La saga de la Bourse se poursuit

2008/01/08 | Par Robin Philpot

Ne nous trompons pas : l’establishment torontois est capable de se solidariser dès qu’il s’agit de déjouer le Québec. On nous dit que Richard Nesbitt a surpris tout le monde en annonçant le 7 janvier son départ de TSX pour CIBC Marchés mondiaux.

« Just like that, all eyes are on Bertrand » est le titre de l’article du bien branché Globe and Mail, faisant référence à la possibilité que l’actuel PDG de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand, soit nommé à la tête de la Bourse de Toronto après que celle-ci avale celle de Montréal.

Il n’y a aucune surprise car c’est exactement ce que les chorégraphes de ce bal voulaient. L’article du Globe le dit carrément par ailleurs : « La nomination de M. Bertrand pourrait paver la voie à l’approbation de l’entente lors des audience publiques de l’Autorité des marchés financiers du Québec (AMF) ».

En effet, malgré l’embauche par TSX de l’ancien premier ministre Lucien Bouchard comme un négociateur en chef, l’opposition québécoise à la prise de contrôle par Toronto de cette institution financière importante et hautement symbolique, ne se démentait pas. Pour la compléter, il fallait quelques pas de danse de plus pour épater la foule québécoise.

Dans la pure tradition de la solidarité de l’establishment anglais de Toronto, on trouvera donc un poste tape-à-l’œil pour Nesbitt à CIBC en lui lançant des fleurs – il s’agit en fait d’un retour à son ancien employeur CIBC pour qui il a déjà travaillé pendant 10 ans.

On déroulera le tapis rouge pour Luc Bertrand pour faire taire ces méchantes langues qui disent que Bay Street ne peut accepter un French Canadian à la tête de sa Bourse, et le tour sera joué! Montréal n’aura plus de bourse et le détour par Toronto deviendra obligatoire dans ce domaine, comme il l’est devenu obligatoire dans tant d’autres domaines.

(Sur la photo : Richard Nesbitt)