Nouvelles du Saguenay : Nathalie… (suite et fin)

2008/05/12 | Par Pierre Demers

Pour finir par finir ce portrait subjectif des médias régionaux où le nombre de journalistes plafonne et les nouvelles volent bas, jetons un coup d’œil sur la carte des postes de radio et de télé au Saguenay.

Même si j’aurais le goût de signaler que Nathalie squatte tellement de médias depuis deux et trois semaines qu’on devrait augmenter la prime qu’elle reçoit de La Semaine et de TQS pour son exclusivité et celle de ses ex…

Tous y passent, même Foglia et les autres chroniqueurs de La Presse ont senti la nécessité, le même 6 mai, de surfer sur le fait divers du printemps… l’exil de NS avec un gars de Jonquière. Touchez pas à notre nouvelle. Pour une fois que…(air connu). Occupez-vous plutôt de la fête des mère, du motard Bernier…

Le lac a calé le 7 mai sur KYK FM et les autres

S’il y a une nouvelle qui réunit, un jour de l’année, les deux solitudes (médiatiques) au SLSJ c’est bien la date où le lac Saint-Jean cale, ou si vous voulez, perd ses glaces (et ses os), premier signal de l’été ici. Le moment d’enlever ses dessous d’hiver et de nettoyer son chalet en face du Piekouagami ou de le vendre.

C’est habituellement la nouvelle qui sort en premier au Lac, sur les postes de radio de Roberval ou d’Alma où l’on prend ça à coeur. Puis les postes de Chicoutimi, Radio -Canada en tête, surfent sur la bonne nouvelle, pour une fois. Avec statistiques, entrevue avec le pilote de Roberval qui survole les glaces, parents et riverins… sont invités à y assister. Un peu d’Alcan pour le dessert.

LE poste de radio privé le plus populaire en ce moment ici, celui qui a aussi siphonné le lac le 7 mai, c’est KYK- FM (95,7) d’Alma/Chicoutimi (Radio Nord Communications inc.), le poste des hits américains et du rock sale. Cette station est plus populaire que celle du gros Champagne à Chicoutimi, CKRS (98,3 FM), surtout à cause d’un animateur vedette(?), Carl Monette, et son «show pas de nom » diffusé en fin d’après-midi.

Récemment, des étudiants en Sciences humaines du cégep d’Alma ont même dénoncé son style poubelle dans le LBR.ca ( 7 mai) et ses remarques racistes. Ils lui ont malheureusement téléphoné et ce dernier les a récupérés comme tout bon animateur qui ne se respecte pas, fier d’être devenu une vedette montante sur le net. Le petit gars se cherche derrière son micro.

Un show pas de classe

Son émission de retour (?), c’est plutôt «un show pas de classe » qu’«un show pas de nom ». Frère spirituel de Jeff Filion, en stage au Lac pour se faire un nom, il parle de n’importe quoi, débite ses spots publicitaires dans le désordre, se prononce sur des sujets «osés » (ex. les filles qui pissent debout et l’usage du Whiz, une mamie lubrique qui chronique), prend constamment les appels des mongols qui veulent tous lui parler pour ne rien dire et fait des jokes de cul avec sa co-animatrice. Celle-ci, Mel, cautionne tout ce qu’il dit comme une nerveuse barbie trépanée.

C’est plutôt triste à entendre, les auditeurs qui téléphonent pour faire rouler en onde leur moteur de char ou pour roter leur bière. On y parle généreusement de sports (le poste des Saguenéens juniors), des bobettes de Madonna, de consommation et de télévision.

Ces jeunes animateurs/tristes, n’ont jamais lu un livre de leur vie, pensent que VLB n’a écrit que des téléromans et dévorent le Lundi. Leur conscience politique est sur les bords adéquiste. Ils ragent contre les services publics non productifs, le prix de l’essence et les têtes grises. Sont contre les talibans…(sic). Le seul journaliste du poste lit Le Quotidien du matin pour rédiger ses bulletins de nouvelles pendant que le chroniqueur sportif plogue sa Cage aux sports. N’ont droit de cité dans leur univers que leurs clients comme dans l’émission matinale du Gros Champagne.

Mais celui-ci avec ses tounes et ses amis rétros ne fait plus le poids populaire devant Monette, le jeune loup radiophonique d’Alma. Les animatrices de KYK-FM souffrent de carence intellectuelle marquée. Elles parlent de sports pour suivre les gars. La chroniqueuse culturelle du matin résume le Loft story de la veille. C’est pathétique.

Ils y ont déjà invité une lofteuse originaire du Saguenay aux seins rechapés, pour la féliciter de sa nouvelle personnalité. L’animatrice était plus sexiste que les gars dans ses questions. C’est le règne du n’importe quoi qui occupe les ondes entre deux jokes débiles. La radio qui creuse le néant. C’est le poste de radio privée qui a la cote à l’heure actuelle au SLSJ.

Les autres ne peuvent assurer pareil niveau. Ils sont donc obligés de développer leur créneau spécifique. Créneau limité quand tout le monde veut meubler le silence des bureaux et des commerces avec de la musique d’ascenseur célinedionnienne et les mêmes bulletins de nouvelles tous alimentés par Le quotidien du jour.

Les autres s’accrochent

Le seul poste de radio de Jonquière, CKAJ-FM (92,5), l’ex-radio communautaire CHOC-FM, toujours communautaire (?) malgré tout, diffuse de la musique western et country jour et nuit et des spots publicitaires à rabais (5 $ Payable à l’avance) de marchés aux puces et de petits commerces. N’importe qui rédige et lit les nouvelles piratées partout et dans Le Quotidien, encore une fois. C’est un poste qui monte avec la courbe démographique vieillissante. Des étudiants en radio du Cégep y ont déjà fait leur classe le soir tard. Des ex-animateurs de radios privées font tourner là leurs vieux 45 tours.

Les postes musicaux branchés sur les réseaux nationaux, CFIX-FM Rock Détente (96,9 FM), Énergie 94,5 FM (94.5) tous de Chicoutimi ne font qu’acte de présence sur la scène informative avec leur journaliste de service pour tout faire et ne rien faire. Là encore les bulletins sont alimentés par Le Quotidien et le fil de CNW pour la scène nationale.

Les fins de semaines, la majorité des postes privés se branchent sur leur réseau respectif. La région se retrouve aux abonnés absents. Ne roulent que les animateurs qui font des reportages publicitaires, cash oblige.

Le poste de Radio -Canada (93,7 FM) de Chicoutimi diffuse de plus en plus de contenu montréalais via les chroniqueurs spécialisés qui font la runne de lait dans tous les postes de base pour assurer revues de presse, nouvelles sportives et correspondances nationales et internationales en plein cœur des émissions locales.

L’été, on se permet même une émission de fin de semaine régionale qui couvre le Bas du fleuve, la Cote Nord et le SLSJ avec animatrice ubiguite. La montréalisation des ondes radiocanadiennes est consacrée depuis longtemps ici.

Mais il y a tout de même encore des journalistes dans la salle des nouvelles qui font autre chose que lire Le Quotidien et le Lingot. Parfois, le Devoir. Malaise: les profs de l’UQAC y occupent trop d’espace pour vendre leur salade, de la théologie à l’environnement plus ou moins endurable. L’animateur de l’émission d’affaires publiques de fin d’après-midi passe son temps à faire des jokes avec la miss météo de Montréal et interview de moins en moins de gens d’ici. Mal pris, il demande à un confrère de la boîte de lui parler du dernier livre, du dernier CD. Le local est plus respecté sur les émissions montréalaises.

Avec le budget du traiteur sur l’émission matinale de René-Homier Roy, on pourrait ici rémunérer des vrais chroniqueurs, un ou deux journalistes de plus. Se déploguer de la maison mère, réclamer des moyens au lieu de voir les postes de journalistes et d’animateurs tombés avec les retraites.

Radio Galilée

Quand on n’en peut plus donc de synthoniser les radios privées clonées ultra commerciales avec animateurs/tristes vides et la SRC plus ou moins chicoutimienne, on peut toujours se rabattre sur Espace musique à la SRC nationale (Stanley Pean y jazze parfois tout de même), sans oublier Languirand par 4 chemins le dimanche soir, Macadam Tribu le vendredi soir ou sur …
Radio Galilée (106,7 FM), une radio religieuse de Québec avec émettrice au Saguenay, le poste préféré du maire Jean Tremblay qui y témoigne parfois de sa foi en Dieu après avoir accordé des entrevues exclusives à tous les postes de radio de la région, au moins deux ou trois fois par semaine. Avec attention particulière au Gros Champagne du matin ou à l’animatrice du midi de 98,3 FM pour que ses messages se rendent bien aux citoyens d’abord… Propagande et contrôle de médias obligent.

On s’ennuie de CHOC-FM communautaire et libertaire où Tony Tremblay et les autres célébraient la radio libre de tout sur une musique déjantée qu’on n’entend plus. Vivement une vraie radio communautaire au SLSJ.

La télé réduite

Pas beaucoup de choses à dire sur la télé régionale réduite à presque rien et des mini bulletins de nouvelles entre grosses galettes réseau SRC ou TVA. Quelques émissions estivales de plogues pour vendre les vedettes montréalaises de passage qui meublent nos festivals de bleuets, gourganes, traversée du lac, hell angels,etc.

Ici aussi le 24 avril, les employés de TQS, la station de Jonquière qui occupe toujours pour quelques semaines encore l’immeuble de la rue Wilfrid-Laurier avec la SRC-TV, ont appris que les frères Rémillard (Remstar) n’avaient pas beaucoup de considération pour la télé régionale et encore moins pour le service d’information. Ils en ont plus pour leurs vendeurs de pub. C’est pas une grosse surprise.

La plupart des employés (36 personnes avec les surnuméraires) seront mis à pied en juin (production commerciale) et en septembre(salle des nouvelles). Resteront à l’emploi de TQS qu’un directeur de la production (?), une secrétaire/téléphoniste et trois vendeurs de pub. Faut-il sauver TQS ?

En région, les journalistes qui travaillent à TQS couvrent autre chose que les gros faits divers et les postes de police comme le font ceux de TQS-Montréal. Ils permettent une diversité de l’information régionale qui en a grandement besoin. Mais alors, faut-il sauver le réseau TQS pour autant?

Je me le demande quand on voit Mongrain partir en trompe interviewer Nathalie Simard en République Dominicaine avec le pdg de La Semaine. Est-ce vraiment un poste de télé nationale qui améliorer notre sort ? L’information divertissante et sensationnaliste qui fait vibrer une certaine classe de téléspectateurs a-t-elle ses limites ?

On veut sauver TQS pour sauver les emplois des journalistes et des artisans. Très bien. Pourquoi ne pas avoir sauvé la salle des nouvelles de CKAC remplacée depuis par un réseau radiophonique (Corus) qui diffuse une ligne ouverte sportive continuelle. Je sauverais le TQS régional, mais pas le national. Loft Story a assez fait de dommage aux cerveaux des jeunes.

Tout à Chicoutimi

Avec la liquidation du poste jonquiérois de TQS, la télévision régionale va elle aussi, comme la radio, se chicoutimienniser. Il était prévu depuis un certain temps que les employés de la SRC-TV déménagent dans le bâtiment occupé à Chicoutimi par les employés de la radio d’État. On entend développer une «synergie »entre les deux salles de nouvelles. Les journalistes de la radio vont-ils apprendre à manier la caméra ? Ceux de la télé vont-ils se mette à se vouvoyer ?

Pour sa part, le poste de télé affilié à TVA, situé sur le Mont Sainte-Claire à Chicoutimi, a vu sa salle de nouvelles réduite depuis quelques années. On est en train d’y faire le virage vers les plates-formes multiples (TVA, LCN, WEB) chères à Quebecor.

Lors de sa visite dans la région pour marquer le 45e anniversaire de la station, le vice-président aux affaires publiques de TVA, Serge Fortin, a précisé sa philosophie de l’information en termes clairs, «tous nos journalistes sont appelés à sortir les meilleures histoires et à être le plus proche des gens. 56% des cote d’écoute du TVA 17 heures proviennent des régions. » (Le Réveil, 27 avril).

Ici aussi les nouvelles TVA cherchent, quoiqu’un peu moins qu’à Montréal, à faire pleurer les témoins de drames vécus près de chez nous, de chez vous.

Restent comme télé, les télés communautaires de plusieurs municipalités dont Chicoutimi avec les émissions sur canal Vox du maire Tremblay piratées à travers le net et même la télé de masse ( Dufort et co.).

Ailleurs aussi cette télé sert d’antichambre pour promouvoir les messages des conseils municipaux. Alors que la télé communautaire à l’époque de ses débuts au Lac devait donner la parole et l’image aux classes de travailleurs pour mieux s’organiser, la télé outil de changement. Aujourd’hui, cette même télé (de studio) est devenue conventionnelle par la forme et consolide les idées et les pouvoir en place. Une vraie télé politique.

Reste Télé-Québec dont les bureaux de Jonquière, voisins d’ATM au Cégep produisait avec une équipe locale réduite des capsules de l’émission Méchant contraste axée sur la culture et les changements régionaux.

À l’automne, on remplace cette émission produite à Québec par Kilomètre zéro, avec «des histoires touchantes à caractère humain. On veut aller sur le terrain en montrant des exemples concrets », souligne le directeur des programmes Martin Roy (Le Soleil,16 avril). On a déjà entendu ce type de discours. Télé-Québec fait-il le virage human interest ou plutôt franctireurresque ?

L’animatrice vedette, Karina Marceau, originaire de Québec, a déjà animé sur TVA et TQS. Les postes des régions vont encore servir d’images ressources pour la tête de pont de Québec.

Mais on dit que Télé-Québec prépare une autre émission à caractère régional pour bientôt. Saviez-vous que dès ses débuts Télé-Québec ne produisait qu’en région avant qu’on rapatrie la majorité des budgets à Montréal pour produire des shows de chaises et des Francs Tireurs ?

Faut que j’arrête ici. Me voilà anti-montréalais comme le Gros Champagne et Monette. Les médias traditionnels finissent par tout confondre. Heureusement qu’il y a le net pour faire le ménage. Pendant ce temps, Nathalie….