Boycott du « Grand Rendez-vous » de la CSST

2007/11/22 | Par Richard Goyette

Avec seulement 13% de la main-d’œuvre totale qui bénéficie de la couverture de la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST), avec, année après année, une augmentation des décès occasionnés par le travail, avec les travaux des comités visant à faire évoluer la réglementation qui se retrouvent paralysés par la partie patronale, avec la multiplication des moyens pour éluder l’application des lois, telles les mutuelles de prévention et l’assignation temporaire, la FTQ-Construction a pris la décision de ne pas participer au «Grand Rendez-vous santé et sécurité du travail» qui se tiendra les 21 et 22 novembre prochains à Montréal.

Pourquoi participer à un salon dont les préoccupations essentielles reposent sur la promotion des moyens de protection individuels et le commerce de la santé et de la sécurité?

En participant à cet événement, ne recule-t-on pas de 30 ans soit, avant même l’avènement de la Loi sur la santé et la sécurité du travail?

Ne vient-on pas cautionner un régime tronqué de ses principaux éléments? Ne vient-on pas admettre que la prise en charge du milieu de travail par les principaux intéressés n’est pas la solution?

Ne se rend-t-on pas complices de manières de faire qui tuent, blessent et mutilent?

L’intention à l’origine de la LSST est détournée

Aurait-on oublié que notre régime juridique prévoit expressément que l’atteinte d’objectifs en santé et sécurité du travail repose sur «l’élimination du danger à la source» et que «la mise à la disposition des travailleurs de moyens et d’équipements de protection individuels ou collectifs (…) ne doit diminuer en rien les efforts requis pour éliminer à la source les dangers pour leur santé, leur sécurité et leur intégrité physique»?

Or, en faisant du «Grand Rendez-vous» le seul événement d’envergure en santé et sécurité du travail, on démontre encore une fois que la FTQ-Construction a raison lorsqu’elle dénonce qu’un régime sans cœur et sans âme gère, administre et régente la santé et sécurité (SST) au Québec.

En axant les interventions en SST sur des «bébelles», aussi sophistiquées et utiles soient-elles, on oublie que nos milieux de travail doivent d’abord être sains et sécuritaires.

On oublie, par promotion qui en est faite, que le port d’un équipement ou l’utilisation d’un moyen de protection individuel ou collectif est un révélateur de danger et non une solution visant à l’éliminer.

Voilà qui explique bien des choses. On comprend mieux pourquoi le nombre de décès se maintient à un taux record dans le monde du travail en général et, plus particulièrement, dans l’industrie de la construction.

Mourir des suites d’un d’accident ou d’une maladie professionnelle, cela n’y change rien : mourir, c’est mourir.

Avec 4% de la main-d’œuvre, la construction continue pourtant de répondre pour 20% des décès. Quand cela cessera-t-il?

La FTQ-Construction se dissocie de cette mascarade éhontée

La FTQ-Construction ne participe pas à l’événement du «Grand Rendez-vous» tout simplement parce que nous en avons ras le bol de ce discours mensonger et hypocrite prônant qu’au Québec on se soucie de la santé et de la sécurité au travail, alors que dans la réalité, tel n’est pas le cas.

Complicité, duplicité, aveuglement volontaire, absence de volonté politique; voilà autant de raisons pour démissionner de ses responsabilités et encourager un laisser-aller qui a pour conséquence de tuer plus de 200 travailleurs et travailleuses à chaque année au Québec.

Mais la FTQ-Construction ne renonce, ni n’abandonne la lutte.

Cesser le carnage une fois pour toutes

Il y a pourtant un moyen d’en finir avec cette triste réalité et elle repose entre les mains du ministre du Travail.

La Loi sur la santé et la sécurité du travail prévoit que l’on doit mettre des moyens à la disposition des milieux de travail, afin d’organiser la santé et la sécurité du travail sur les lieux mêmes.

Ces moyens, prévus dans la Loi, tel que le comité de chantier et le représentant à la prévention pour la construction, n’attendent que les «bons vœux» du gouvernement du Québec pour être mis en vigueur. Il en a le pouvoir exclusif.

Ce n’est donc pas au conseil d’administration de la CSST d’agir ici, mais bien au gouvernement, et ceux qui ont affirmé ou affirment encore à ce jour le contraire, tout ministre qu’il soit, prêche par ignorance, incompétence et lâcheté.

En attendant qu’un jour quelqu’un se sente habité par un peu de courage et intervienne pour sauver des vies, la FTQ-Construction continue de croire que l’action syndicale demeure l’arme légitime et efficace entre les mains des travailleurs et des travailleuses pour modifier la réalité et accéder à des milieux de travail qui les respectent.

C’est pourquoi, à la FTQ-Construction, nous demeurons «Encore et toujours dans l’action!»

Le directeur général adjoint
Richard Goyette