Rwanda: encore des choses à tirer au clair

2007/12/02 | Par Emmanuel Hakizimana

La Cour suprême de l'Iran vient d'annoncer une nouvelle enquête sur la mort de la canadienne Zahra Kazemi. C'est bien et ça fait suite aux pressions exercées par le Canada et par la famille de la photojournaliste.

Mais ce nouveau développement ramène sur la table la question suivante : à quand une enquête sur l'assassinat des pères Claude Simard et Guy Pinard, respectivement assassinés au Rwanda le 17 octobre 1994 et le 2 février 1997?

Quand les responsables de ces deux assassinats seront-ils traduits en justice?

Dès octobre 1994, le Général Guy Tousignant, qui a remplacé le Général Roméo Dallaire à la tête des troupes de l'ONU au Rwanda, rapportait à ses supérieurs qu'il y avait des indications selon lesquelles le Front Patriotique Rwandais (FPR) actuellement au pouvoir à Kigali, était responsable de l’assassinat du père Claude Simard.

Ce dernier a été trouvé les bras ligotés derrière le dos et la tête fracassée vraisemblablement par un coup de marteau. Quant au Père Guy Pinard, ancien camarade de classe de Jean Chrétien, il a été assassiné pendant qu'il servait la messe le 2 février 1997, au su et au vu de tous les paroissiens par un ancien soldat du FPR.

Même si les témoins oculaires sont disponibles et que la description des événements par ces témoins ne laisse pas de doute sur l'auteur de ce crime, aucune enquête n'a été menée et personne n'a été traduit en justice.

L’absence d’enquête sur l’assassinat de ces deux prêtres québécois est d’autant plus surprenante que, d’une part des agents de la GRC ne cessent de se rendre au Rwanda pour enquêter sur des crimes commis sur des citoyens rwandais lors du génocide de 1994, et que d’autre part le Canada a, depuis la prise du pouvoir par le FPR, versé au Rwanda une aide totalisant 240 millions de dollars pour, entre autres, le rétablissement du système de justice.

Mais il est clair que le Canada n’aura strictement rien s’il n'exerce aucune pression sur le gouvernement rwandais comme il l'a fait avec raison dans le cas de la photojournaliste Zahra Kazemi.

L'auteur est docteur en économie et chargé de cours au département des sciences économiques, École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal

( Photo : Interet-general.info / Scène de rue à Kigali )