La fièvre Anna Gavalda bientôt au Québec

2008/04/09 | Par Ginette Leroux

« Je vous propose de nous rencontrer le 27 mai à 17h30 », écrit-elle en réponse à ma demande d’entrevue. Je lui laisse fixer le lieu du rendez-vous. « Disons donc à la brasserie Wepler, Place de Clichy ». Délicate, elle avait pris soin, le jour même de l’entrevue, de me laisser un message de confirmation à l’hôtel. Sans compter que le dossier de presse m’attendait à la réception, gracieusement déposé à mon intention par la maison d’édition.

Nous sommes en 2004. Ensemble, c’est tout vient de paraître. J’allais être la première journaliste québécoise à venir rencontrer Anna Gavalda, la future révélation littéraire parisienne. Souvenirs d’une entrevue mémorable.

C’est la fin de l’après-midi d’une belle journée ensoleillée. Assise à l’avant-scène, derrière la grande vitrine de la brasserie, le roman est posé bien en évidence sur la table. J’observe la foule affairée qui se presse vers le métro. Il est 17H30. Anna est là, devant moi, vêtue de bleu, chaussée de rose, toute souriante. Sans le savoir, je rencontrais l’écrivaine qui allait, non seulement bouleverser les habitudes littéraires des lecteurs français mais, du même coup, avec plus de deux millions d’exemplaires vendus à travers le monde, permettre à autant de lecteurs de se retrouver dans les personnages qu’elle avait inventés.

« Ici, on ne sera pas dérangées », me dit-elle en m’entraînant tout au fond de l’établissement. « Garçon ! deux eaux Perrier! » J’enclenche le magnétophone. « Je vous le tiens, propose-t-elle gentiment, car il serait dommage qu’il vous arrive la même chose qu’à cette journaliste norvégienne qui est repartie chez elle avec une cassette inaudible. »

Elle répond avec grâce à mes questions. Que je sois prof de français, comme elle l’avait été elle-même avant de devenir romancière, l’intéresse beaucoup. Je lui raconte que les jeunes adultes auprès de qui j’interviens sont en tous points semblables à ceux qui évoluent dans Ensemble, c’est tout. On a beau être à Paris dans ce roman, mais la magie opérant, les personnages s’installent à Montréal et se mettent à vivre ici. Comme tout lecteur, je m’étais appropriée l’histoire.

Une fille généreuse, attentive et d’une simplicité désarmante. Je me souviens qu’elle revenait d’une séance de signatures chez un libraire du quartier et, qu’auparavant, elle était allée porter son petit chien chez le vétérinaire. Anna est une jeune femme ordinaire qui voit à tout. Divorcée, elle vit avec ses deux enfants qui sont au cœur de sa vie, s’occupe de son chien et de son jardin.

Le temps passe très vite en si belle compagnie. Elle me fait la bise et disparaît dans la foule. Il fait encore clair et je quitte à mon tour. Une croisière en bateau-mouche sur la Seine m’attend.

Voilà qu’après quatre ans, elle nous revient. La Consolante, le nouveau roman de l’univers gavaldien, sorti à Paris le 11 mars dernier, sera en librairie au Québec le 23 avril.

Au départ, imprimé à 300 000 copies pour donner suite à « l’excitation des libraires », enthousiasmés à l’avance par le potentiel du livre et dont les commandes dépassaient largement le nombre prévu de 99 999 exemplaires, l’éditeur a dû faire face à la quasi catastrophe lorsque les machines se sont emballées. En effet, plus de 100 000 exemplaires mal brochés ont dû être pilonnés. Le Dilettante, l’éditeur auquel Gavalda reste fidèle depuis J’aimerais que quelqu’un m’attende quelque part, son premier livre, a rapidement remis les presses en marche. Tout est désormais rentré dans l’ordre. Déjà, les médias français prédisent, sans aucun doute, qu’il sera « l’une des meilleures ventes de l’année ».

Je l’attendais. Vous l’attendiez aussi ? Cette fois, l’auteure, qui est venue à Montréal en novembre 2004 expressément pour rencontrer ses lectrices et ses lecteurs québécois, endosse, dans son roman, un paletot d’homme. Charles Balanda, un architecte, fin quarantaine, pas trop bien dans sa peau, mariage, famille, travail, tout part à vau-l’eau. Au même moment, il apprend la mort de la mère d’un ami d’enfance. Cette femme était son premier amour. Les souvenirs se télescopent dans sa mémoire jusqu’au moment où arrive Kate, une merveilleuse Anglaise qui, d’un coup de baguette magique, lui redonnera des ailes.

Anna Gavalda, la fée consolante, nous convie à cette nouvelle célébration de 637 pages. Je vous en reparle.

Rappel des autres titres publiés aux éditions Le Dilettante :

Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, 1999
Je l’aimais, 2002
Ensemble, c’est tout, 2004