La ville dont le maire est une tare

2007/11/25 | Par Pierre Demers

Jean Tremblay, le maire de ville Saguenay (fusion de Jonquière/ La Baie/ Chicoutimi) depuis 2001, auparavant maire de Chicoutimi de 1997 à 2000, n’est pas un élu municipal comme les autres. Il soigne son image et profite des avantages de son poste. En fait, il ne fait que ça.

Depuis bientôt dix ans, il règne en toute candeur (confiance excessive dit le dictionnaire) sur une ville amochée par les fermetures d’usines, la défiguration du paysage urbain, la pollution sous toutes ses formes, la pauvreté du transport en commun et l’absence flagrante de vision d’ensemble du développement de cette nouvelle ville fusionnée de force lors d’une campagne de propagande menée par lui-même en 2001.

C’est un champion de la démocratie non participative fondée sur l’idée que les élus au pouvoir peuvent tout se permettre jusqu’aux prochaines élections.

Un maire qui gère sa ville comme une société à numéros

Son programme se résume à quelques slogans creux qui lui servent de cartes de visite partout où il passe.

Il jure à chaque élection de ne pas augmenter les taxes. Toutefois, après quelques années de budgets serrés, il décide l’an dernier de taxer les entreprises et les commerces de 20% provoquant ainsi des contestations juridiques de plusieurs millions parmi les commerces et les industries dont la compagnie Alcan.

Il ne répond à ses contestations que par la bouche des avocats de la ville. En fait, le maire et son administration gèrent son royaume comme une société à numéros en ne rendant de comptes à personne.

Les poursuites devant les tribunaux ne cessent de se bousculer et le bon maire ne sait plus où donner de la tête pour justifier son incurie et ses décisions douteuses.

Malheureusement, ce n’est pas ce côté obscur et arbitraire de sa personnalité qui déborde de la région du Saguenay.

Un maire amuseur public

C’est plutôt son profil d’amuseur public ou de clown que retiennent les médias d’information et de divertissement montréalais.

Par les temps qui courent, c’est l’animateur parasite d’Infoman à la SRC qui s’amuse aux dépens des émissions éducatives du maire Tremblay diffusées depuis des années par la télévision communautaire de Chicoutimi.

Lesquelles émissions servent bien la réputation et les fins politiques du maire en campagne électorale et lors des débats plus corsés sur ses décisions unilatérales.

Un maire et son équipe

Il compte sur une enveloppe discrétionnaire de 100 000$ par année qu’il utilise depuis dix ans (faites le calcul) pour distribuer à droite et à gauche des faveurs à ses citoyens d’abord (son slogan politique) qui l’accompagnent et ne jurent que par son administration infaillible.

Il est entouré de 19 conseillers municipaux qui partagent en grande partie sa vision de la démocratie municipale fondée sur la foi au maire populaire.

Ceux-ci sont pour la plupart des nouveaux retraités, des ex-fonctionnaires municipaux ou des petits commerçants qui s’exercent au jeu d’influences avec eux aussi leur enveloppe discrétionnaire de 50 000$ par année pour faire, à une plus petite échelle, la même chose que leur modèle à la table du conseil.

Pour les tenir en laisse, il leur distribue présidences de comités, d’arrondissements et autres voyages particuliers outre frontière.

Dans toutes les crises d’importance, il est toujours le premier et le dernier à prendre la parole devant les journalistes pour émettre la vraie version des faits.

Un maire et son Dieu

Le maire ne cache pas sa foi catholique. Il admet depuis toujours consulter Dieu, son grand boss, dans toutes ses décisions importantes.

Bien avant son intervention à la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables où il a présenté un mémoire rédigé par un de ses amis prof de catéchèse – rémunéré 10 000$ pour ce service – il avait déjà posé quelques gestes de politicien croyant convaincu.

Entre autres, en accueillant officiellement à l’hôtel de ville de Saguenay les responsables de la radio catholique Galilée de Québec en mission régionale pour implanter une antenne émettrice au Saguenay.

D’ailleurs le maire Tremblay intervient régulièrement sur ces ondes religieuses lors de ses séjours fréquents à Québec où il possède un condo pour y rejoindre ses deux enfants, étudiants à l’Université Laval.

Un maire voyageur

Quand il n’ amuse pas la galerie et les médias de tout le Québec, le bon maire Tremblay parcourt le monde depuis quelques années (lui qui contestait le bien-fondé des voyages des politiciens) et revient avec des leçons plus ou moins pertinentes qu’il utilise dans ses émissions de télé et lors de ses nombreuses conférences de presse.

De retour de Chine avec le recteur de l’UQAC, il constate que «la Chine n’a rien inventé et que les Chinois sont justes bons pour nous copier (sic)»…

Un maire et sa vision

De l’intérieur, ce maire de Chicoutimi, amuseur public, finit par inspirer une forme de pitié tant sa vision de la démocratie municipale atteint des profondeurs inédites.

Les électeurs qui le suivent depuis toujours ne retiennent de ses décisions que son style coloré et son régionalisme chauvin.

Il dénonce régulièrement Montréal comme la responsable de tous les maux des villes périphériques comme la sienne. Mais il passe sa vie à intervenir sur les ondes montréalaises (surtout à LCN où sévit un ancien journaliste de la région, Denis Lévesque, amateur de personnalités colorés…)

Un maire et son cabinet fantôme

Il faudrait savoir aussi que ce maire de Saguenay ne gère pas cette ville. C’est plutôt un cabinet fantôme composé de conseillers non élus qu’il a recruté parmi ses amis et associés lorsqu’il était notaire qui décide de tout bien au-dessus de ses 19 conseillers souvent absents de ces délibérations souterraines.

Il en a mis quelques-uns à la tête d’un organisme indépendant appelé Promotion Saguenay pour mener ses projets d’envergure (la construction d’un quai d’escale pour les bateaux de croisière à la Baie, le port de Grande Anse, etc).

Cet organisme, loin du conseil municipal, administre en toute indépendance plusieurs millions de $ par année.

Dommage qu’on ne retienne de ce maire Jean Tremblay que ses phrases célèbres (Ex : Il n’y a que les poissons morts qui suivent le courant, les politiciens ont mauvaise réputation et dans bien des cas elle est méritée, etc), son ultra catholicisme et son accent coloré.

Un maire de rose habillé

J’allais oublier, ses chemises roses fournies par le tailleur Laflamme de Chicoutimi, ancien organisateur conservateur.

C’est aussi et surtout le représentant d’une forme de démocratie municipale qui n’a plus sa raison d’être.

Une fausse démocratie fondée sur le populisme et un certain népotisme de bon aloi.

De la très petite politique qui amuse la masse mais appauvrit une ville aussi stagnante et déprimée par sa présence tenace qu’un lac de bauxite derrière les usines de l’Alcan-Rio-Tinto.

On est vraiment pris avec cet amuseur public que vient de refuser comme candidat le parti conservateur de Stephen Harper malgré le fait qu’il a déjà fait parader dans sa ville les soldats de Bagotville le 1er juillet. Serait-il plus catholique que le pape ?