« Vous en aurez pour votre argent »

2008/02/11 | Par L’aut’journal 

Alors que le ministre de la Santé et des Services sociaux n’a toujours pas annoncé quand il entend rendre public le rapport du Groupe de travail sur le financement de la santé, les dirigeants syndicaux du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) sont renversés et choqués de constater que Claude Castonguay s’est engagé à dévoiler en primeur les conclusions de son rapport devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et qu’il promet aux gens d’affaires qu’ils « en auront pour leur argent ».

Les dirigeants syndicaux du SISP réagissent ainsi à l’information publiée sur le site Internet de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain qui invite ses membres à un déjeuner-causerie, le mercredi 20 février prochain, avec Claude Castonguay.

On peut y lire que la conférence intitulée « En avoir pour votre argent » permettra aux gens présents d’alimenter leurs « réflexions à l’égard de la question du financement de la santé en prenant connaissance en primeur du rapport du Groupe de travail sur le financement de la santé présidé par Claude Castonguay ».

Un manque d’éthique flagrant

Les dirigeants syndicaux du SISP ne comprennent pas comment Claude Castonguay a pu prendre un tel engagement envers les gens d’affaires, alors que les citoyennes et les citoyens du Québec ne savent toujours pas à quel moment la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, et le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, ont l’intention de rendre public le rapport.

« C’est un manque d’éthique flagrant et surtout un manque de respect inqualifiable envers l’ensemble de la population du Québec qui risque d’être affectée par les recommandations du rapport Castonguay.

À quel titre les gens d’affaires méritent-ils d’être informés en primeur sur un sujet qui concerne tout le monde au Québec ?

Claude Castonguay est-il si pressé d’aller recevoir les applaudissements des gens d’affaires parce qu’il s’apprête à leur ouvrir plus grandes les portes du lucratif marché de la santé au Québec ? », questionnent les porte-parole syndicaux.

Une démarche inquiétante pour le système public de santé

« Dès l’annonce de la formation du Groupe de travail sur le financement de la santé, nous avons soupçonné qu’il s’agissait d’une manœuvre du gouvernement Charest pour enclencher en douce la marchandisation de la santé au Québec. La démarche de Claude Castonguay tend à démontrer que nous avions raison. En se rendant livrer en primeur les recommandations de son rapport aux gens d’affaires, plutôt que de s’adresser à l’ensemble de la population, Claude Castonguay laisse croire que les intérêts économiques ont certainement pesé lourd dans la réflexion de son groupe, concluent Réjean Parent (président de la CSQ), Lina Bonamie (présidente de la FIQ), Dominique Verreault (présidente de l’APTS), Gilles Dussault (président du SPGQ) et Michel Sawyer (président général du SFPQ).