Le prix à payer pour la paix

2008/03/25 | Par PAJU

Les Israéliens hochent la tête et se demandent: pourquoi les Palestiniens nous lancent -ils des roquettes maintenant qu’Israël a retiré ses colons de Gaza ?

Nous oublions que pour le monde entier, gouvernement israélien compris, Gaza et Cisjordanie ne forment qu’une seule et même entité nationale. Nous oublions que la Cisjordanie est toujours occupée, et Gaza assiégée.

Que ferions nous, nous Israéliens, si nous étions dans une situation comparable ? Que ferions nous si un conquérant étranger, après avoir occupé Israël, se retirait ensuite d’une partie du pays, en maintenant le reste, Jérusalem et Mur Occidental compris, sous occupation?

La communauté juive de Tel-Aviv laisserait-elle à l’occupant un moment de paix ? Ne transformerait elle pas Haïfa en base de libération du reste du pays ? Bien sûr que oui !

Alors, pourquoi sommes nous surpris quand les Palestiniens de Gaza agissent comme nous agirions à leur place ?

Pratiquement tous les Palestiniens de Gaza, de Cisjordanie ou de Jérusalem-Est sont d’accord sur le fait que, pour avoir une paix véritable, Israël doit se retirer de tous les territoires conquis en 1967, c’est-à-dire de la partie occupée de Jérusalem-Est et du « Haram al Sharif », ce que nous Israéliens appelons « le Mont du Temple ».

D’ailleurs, c’est à cela que les Palestiniens s’attendaient à la suite des accords d’Oslo, au début des années 1990. Suite à ces accords, pour beaucoup de Palestiniens, on était près de la solution des « deux États », chacun de part et d’autre de la frontière d’avant 1967.

Cependant, depuis Oslo, 250 000 colons israéliens se sont installés du côté palestinien de cette frontière. Des groupes nationalistes juifs extrémistes s’emparent d’un nombre croissant de maisons dans la vieille ville de Jérusalem, isolant ainsi les Palestiniens du cœur même de leur vie politique, culturelle, religieuse et économique. Pensons nous vraiment que cela peut conduire à la paix ?

La paix ce n’est pas un programme servi « à la demande générale d’Israël », et la sécurité a un prix. Le prix à payer pour la paix dans ce conflit est connu. Il n’y aura pas de rabais, pas de versements échelonnés. Si les Israéliens veulent véritablement la paix, le prix à payer, c’est la restitution des territoires dont Israël s’est emparé après la conquête de 1967. Et sur ce territoire, sur la totalité de ce territoire, il faut créer un État palestinien.

C’est cela, le prix à payer. Sans cela, il n’y aura pas de paix.

Adapté par PAJU (Palestiniens et juifs pour la paix) d’un texte de l’éminent journaliste israélien Akiva Eldar, «No Discounts and no installments », publié par le quotidien israélien Ha’aretz le 10 mars 2008.