Nouvelles du Saguenay : Nathalie Simard quitte le Québec avec un gars de Jonquière

2008/04/28 | Par Pierre Demers


Personnaliser la nouvelle. Si possible ici comme ailleurs, la régionaliser. Tout est dans la recette de la manchette. Le reste, les lecteurs de La Semaine, les télespectateurs de TQS ou les auditeurs de Radio Pénurie n’y verront que du bonbon.

Au Saguenay aussi, comme en ville, les médias d’information tout confondus laminent par le bas, les faits divers, les petites nouvelles insignifiantes, les potins de toute espèce qui ne dérangent pas les idées en place, conformes au bon goût de notre société qui consomme tout, mais sans se demander comment ça marche tout ça, ce système comme les autres. L’instantané qu’on oublie tout de suite.

Par exemple, pourquoi un titre comme Le nouveau chum de Nathalie Simard, un gars de Jonquière avec qui elle quitte le Québec ? Est-ce une bonne nouvelle, une mauvaise, faut-il s’en réjouir, qu’est-ce qui se passe ?

La semaine dernière, tous les médias de la région, journaux, radio surtout, et télévision ont surfé sur cette nouvelle d’autant plus que des journalistes des postes de radio privés ont enquêté comme des débiles pour LA sortir la grosse nouvelle.

Ils ont claironné à toute vapeur ce que faisait le gars qui avait quitté sa femme et ses deux enfants pour se sauver avec Nathalie quelque part dans le Sud. On voulait tout savoir sur cette NOUVELLE nationale et…régionale.

Et si on s’en crissait royalement de ce potin ? Si on se demande depuis longtemps déjà c’est qui qui choisit les sujets de ces bulletins de nouvelles qui nous assomment de plus en plus sur toutes les plate formes comme dirait un cadre de TVA ou de Radio -Canada ?

Pénurie de journalistes

Au Saguenay comme au Lac, les journalistes sont en voie de disparition. À Jonquière, un hebdo gratuit de Quebecor se vante de rejoindre 105 190 lecteurs par semaine avec ses 113 pages. Il faut être débrouillard pour trouver des articles écrits par des journalistes (3 en tout) à travers cette montagne de pub de chars, de skidoos et de maisons.

Plus des encarts de marchés alimentaires et LA page du maire de Saguenay qui s’affiche avec ses trois photos donnant la main à ses citoyens et annonçant ses émissions télé au canal communautaire Vox sur les sujets qui l’intéressent, comme : comment marche ma ville ? C’est qui dans mon conseil municipal, ? L’histoire régionale revisitée, les croisières, etc.

À Chicoutimi, Le Quotidien et Le Progrès appartenant à Gesca (Power Corporation) publient eux aussi des journaux qui sont faits avec un nombre limité de journalistes (une vingtaine pour les deux) et des têtes chroniqueuses le plus souvent à droite comme dans les autres journaux québécois qui ne sont pas syndiqués et se font foutre à la porte s’ils veulent respecter une ligne de piquetage.

Ainsi, le député péquiste de Jonquière – traité de fif par le gros Champagne (subventionné par Françoise Gauthier, ministre libérale de Jonquière pour son festival estival de bouffe) à la radio pendant la dernière campagne électorale provinciale – a été remercié de ses services de chroniqueur au Quotidien parce qu’il était solidaire des journalistes syndiqués.

Les autres chroniqueurs actuels pigistes du Quotidien qui donnent le ton en somme à ce journal qui alimente les nouvelles radio et télé partout le matin sont des penseurs de droite comme l’ex-ministre péquiste d’Alma Jacques Brassard, mangeur de militants verts et de pro-castristes socialistes; une animatrice de radio privé qui a appris son métier auprès d’André Arthur à Québec; une jeune femme d’affaire qui chronique à partir des manchettes du journal Les Affaires et des communiqués de presse du Conseil du patronat et un ex-éditorialiste du Quotidien qui édite une revue promotionnelle de l’Alcan.

Bref, les idées un peu plus à gauche ne se glissent pas facilement dans ce Quotidien de Chicoutimi. Les journalistes ne sont pas très nombreux. Ils sont débordés et il arrive souvent que, pour couvrir une conférence de presse en dehors de Chicoutimi, c’est-à-dire, La Baie, Jonquière et le Lac (malgré leur unique correspondant), ils envoient le photographe qui ramène le communiqué.

Chicoutimi, avant tout

Avant d’être concentrés à Montréal, les médias d’information des régions sont concentrés dans la ville, ici Chicoutimi. Celle-ci est par le fait même plus présente dans le journal que les autres villes pour la simple raison que les journalistes y travaillent. Aussi, pénurie de journaliste pour couvrir des secteurs comme le culturel et le milieu ouvrier et syndicaliste comme le dénonçaient les personnes qui sont intervenues à la consultation du Conseil de presse. la semaine dernière.

Les autres qui ont évoqué les problèmes de l’information et le sort réservé aux vraies nouvelles dans la région soulignaient le nivellement par le bas vers les mêmes sujets que dans les autres médias nationaux.

Le fait, par exemple, que des têtes chroniqueuses des journaux Gesca (La Presse, Le Soleil) se retrouvent trop souvent dans les pages du Quotidien comme si on ne pouvait pas nous autres aussi les lire ces quotidiens montréalais. Seul Le Devoir se tire un rang dans le spectre de nos quotidien. Mais ici ce quotidien est considéré comme illisible, intellectuel, pas assez de photos….

Un catalogue publicitaire

Pour ce qui est du Progrès-Dimanche, c’est une sorte de catalogue publicitaire de 150 pages en moyenne plein de pub qui forcent les journalistes à choisir un sujet de nouvelle ou d’entrevue et à l’étirer sur deux ou trois page.

Le Progrès-Dimanche est la vache à $$$ de Gesca dans la région. Une sorte de semainier paroissial qui a forcé le Réveil de Jonquière à sortir le dimanche lui aussi. Comme si ici on ne lisait les journaux que ce jour de la semaine.

Pas de nouvelles internationales, que des sujets humains sur du monde d’ici, local, local et beaucoup de vieux dans les foyers du troisième âge. Les journalistes qui veulent y améliorer leur sort, se retrouvent cadres après avoir sorti une grosse nouvelle (ex. Russell Bouchard, transgenre) ou relationniste pour le maire de Chicoutimi qui a le contrôle sur une bonne partie des manchettes de cet hebdo du dimanche de par sa force de frappe et son efficacité à manipuler les médias et à donner des entrevues et des opinions sur tout et rien.

Des journaux sans journalistes comme partout

On voit qu’avec le conflit du Journal de Québec (Ici, encore une fois, on dit le Journal DU Québec…), il est maintenant possible de faire un journal sans eux. Que des agences de presse fantômes crées par Quebecor pour remplir le support à publicité. Ici les journalistes continuent de se servir des nouvelles de ce quotidien tout en déplorant le conflit qui perdure et d’avouer leur solidarité avec les grévistes.

Pourquoi alors s’en servir pour faire leurs bulletins de nouvelles ? Pourquoi reprendre des nouvelles comme celle de Nathalie Simard qui quitte le Québec avec son nouveau chum ? C’est une très bonne nouvelle dans la mesure où ils vont arrêter de nous écoeurer avec ses shows et ses drames…à la frontière du marketing.

Les journalistes sportifs en particulier siphonnent les potins sportifs sur les Canadiens et autres avec une fidélité qui s’apparente à la religion nationale et au marketing généralisé encore une fois. Ici des maniaques de hockey brûlent 500$ pour aller voir les Canadiens et reviennent dans la même nuitte. Ça rapporte à qui tous ces investissements ? À un moment donné, il serait salutaire d’y réfléchir.

Mais les journalistes sportifs (avec leur billet gratuit) ne réfléchissent pas beaucoup, ils carburent aux statistiques comme les amateurs obsédés… Nous autres aussi on prend pour l’équipe de hockey de Montréal quand elles joue bien, mais on finit par se rendre compte que ce serait nécessaire de changer de manchettes comme on doit changer de chemises de temps en temps.

Il se passe le même phénomène de réduction des journalistes et des sujets couverts dans les médias électroniques tels la radio et la télé avec la fermeture annoncée de TQS dans son édifice de Jonquière, la semaine dernière. (À suivre).