Rions (encore) un peu avec Claude Béchard

2008/04/17 | Par Léo-Paul Lauzon

Les pétrolières étrangères (Shell, Esso, Ultramar et Petro-Canada) ont cavalièrement envoyé promener le ministre libéral provincial des ressources naturelles, Claude Béchard, qui, pour épater la galerie, voulait leur imposer une taxe pour réduire les effets des émissions de gaz à effet de serre.

La taxe n’était pas encore en vigueur que les pétrolières arnaqueuses avaient cru bon, par mesure préventive, de la refiler aux automobilistes prématurément. Soyons sérieux, des transnationales comme Shell et Esso (Exxon Mobil) sont deux fois plus grosses que le Canada et huit fois grosses comme le Québec et aucun dirigeant de ces compagnies n’a jamais entendu parler de Claude Béchard. Ce dernier les a fait bien rire avec ses simagrées.

Ces mêmes pétrolières filent doux en Russie, au Venezuela, en Bolivie, en Norvège, en Équateur, etc., mais ici au Québec et au Canada, on a des politiciens qui sont leurs complices du taxage de la population qu’elles pratiquent sans aucune retenue avec notre propre pétrole et notre propre gaz naturel, ne l’oublions pas mes amis.

Les impuissants

Nous avons vu dans mes articles précédents que nos gouvernements nous disent être impuissants face à la concentration de la presse, à la vente à l’étranger de nos instruments collectifs (Biochem Pharma, Provigo, Cambior, Sico, CN, Téléglobe, Domtar, Inco, Falconbridge, Stelco, Alcan, Bell, etc.), face aux pharmaceutiques, aux papetières, aux banques et aux pétrolières, face au Collège des médecins pour régler la pénurie de spécialistes et la multiplication des cliniques privées, face à l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, etc.

En fait, ils ne peuvent intervenir, sinon qu’en les inondant de subventions gouvernementales, de faveurs fiscales et de privatisations qu’ils appellent le libre-marché mais subventionné full pin avec votre argent.

Après, ils nous font croire qu’ils n’ont plus une cenne noire pour investir dans nos services publics et qu’ils doivent les céder au privé ou les tarifer (santé, éducation, autoroutes, aqueducs, garderies, transport en commun, pensions de vieillesse, etc.). Bande d’hypocrites et de lâches. Pour eux, l’État est toujours trop gros et le privé trop petit. Qu’ils calculent donc le coût de l’absence de l’État en prenant pour exemple les États-Unis.

Nos politiciens en sont rendus à supplier à genoux les pétrolières, les banques, les détaillants et les pharmaceutiques d’absorber leur juste part d’impôts et de taxes et de ne pas la refiler à la population, à ne pas hausser injustement le prix de leurs produits et de leurs services (Frais bancaires, taux d’intérêt, etc.), à ne pas tout détourner leurs profits dans les paradis fiscaux, à daigner accepter une grosse subvention à la recherche, à l’investissement, à l’exportation et à la formation, etc.

Et on appelle ça démocratie et on se targue de vivre dans un pays libre. Après tout ça, pour faire de la diversion, on va venir vous dire que ce sont les syndicats qui sont trop forts et vous autres vous croyez ça ben dur.

Trois prises contre Béchard

Revenons, s’il vous plaît, à Tintin Béchard au pays des pétrolières. Après s’être fait ridiculiser avec sa taxe verte qu’il voulait imposer aux pétrolières, Milou Béchard a piqué une autre crisette qui a bien fait rigoler les pétrolières.

Dans l’article de Mathieu Boivin du Journal de Montréal du 12 mai 2007 intitulé : «Béchard songe à un prix plafond», on peut lire ceci au premier paragraphe : «Exaspéré par le «mépris» des pétrolières, le ministre des ressources naturelles, Claude Béchard, songe à leur imposer un prix plafond pour les empêcher d’augmenter le prix de l’essence comme bon leur semble».

Deuxième prise pour le beau Claude Béchard; non seulement il n’a jamais réussi à leur imposer un prix plafond mais elles l’ont encore une fois humilié en le traitant carrément d’ignorant. Et puis, pour enfoncer le clou un peu plus, non seulement elles n’ont pas plafonné leur prix mais elles l’ont augmenté, tel que le laissait paraître, Le Journal de Montréal en première page du 19 mai 2007, soit pour le long congé de la Fête des patriotes : «Les pétrolières défient le ministre Béchard. Nouvelle hausse du prix de l’essence : Bon congé».

Puis, le ministre Béchard est revenu à la charge une troisième fois et a été retiré au bâton pour une troisième prise en exigeant cette fois que les pétrolières lui expliquent et lui justifient par écrit leurs hausses de prix tel qu’illustré dans le titre de cet article de La Presse du 9 juin 2007 : «Les pétrolières devront justifier leurs hausses de prix».

Les prix se sont emballés par après comme pour les vacances de la construction : «Les vacances commencent, le prix de l’essence s’emballe. Claude Béchard demande des explications aux pétrolières», que titrait Le Devoir du 11 juillet 2007.

Naturellement, «Claude Béchard n’a même pas obtenu l’ombre du bout de la queue d’une explication. La pire des répliques de la part des pétrolières : aucune réponse, le néant total, qu’écrivait le journaliste Yves Chartrand dans le Journal de Montréal du 14 juillet 2007 intitulé : «Ultimatum aux pétrolières. Le tire-pois de Claude Béchard».

Monsieur Chartrand écrivait au premier paragraphe de son article : «à défaut de faire peur aux pétrolières, le ministre Claude Béchard aura au moins le mérite de faire concurrence aux sacs à blagues qui tiendront le haut de l’affiche au festival Juste pour rire. Le Don Quichotte de Kamouraska est bien le seul au Québec à croire sérieusement qu’il peut venir à bout de ces monstres transnationaux».

La seule façon de venir à bout de ces bandits serait de créer Pétro-Québec comme on l’a fait avec succès ailleurs. Le Nicaragua et l’Équateur sont donc de bons exemples. Mais ça, le gouvernement Charest n’a pas les couilles pour le faire étant inféodé au patronat.

Au mois de novembre 2007, le gouvernement libéral du Québec a enfin déposé son projet de loi favorisant la transparence dans la vente de l’essence, tel que l’indique l’article de La Presse du 21 novembre 2007 : «Les pétrolières devront justifier leurs prix/ ». Encore une fois, elles n’ont rien justifié et ne justifieront rien dans le futur. Voyons donc, des valets qui veulent en imposer aux rois! Tout à fait impensable.

Et le vaudeville ridicule s’est poursuivi le 24 novembre 2007, tel que l’indiquait le titre de cet article du Journal de Montréal : «Loi 41 : Béchard pourrait fixer le prix de l’essence en cas d’abus». Comme s’il n’y a pas abus de la part des pétroliers depuis toujours. Monsieur Béchard, la farce a assez duré. Vous nuirez moins à la population en vous recyclant dans le mini-putt.

À propos de la transparence légendaire des pétrolières le titre de cet article du Devoir en dit long sur leur véritable nature : «La loi sur l’accès à l’information rebute les entreprises énergétiques». Au premier paragraphe de l’article, il est dit que : «Les entreprises énergétiques refusent de partager des renseignements importants avec les autorités fédérales (sic) parce qu’elles craignent que ces informations ne soient rendues publiques en vertu de la Loi sur l’accès à l’information».

Dans mon prochain article, on verra le vif succès que Béchard a du côté des papetières, un succès aussi retentissant qu’avec les pétrolières… Vous savez, le genre de succès qui fait qu’on se rappelle de vous des années, que dis-je, des millénaires plus tard tellement vous marquez l’histoire de votre temps… Ce n’est pas donné à tout le monde et je vous supplie de ne pas envier son succès!!!