La plus pernicieuse et efficace des censures

2008/03/31 | Par Françoise Breault


Je viens de lire l’article de L’aut'journal : Quand Christiane Charrette se dégonfle. Cela ne me surprend guère de Radio-Canada. Je pense ici à l’émission Tout le monde en parle. Quand on a invité Messieurs Pratte et Facal pour parler de leur livre, comme par hasard, on a aussi invité le ministre conservateur. Compte tenu de sa verve, on savait bien qu’il ne resterait pas silencieux sur le sujet. Résultat : à deux contre un, le temps de parole accordé vantant le fédéralisme était nettement plus important.

Ce n’est pas uniquement quand il s’agit de souveraineté, que Radio-Canada exerce sa censure. Quand l’Institut économique de Montréal lâche un pet, Radio-Canada, en bonne courroie de transmission, se dépêche de le retransmettre sur ses ondes. Cependant quand Québec Solidaire propose la création de Pharma-Québec qui comme ce fut le cas en Nouvelle-Zélande, serait une solution très efficace aux difficultés de notre système de santé : SILENCE. Et je pourrais citer bien des faits en ce sens.

Également quand il s’agit du néo-libéralisme qui avec ses consignes de privatisation, libéralisation, flexibilité du travail, baisses d’impôt, réduction de l’État, toujours plus de croissance, etc. pille joyeusement les ressources de la planète, et contribue à creuser toujours plus le fossé entre riches et pauvres. Dans les médias soviétiques on ne pouvait se permettre de critiquer le système communiste. Leur vie aurait été en danger. Ici, on ose très rarement critiquer les lacunes du système capitaliste, et ce notamment dans les nouvelles. Quand on le fait, on s’organise pour noyer l’impact des critiques. Pourtant, la vie n’est pas en danger…. mais peut-être le poste, les promotions… Donc, inconsciemment peut-être, c’est l’auto-censure.

« La raison du plus fort est toujours la meilleure » disait Lafontaine. Comme nos gouvernements, tant au fédéral qu’au provincial se sont soumis à la sacro-sainte doctrine néolibérale, il ne faut trop « brasser la baraque »… Surtout, quand ce sont eux qui accordent les subventions!…

Quand on veut savoir si une Presse est libre, il ne s’agit pas tant d’observer de quoi ils parlent, mais comment ils en parlent, à quelle fréquence, dans quel contexte, etc et surtout, surtout, d’observer de quoi ils ne parlent pas. Le SILENCE est la plus pernicieuse, la plus subtile et la plus efficace des censures.

Françoise Breault
Chénéville