UN CRIMINEL DE GUERRE ISRAÉLIEN ÉVITE LONDRES

2008/01/07 | Par PAJU

Avi Dichter ne se rendra pas à Londres. Le ministère israélien des Affaires étrangères l’a averti qu’il pourrait être arrêté en Angleterre du fait du rôle qu’il a joué dans l’assassinat de la tête dirigeante du Hamas Salah Shehadeh en 2002.

Dichter était à l’époque le chef du service de sécurité israélien Shin Bet. Il a autorisé l’attaque, perpétrée au moyen d’une bombe d’une tonne qui a fait 15 morts.

L’armée israélienne a soutenu à l’époque avoir bombardé des « cabanes » et ne pas être « informée » que des gens y vivaient. Ces « cabanes » étaient, dans les faits, des immeubles résidentiels abritant des douzaines de familles. À l’évidence, larguer une bombe d’une tonne sur ces familles au milieu de la nuit allait faire de nombreuses victimes innocentes. Dichter n’en avait cure.

Je me suis rendu à Gaza après le bombardement. Au milieu des ruines, j’ai rencontré Mohammed Matar, un ouvrier palestinien qui travaillait en Israël depuis 30 ans. Il gisait sur les ruines de sa maison, un bras et un œil recouverts de bandages. Lors de « l’assassinat ciblé », planifié par le Shin Bet de Dichter, Matar a perdu sa fille, sa belle-fille et quatre petits-enfants encore en très bas âge. Les images d’horreur qu’évoque ce quartier de Gaza ne cessent de me hanter depuis lors. Quelqu’un, j’ai pensé, doit payer le prix d’un tel acte. Ou serait-ce que personne n’est à blâmer ou responsable?

Cette attaque ne diffère en rien des nombreuses opérations de liquidation planifiées par le Shin Bet pour le compte de l’armée israélienne. En juillet 2006, par exemple, Israël assassinait la presque totalité de la famille de Abu Salmiyeh — le Dr Nabil Abu Salmiyeh, chargé de cours de mathématiques, son épouse et sept de leurs enfants — et tout cela parce qu’un homme recherché, Mohammed Def, leur rendait visite ce jour-là. En fait, au cours des sept dernières années, 368 Palestiniens ont été tués lors d’opérations de liquidation décidées par Dichter.

Toutefois, le bombardement de Shehadeh fut particulièrement notoire. Il devint un symbole de la guerre implacable que mène l’armée israélienne. Dichter, le général Doron Almog et le brigadier général Aviv Kokhavi ont tous été contraints de fuir l’Angleterre ou d’annuler des voyages dans ce pays, par crainte d’y être arrêtés en raison du rôle qu’ils ont joué concernant cette attaque.

Ces gens et d’autres ont été étiquetés comme suspects de crimes de guerre hors d’Israël. Malheureusement, au sein d’Israël même, leur carrière et leur statut public demeurent sans taches, et leurs fronts ne sont pas marqués au fer rouge du sceau de Caïn.

Les liquidations ont conduit Israël au bord d’un abysse moral, et pourtant Israël ne fait rien. Ces gens devraient faire l’objet de procédures judiciaires en Israël, mais le système juridique israélien n’interviendra pas. Ils doivent donc être poursuivis à l’étranger. L’Angleterre et d’autre pays doivent déployer des efforts pour arrêter et juger des criminels de guerre comme Dichter, afin qu’ils paient en bout de ligne le prix de leurs crimes.

Adapté de « London's burning for Dichter », par le journaliste israélien Gideon Levy, publié dans le quotidien israélien Ha’aretz le 9 décembre 2007. Texte intégral

Distribué par le PAJU (Palestiniens et Juifs unis)

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