Des solutions publiques en santé et services sociaux

2008/03/17 | Par Jacques Fournier

Environ 220 personnes ont participé au Forum organisé par la Coalition Solidarité Santé, samedi le 15 mars, au Cégep Maisonneuve à Montréal, sur les solutions publiques dans le secteur de la santé et les services sociaux. En voici un bref compte rendu.

La table ronde initiale donnait tout d’abord la parole à l’économiste François Béland qui a démontré, de façon claire, limpide et rigoureuse, comment nous pouvons avoir une lecture différente de la part que l’État québécois consacre à la santé.

Pour y arriver, il utilise un dénominateur beaucoup plus pertinent des dépenses de l’État que celui qu’utilisent tous les Clair, Castonguay et autres enfarinés qui manipulent les chiffres pour donner une image catastrophique de la situation. De fait, le gouvernement québécois consacre 30% et non 43% de ses fonds à la mission santé. Un bel exemple de « déconstruction » du discours des élites néo-libérales.

Ensuite, Mélanie Bourque, professeure à l’UQO, nous a expliqué le concept de « nouvelle gestion publique » et ses méfaits concrets sur les services à la population.

Enfin, Lorraine Guay, militante engagée, véritable dynamo, nous a parlé de l’importance de la mobilisation citoyenne et de la multiplication des lieux de résistance. « Il y a des combats qu’il faudra toujours recommencer , dit-elle, pour éviter les retours en arrière ». Elle a expliqué qu’avec les Castonguay, nous ne sommes plus dans la rationalité : les positions de son groupe de travail vont à l’encontre de la très grande majorité des études scientifiques.22

Le rôle malsain de David Levine

Six ateliers substantiels ont suivi. Dans l’atelier sur l’hébergement des personnes âgées, auquel j’ai participé, j’ai été touché par le témoignage de Denis Tremblay, président du Syndicat CSN du CSSS Jeanne-Mance, de Montréal.

Il a expliqué comment a été annoncée, de façon brutale, la fermeture du CHSLD Jacques Viger. Une mobilisation importante est en cours pour contrer ce projet qui bouscule les bénéficiaires et le personnel, tout en pourrissant le climat de travail.

Le PDG de l’Agence de Montréal, David Levine, joue un rôle malsain dans ce dossier : malgré ses discours sirupeux sur l’importance de l’humain, il n’a, dans les faits, guère plus de conscience sociale que les PDG des multinationales qui délocalisent des usines ailleurs dans le monde.

La recette d’une campagne réussie

Dans le même atelier, il était impressionnant d’entendre le récit, par le président du Syndicat du CSSS Richelieu-Yamaska (région très élargie de St-Hyacinthe), de la mobilisation qui a empêché la direction de réaliser son projet tout à fait inapproprié de fermeture du CHSLD André-Perreault.

La campagne citoyenne a été exemplaire : travail médiatique, pétition impressionnante, manifestation très réussie, appui des élites locales, etc. Cet exemple prouve que la volonté populaire bien organisée peut contrer les folies de la « transformation », de la « réingénierie » et de la soi-disant « modernisation ».

La plénière finale a permis de faire une courte liste de pistes d’action :

- continuer la déconstruction du discours catastrophiste du gouvernement dans le secteur de la santé et des services sociaux;

- mettre de l’avant l’importance d’une fiscalité réellement redistributive (l’impôt), garant de solidarité et d’équité sociale;

- encourager la gestion participative qui permettrait au personnel de s’impliquer davantage dans les solutions, par exemple pour diminuer les listes d’attente;

- renforcer l’éducation populaire, utiliser et multiplier nos réseaux;

- mettre sur pied un Tribunal populaire pour juger les méfaits du gouvernement Charest;

- tenir des États généraux sur la santé et les services sociaux.

Il y aura une grande manifestation nationale, le samedi 3 mai, au Parc Lafontaine (Montréal), organisée par toutes les centrales syndicales. Une suggestion a été émise lors de la plénière; que soit conçu un signe distinctif, un logo contre la privatisation (sous forme de cocarde ou autre), que pourraient porter tous les manifestants et manifestantes à cette occasion.

L’auteur est membre du collectif D’abord solidaires de Longueuil