Ce que cache tant d’amour pour le français

2008/04/15 | Par Monique Pauzé

Dans le quotidien La Presse du dimanche 13 avril, on trouve un article fort intéressant sur le Nouveau-Brunswick. De nombreux parents montent aux barricades contre une réforme annoncée par le ministre de l’Éducation.

Des citoyens en colère écrivent dans les journaux et dénoncent la réforme, le directeur de l’Institut des langues secondes la critique, un regroupement de professeurs d’université parle d’une « erreur gigantesque », l’ancien premier ministre émet ses propres réserves, le commissaire aux langues officielles s’inquiète, l’ombudsman décrète une enquête, des parents pensent même à déménager.

Pourquoi?

Le gouvernement veut abolir les classes d’immersion française précoce. La population du Nouveau-Brunswick tient-elle autant à apprendre le français? Ou y a-t-il « anguille sous roche »?

La véritable raison de tout ce branle-bas de combat c’est que ces classes accueillent seulement les meilleurs élèves. Ce programme écrème les classes laissant au secteur régulier tous les enfants à problèmes.

Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose?

N’est-ce pas ce que l’on vit au Québec avec les écoles privées et les projets sélectifs offerts au public?

Les élèves sont démotivés, le personnel enseignant aussi.

On peut également faire une autre comparaison avec le Québec. C’est que les enfants issus de familles ayant les revenus les plus élevés ont plus de chances d’être en immersion.

Rappelons-nous qu’au Québec, 62 % des parents qui ont un enfant à l’école privée ont un revenu familial supérieur à 70 000 $ soit bien au-dessus de la moyenne québécoise. L’école privée est toujours réservée aux mieux nantis et sert à reproduire les classes sociales.

Doug Willons, directeur de l’Institut canadien de recherche pour les études politiques à l’Université du Nouveau-Brunswick tient le même discours : l’immersion exacerbe ni plus ni moins que la lutte des classes…

Quelles sont les conséquences de l’augmentation des élèves dans les écoles privées sur la réussite du plus grand nombre?

Quelles sont les conséquences d’une éducation conçue pour les élites?

Au Nouveau-Brunswick, les élèves se classent systématiquement derniers dans toutes les épreuves nationales.

Le ministre de l’Éducation a décidé d’agir : un seul programme pour tous. Son fils est en immersion, sa fille, touchée par sa réforme, sera au régulier.

« J’ai la responsabilité morale de faire en sorte que la réussite de mon fils ne se fasse pas aux dépens d’un enfant en difficulté », dit-il.

À quand un ministre de l’éducation au Québec qui aura une telle vision sociale???

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