4% de la main d’œuvre, 25% des accidents mortels

2008/03/12 | Par L’aut’journal 

Si l’industrie de la construction représente 4% de l’ensemble de la main-d’œuvre du Québec, elle détient malheureusement 25% des accidents mortels à survenir en milieux de travail. Depuis onze ans, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) publie un plan d’action construction indiquant quelles actions concrètes elle compte prendre au cours des prochains mois afin de parer aux trop nombreux accidents de travail sur les chantiers.

Pour 2008, aucune réelle nouveauté n’a été intégrée au plan d’action construction. La CSST maintien le cap sur la promotion de la gestion de la santé et de la sécurité du travail et maintient la corde raide sur la politique «tolérance zéro» quant aux dangers ciblés: chutes de hauteur, dangers d’origine électrique, d’effondrement et pour la santé. Les employeurs fautifs s’exposent à un arrêt des travaux et à des poursuites pénales.

Le jeu du chat et de la souris

Les montants imposés pour des constats d’infraction sont ridiculement bas. La FTQ-Construction déplore le fait que les amendes ne soient aucunement dissuasives. Arrêtons de faire semblant que ces pénalités ont un effet dissuasif sur les entreprises.

La preuve en est que non seulement rien ne change en matière de santé et sécurité du travail au Québec, mais la situation devient de plus en plus préoccupante.

Comment se fait-il que, selon les données mêmes de la Commission, les dérogations et les constats d’infraction sont en hausse pour les catégories de dangers à risque faisant partie du plan «tolérance zéro» depuis maintes années? Serait-ce que les employeurs fautifs sont également en hausse?

Le nerf de la guerre…

Pour la FTQ-Construction, il importe d’aller plus loin: «Nous sommes heureux que la CSST maintienne le cap sur la gestion de la santé et de la sécurité du travail. Encore faut-il que cela se traduise par des actions concrètes sur les lieux de travail», de déclarer François Patry, directeur en santé et sécurité du travail à la FTQ-Construction.

Il ajoute qu’«il faut faire comprendre aux employeurs que la gestion de la SST ne se limite pas bêtement à la rédaction d’un programme de prévention. Sinon, on est dans le champ!»

Une véritable prise en charge sur les chantiers

La Loi sur la santé et la sécurité du travail «a pour objet l’élimination à la source même des dangers pour la santé, la sécurité et l’intégrité physique des travailleurs» (LSST, art. 2). En d’autres mots, «mieux vaut prévenir que guérir».

On ne saurait résumer avec plus de limpidité la solution aux trop nombreux accidents de travail et maladies professionnelles. Selon François Patry, il faut arrêter de se mettre le nez dans le sable: «La recette est pourtant simple, éprouvée et efficace. Il suffit de mettre les points sur les «i» et de faire véritablement de la prévention.»

La gestion en santé et sécurité du travail commence d’abord et avant tout par une planification détaillée des travaux en fonction de la SST sur le chantier qui nécessite une analyse profonde des méthodes de travail prévues et des équipements qui seront utilisés.

C’est pourtant simple, il suffit de penser avant d’agir! Le programme de prévention, qui s’inscrit dans cette perspective, est donc plus qu’un simple bout de papier. Comme lorsque l’on signe un contrat, il doit être réfléchi, étudié, appliqué et respecté.

En cours des travaux, le programme de prévention est, avec l’accord des parties, en tout temps modifiable afin de s’adapter aux nouvelles réalités du chantier. Il importe donc d’avoir sur les chantiers des comités en santé et sécurité qui fonctionnent vraiment et qui incluent les travailleurs et les travailleuses dans le processus.

Il est impératif que le représentant des travailleurs puisse inspecter les chantiers pour identifier et dénoncer les situations dangereuses. Il doit pouvoir participer aux enquêtes lorsqu’un accident survient. Finalement, comment ne pas souligner la nécessité d’avoir des supérieurs formés en santé et sécurité sur les chantiers.

De telles dispositions sont déjà prévues dans la Loi sur la santé et la sécurité du travail, mais les employeurs s’opposent à ce que le gouvernement les mette en vigueur. On se demande bien pourquoi…

Si de telles mesures ne sont pas effectives sous peu, il n’y a rien à espérer de mieux quant aux décès sur les chantiers de construction.

Source : FTQ-Construction