Étrange petit peuple, singulière petite nation

2008/02/01 | Par Gilles Ouimet

Momifié dans un pays
qui le fossilise dans sa constitution
fortement divisé sur ses options
fragilisé dans sa survie.

Jouet pour politiciens ambitieux
prêteurs usuraires d’ambiguïtés
hochet pour démagogues pernicieux
brocanteurs d’infirmités.

Ces sirènes au langage séduisant
colmatent notre essentiel
de matériaux superficiels
bricolage d’avenir peu rassurant.

Peuple horticulteur d’ambigu
séduit par des messagers temporaires
ces prétendus défenseurs de l’ordinaire
ces noirs complices d’un ordre révolu.

Minoritaire entre deux mers
tributaire de miettes fédérales
locataire sur sa feuille d’érable
concessionnaire de sucre amer.

Petit peuple étrange
à l’âge de raison
qui se tricote une prison
de plus en plus étanche.

Singulière nouvelle nation
qui se gave d’accessoires
d'instruments obligatoires
pour de nouvelles confusions.

Petit peuple effronté
qui a marché l’Amérique
sur des rêves chimériques
porteurs d’identité.

Ces héros avec leurs bras
auront-ils porté l’eau
et scié les bouleaux
pour que ne pousse que du chou gras?

Ces colons aux visages de charbon
auront-ils multiplié les abattis
et additionné les éclaircies
pour ne se propage que du chardon ?

Fier de son existence
mais comme gêné d’exister
orgueilleux de son essence
mal à l’aise de ses possibilités.

Se gargarise de national
capitale, assemblée et drapeau
porte bien haut ses oripeaux
mais s’enterre à rester provincial.

Des éphémères colères
des opinions changeantes
des émotions fluctuantes
et vogue la galère !

J’aime pourtant ce peuple courageux
qui a survécu à bien des tempêtes
et vécu bien des embêtes
dans un passé si tortueux.

J’aime ce peuple paradoxal
qui risque l’évanescence
en retardant les échéances
zigzaguant dans le transversal.

J’aime ce peuple souffreteux
à la mine de chien battu
mais portant jamais abattu
qui me confirme mes aïeux.

J’aime quand même ces gens
d’ici et d’ailleurs
qui me crèvent le coeur
de suffrages démoralisants.

Pour perpétuer notre essence
faut qu’il nous pousse des mains
des mains de surhumains
pour arrêter cette déchéance.

Mont-Laurier
Mars 2007