Nouvelles du Saguenay : La 3ème Nuitte de poésie

2008/04/14 | Par Pierre Demers

La 3ème Nuitte de poésie a lieu au Saguenay le 25 avril

Qu'est-ce qu'ils mangent en hiver les Poèmes Animés?

Des mots, des mots et encore des mots… J'imagine que tu veux dire : c'est quoi les Poèmes Animés ? C'est un collectif, regroupé à Jonquière, qui s'est donné pour mission de faire des soirées de poésie, de diffuser la poésie dans le grand public par tous les moyens.

Les Poèmes Animés sont des activistes de la poésie, réunissant des poètes de plusieurs générations. Nous réalisons entre 4 et 6 soirées par année et nous présentons toutes les deux ans un évènement de plus grande envergure, la Nuitte de poésie au Saguenay. Nous en sommes, en 2008, à la troisième édition de la Nuitte.

Comment se déroule cette Nuitte de poésie au Saguenay ?
La Nuitte, c'est un happening qui dure dix heures. Un évènement qui réunit des poètes de partout au Québec (Montréal, Québec, Trois-Rivières, Rivière-du-Loup, Gatineau et Saguenay Lac St-Jean) au Café Théâtre Coté-Cour de Jonquière.

D'année en année, la popularité de notre rendez-vous ne se dément pas. On a toujours une foule de poètes intéressés. Cette année, ils seront 66 à faire la poésie au cours de la Nuitte, qui commence à 21h et se termine à 7h le matin.

Et ce n'est pas tout, nous cherchons à offrir d'autres activités à nos visiteurs (et aux gens du coin), samedi, le lendemain, il y aura des séances de signatures chez les libraires indépendants de Ville Saguenay (Marie-Laura et les Bouquinistes) et une rencontre avec Yolande Villemaire, dans une ambiance intimiste chez Ici le Café.

Pour clore la Nuitte de poésie, nous invitons tous les poètes inscrits, les artisans de la Nuitte et les gens qui hébergent nos invités à venir manger et boire entre amis au Souper des poètes, au centre l'Héritage à Jonquière.

Qui en sont les invité(e)s? On veut des noms, s'il vous plaît ?

Nous lançons toujours un appel aux poètes connus et inconnus du Québec quelques mois avant la Nuitte. En fait, c'est un évènement qui s'adresse à l'amoureux des mots, à celui ou celle qui s'amuse avec l'écrit mais aussi l'oralité. Donc, poète, romancier, auteur-compositeur, performeur, slammeur, rappeur, tous ceux qui ont quelque chose à révéler sur scène peuvent répondre à l'appel de la Nuitte !

Cette année, du coté des écrivains connus (et écrivaines bien entendu) qui viennent nous visiter, il y a Jean-Marc Desgent, Tony Tremblay, Jean Désy, Louis Hamelin, Yolande Villemaire, Michel X Coté, Violaine Forest. Il y en a beaucoup d'autres tout aussi intéressants mais moins connus.

La concentration de poètes au pied carré à Montréal est très significative des gens qui ont répondu à l'appel. Au Saguenay, Hervé Bouchard, André Girard, Marie-Christine Bernard, Jean-François Caron, Michaël La Chance, Christine Martel entre autres, seront de la partie. Nous avons plusieurs nouveaux venus pour la 3ème Nuitte, que nous avons bien hâte de rencontrer et de présenter à notre public.

Comment se porte la poésie au Saguenay … et au Lac?

La poésie (et la littérature) est le parent pauvre de la culture ici comme ailleurs. La poésie s'vend mal disait Ferré, je crois. Léo a encore raison même après toutes ces années. C'est toujours difficile de trouver des investisseurs pour un évènement littéraire, ce n'est pas une activité « populaire ». Les décideurs, ceux qui donnent les sous ont encore du mal à croire au bien fondé d'entreprises liées à la poésie, et à l'efficacité du discours poétique.

Alors la poésie au Saguenay et au Lac, elle va comme on la pousse. D'un point de vue créateur, je crois à une certaine effervescence en poésie et en littérature.

Cette situation est dynamisée par la passion à l'ouvrage de groupes comme les Poèmes Animés, les 3regs, les Poètes du bleu pays, qui s'entêtent à vouloir faire descendre la poésie dans la rue. Que les gens s'aperçoivent que ce discours s'adresse à eux, le monde. Et que c'est accessible.

Nous avons plusieurs auteurs talentueux ici, mais je ne crois pas qu'ils bénéficient des mêmes avantages que les écrivains résidants à Montréal. Les maisons d'édition sont loin, celles qui essaient d'œuvrer ici sont en difficulté.

Comment arrivez-vous à financer un évènement comme celui-là?

En faisant appel à toutes nos ressources… beaucoup de débrouillardise, d'ingéniosité et de dévouement. Nous avons plusieurs partenaires qui sont des fidèles comme le Coté-Cour.

Depuis le début des Poèmes Animés en 2002, nous présentons nos activités au Coté-Cour. Un endroit en or pour la poésie, des gens accueillants, dévoués, prêts à tout.

Nous avons mis à contribution nos conseillers municipaux, notre député, quelques entreprises régionales. Le CAC (Conseil des arts du Canada) nous a financé légèrement, pour des cachets aux auteurs, et nous attendons une réponse (de plus en plus fébrilement) du Conseil des arts de Saguenay.

Ce dernier pourrait se positionner comme partenaire majeur pour notre évènement. Cependant, nous sommes toujours en attente malgré la date fatidique qui s'en vient…

À quoi sert la poésie pour les Poèmes Animés?

À dire tout ce qu'il faut dire et aussi à dire ce qu'il ne faut pas dire. Le rôle du poète, c'est de mettre en gros plan son monde. De présenter les travers, les erreurs, les bons coups d'une société.

La poésie est une nourriture pour l'esprit… les affamés sont plus nombreux qu'on croit. La poésie parle de la Vie et de tout ce que celle-ci implique. La poésie proteste, enchante, dénonce, déclenche des mouvements, ouvre des consciences. La poésie a pour nous un devoir, celui de donner la parole à tous.

Quels liens entretenez-vous avec les poètes des autres régions du Québec?

De beaux liens… On est vraiment toujours content de les rencontrer chez nous ou chez eux. Plusieurs d'entre eux sont devenus des amis, qui reviennent année après année. Ils nous invitent dans leurs soirées régulièrement, ce qui nous permet de promener les Poèmes Animés un peu partout au Québec.

C'est grâce à ça qu'on garde l'espoir et la volonté de faire exister la poésie chez nous. Ça nous prouve que nous avons une résonnance ailleurs qu'au Saguenay, que des liens entre québécois de partout peuvent se tisser sur cette base.

Que sont vos projets à moyen et à long terme?

Après 6 années d'existence: une trentaine de soirées poétiques, 25 numéros d'un fanzine appelé La Brimbelle, 7 vidéos, deux Nuittes (et la troisième qui s'en vient), nous sommes à un carrefour.

Financièrement, nous devons consolider notre organisme pour lui permettre d'évoluer. On voudrait pouvoir inviter des poètes de l'extérieur plus souvent, on voudrait que notre fanzine soit une publication professionnelle. On voudrait avoir un site internet comme tout le monde. On voudrait pouvoir se payer une permanence. Ce sont des objectifs à moyen et long termes.

À plus court terme, les soirées régulières vont reprendre en septembre. Nous avons deux invités de marque, qui auront chacun 30 minutes pour s'exprimer, Robbert Fortin et Hervé Bouchard. En octobre, nous irons visiter les Lundis de la poésie à Gatineau. En novembre, on voudrait emmener un contingent de poètes saguenéens en Abitibi, on cherche des fonds….On n'arrête pas !