Y'a-t-il un avenir pour les régions?

2007/11/14 | Par Alain Dion

Nouvelles brèves d'un père en congé parental du cégep de Rimouski.

Bon temps au bout du rang. Le temps d’écrire. Le temps de décrire aussi pour Françoise et Jules qui ne savent pas encore lire et qui compte sur nous pour mieux comprendre. Parfois. Le temps magique de saisir un geste nouveau du bébé. Le temps d'apprendre à réapprendre au bout du rang du bon temps.

Malgré la grisaille qui s'installe et les réminiscences d’octobre (si octobre ne vacillait pas dans la mémoire de l'humanité, la révolution ne serait plus utopie). Le temps de lire, de regarder, d’entendre. Le temps d’habiter l’espace, la maison, le paysage. Le sage pays.

Occuper ce territoire contre vents et marées. Enfoncer profondément nos racines afin de pourfendre les détracteurs des régions, les Alain Dubuc et autre Marie-France Bazzo de ce (petit) monde.

Pour une pleine occupation du territoire

Voilà une lecture qui saura assurément vous intéresser. Y a-t-il un avenir pour les régions ? Telle est la question que soulève d'entrée de jeu le dernier livre de Roméo Bouchard, cet activiste bien connu dans le Bas-St-Laurent, fondateur de l’Union Paysanne et ardent défenseur de la diversité régionale.

Dans cet essai, Roméo Bouchard dresse un portrait fort bien documenté de la situation de l’ensemble des régions du Québec et propose des alternatives au développement actuel qui devrait captiver toutes celles et tous ceux qui ont à coeur le développement régional.

Traçant d’abord un bref survol historique de l’occupation du territoire, Bouchard illustre ensuite très clairement l’échec des dernières initiatives de développement régional trop calquées selon lui sur les modèles centralisateur et industriel urbain.

Il propose enfin une redéfinition de la relation entre les régions et les grands centres, prônant une véritable décentralisation des pouvoirs (et l’argent!) vers les régions qui auraient ainsi tous les outils pour mettre en valeur leurs différentes spécificités et définitivement prendre en main leur destiné.

Sage, Bouchard rappelle néanmoins l’importance de définir un cadre national assurant une cohésion politique et sociale.

La contribution des cégeps aux régions

Cet ouvrage s’avère fort enrichissant pour notre réalité collégiale. Roméo Bouchard y souligne d’ailleurs toute la contribution du réseau des cégeps au développement des régions.

Fruits d’une véritable volonté de démocratisation de l’Éducation au milieu des années 60, les cégeps s’offrent comme des exemples forts pertinents de la réussite d’une décentralisation encadrée par des mécanismes et des objectifs nationaux assurant la cohésion, la similarité des moyens et la qualité de la formation.

Au cours des quarante dernières années, la présence d’institutions d’enseignement supérieur sur l’ensemble du territoire a permis aux régions de développer des expertises particulières tout en offrant aux jeunes de toutes conditions un enseignement reconnu autant par les université que par le milieu de l’emploi et ce, partout au Québec.

Malheureusement, aujourd’hui cette volonté semble s’être égarée dans les méandres du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.

Pour les libéraux, les cégeps constituent une erreur historique

Pour les libéraux de Jean Charest et certains hauts fonctionnaires de Québec, les cégeps de région constituent une erreur historique qu’ils s’appliquent perfidement à corriger en multipliant les embûches administratives et financières, appliquant ainsi une approche qui accélère l’exode des jeunes et provoque une recentralisation vers les grands centres.

Comme nous menons (menions?) depuis un bon bout de temps dans le réseau collégial une lutte importante pour le maintien et même le développement durable (pour employer un mot à la mode) des cégeps en région, le livre de Bouchard vient une fois de plus nourrir notre argumentaire.

Y a-t-il un avenir pour les régions ? Pour Roméo Bouchard, la réponse est incontestablement oui. Et Bouchard va plus loin. S’il n’y a pas d’avenir pour les régions, il n’y a pas d’avenir pour le Québec. C’est tout simple!

Et je suis pleinement d’accord avec ce constat. On pourrait facilement paraphraser Bouchard en affirmant que s’il n’y a pas d’avenir pour les cégeps en région, il n’y a tout simplement pas d’avenir pour les régions.

À lire absolument. Un ouvrage intelligent qui pourrait permettre à la fois de définir un projet concerté de l’ensemble des ruraux et d’influencer l’avenir politique québécois.

Y a-t-il un avenir pour les régions?, Roméo Bouchard, Les Éditions Écosociété, Montréal 2006

UN PEU DU SOLEIL DES ENFANTS

Les enfants sont des énigmes lumineuses.
Daniel Pennac


Bon, je l’avoue, le livre À hauteur d’enfants d’Olivier Föllmi est une proposition un peu sentimentale.

Le papa en moi a été touché par la beauté de ce petit livre où se côtoient des photographies d’enfants de l’Inde, du Mexique, de l’Argentine ou de l’Éthiopie qui rayonnent au-delà des conditions difficiles dans lesquelles elles et ils vivent. Föllmi associe également à ces images de courts textes d’écrivaines et d’écrivains remarquables qui, à l’aide de quelques phrases bien ciselées, traduisent à la fois la fraîcheur, mais aussi la fragilité de l’enfance.

De Marguerite Duras à Jacques Prévert, de Daniel Pennac à Saint-Exupéry, de Pablo Neruda à Peter Hanke, les mots tissent peu à peu une trame sensible, harmonieusement assemblée à des images qui nous replongent au cœur de l’espoir.

À (s’)offrir pour la tendresse des regards, pour la chaleur des mots, pour la lumière de l’enfance. Pour la vie. Un petit livre pour réchauffer novembre.

À hauteur d’enfants d’Olivier Föllmi, Éditions de la Martinière, Paris 2007