de la « piasse à Lévesque » que ceux-ci leur ont asséné pendant la campagne référendaire de 1980, mais à l'envers, cette fois!

La piasse à Lévesque à 60 cents

Vous vous souvenez de la menace d'un dollar à 60 cents aux lendemains de la victoire du Oui, vous vous souvenez? C'eût été, selon eux, une véritable catastrophe pour l'économie.

Mais voilà, l'économie du Québec étant tournée vers l'exportation, la suite des choses a prouvé tout à fait le contraire, comme le prouvent aussi aujourd'hui les lamentations de plus en plus nombreuses des manufacturiers de l'Est du Canada, durement éprouvés par la hausse fulgurante du dollar canadien face au dollar américain et le désintérêt concomitant des marchés étrangers envers leurs produits.

On n'ose imaginer quels seraient les ravages si le dollar canadien poursuivait son envolée et atteignait, par exemple, 1,20 $ américain!

Augmentation de 73% des salaires canadiens

L'homme d'affaires bien connu Stephen Jarislowsky vient justement de signaler que « les salaires canadiens, en comparaison avec les salaires américains... se sont accrus de 73 % en 4 ans. » Ça commence à bien faire!

(Il y aurait long à dire sur le soi-disant manque de compétitivité et de productivité de l'économie québécoise dans un pareil contexte!)

Les répercussions économiques (et notamment monétaires) de l'indépendance font partie depuis toujours de l'arsenal de peur des fédéralistes.

Elles leur avaient été très utiles jusqu'ici, il faut en convenir, mais la situation pourrait bien être en train de s'inverser et de leur échapper complètement; il se pourrait que la majorité des Québécois commencent à constater de manière bien concrète que leur appartenance au Canada leur coûte cher, même très cher, de plus en plus cher.

L’Alberta engrange, le Québec casque

La hausse vertigineuse de la valeur du dollar canadien, on le sait, s'explique essentiellement par la remontée du prix du baril de pétrole brut.

Or, cette hausse nuit considérablement à la compétitivité du reste de l'économie canadienne, et notamment de l'économie québécoise.

Pendant que l'Alberta engrange des revenus et des profits de plus en plus faramineux, des pans entiers de l'économie du Québec perdent de leur compétitivité et n'arrivent plus à être rentables.

On apprend presque à tous les jours que de nos usines ferment. Jusqu'où les Québécois accepteront-ils de se plier devant cette hausse du dollar canadien pour réagir?

Où est le fédéralisme rentable ?

Messieurs et Mesdames, les fédéralistes, pourriez-vous nous dire à partir de quel moment le fédéralisme cesse d'être rentable?

Vous vouliez vous battre sur le terrain économique et vous agitez depuis toujours l'épouvantail des conséquences économiques de l'indépendance, mais tenez-vous sur vos gardes, car l'évolution de la situation du dollar canadien semble se retourner contre vous, et les conséquences économiques du maintien du Québec dans la fédération canadienne, devenir un argument essentiel du camp indépendantiste!

La situation deviendra d'autant plus inconfortable que le prix du baril de pétrole brut devrait encore monter, en raison de la baisse appréhendée des inventaires américains.

Comme si cela ne suffisait pas, la Réserve fédérale américaine tend à baisser ses taux directeurs afin de relancer la consommation américaine, qui n'en finit plus de stagner, alors que la Banque du Canada tend à faire le contraire pour enrayer la surchauffe de l'économie albertaine, ce qui alimente la spirale de spéculation sur le dollar canadien.

Non vraiment, les fédéralistes pourraient bien être pris à leur propre jeu et feraient bien d'apprendre à se défendre, non plus contre des arguments économiques, mais contre des faits économiques.

Et les faits, c'est bien connu, sont têtus.