Nouvelles du Saguenay… et du 400e de Québec

2008/06/04 | Par Pierre Demers

Ici au Saguenay comme au Lac, on s'en balance des fêtes du 400ème de Québec. Pourquoi? C'est simple, ils ont plein de fric des gouvernements pour fêter tandis que nous, de ce côté-ci du Parc, on n'a rien. C'est le point de vue des animateurs de radio qui s'expriment sur les ondes quand le sujet se retrouve à l'ordre du jour. «Un gros party sur notre bras», qu'ils disent et que répètent en chœur les lignes ouvertes. Si les touristes vont tous à Québec, c'est qui viendra chez-nous?

Le maire de Québec est bien venu à Chicoutimi cet hiver pour vendre son 400ème et vanter les talents d'administrateur municipal de son modèle, Ti-Jean Tremblay. Mais personne ne prend vraiment au sérieux la programmation culturelle exceptionnelle de ces Fêtes.

Chacun cherche à monter en épingle les mauvais coups de l'organisation et laisse de côté le reste qui coûte des millions$. Ici, c'est normal de jalouser les autres. On voudrait tant que tout se passe dans notre cour. On est tricoté serré, comme dirait Gérard Bouchard. L'information sur le 400ème circule sous le couvert. Et que dire de l'Off 400ème encore plus ignoré par les médias locaux (et nationaux)? Quoi, un Autre 400ème ? C'est quoi ça? Encore les groupes populaires. Les communistes. Les anarchistes de Québec. Des adéquistes frustrés. Ceux qui n'ont pas eu de subventions du 400ème.Voyons voir.

Le congrès eucharistique international

Dans le dernier Progrès-Dimanche (La bible hebdomadaire régionale), on tombe sur un cahier spécial du Congrès-Eucharistique international qui aura lieu à Québec du 14 au 22 juin. L'Église catholique recrute dans la région, terre fertile en croyants exaltés. Le maire de Chicoutimi doit être content. Il va sans doute y participer activement. C'est son genre de party. Il a déjà chassé des participants à un rave sur le Vieux-Port de Chicoutimi. Vous voyez le genre. Il est vraiment catho exalté. On y reviendra.

En fouillant du côté de la convergence de l'Autre 400ème, j'apprends plein de choses sur le Congrès Eucharistique. Entre autres, ses organisateurs curés ont reçu 4 millions de fonds public pour se célébrer dont 500 000$ pour tenir une messe en plein air. C'est pas mal cher l'hostie. Beaucoup de donateurs privés (Rona, Ameublements Tanguay, etc…) ont également fourni à la caisse bénite.

L'Autre 400ème entend occuper à sa manière l'espace public pendant le Congrès Eucharistique en proposant des actions anti-congrès du 14 au 22 juin. Le porte-parole de la convergence de l'Autre 400ème, Robin Couture, lance un appel à la dissidence, «nous invitons toutes les personnes qui refusent de voir notre espace politique se recatholiser à s'unir à la convergence pour établir un contre-discours afin d'entendre autre chose que les cloches du Vatican.».

Guerre à la guerre, le 3 juillet

Autre activité anti-400ème prévue par la convergence le 3 juillet, une manifestation anti-défilé militaire. Là encore les organisateurs n'ont pas ménagé les fonds publics pour mousser l'évènement en laissant croire que les petites familles en vacances devenaient le public de choix pour un tel défilé coloré….

L'Autre 400ème dénonce la complicité établie entre les Fêtes du 400ème et l'Armée canadienne fédérale qui profite des festivités de la ville de Québec pour vendre l'implication militaire conservatrice en Afghanistan.

La convergence de l'Autre 400ème reproche avant tout aux responsables des Fêtes du 400ème de mettre l'emphase sur le rayonnement international de la Ville de Québec et d'investir des millions de dollars dans le marketing.

Le nouveau maire Labeaume gonflé à bloc se vend au plus offrant en essayant de tirer le meilleur profit politique de l'évènement. Il est dangereux ce monsieur. Voyez-le manœuvrer avec les syndicats de sa ville. Il occupe toutes les tribunes pour écarter tout son entourage….On y reviendra.

Pour leur part, les organisateurs des festivités écartent de leur programmation, axée avant tout sur le tourisme, les citoyenNEs de Québec, les quartiers et les communautés.

D'autres groupes militants de Québec et de Montréal se sont donné rendez-vous à Québec lors du défilé militaire du 3 juillet pour manifester de toutes les manières possibles. Le plan d'intervention comprenant des actions souples et plus convaincantes reste à établir.

Le camp des 4 sans

Pour leur part, les groupes populaires de Québec et d'ailleurs qui luttent pour un logement décent, les membres du FRAPRU à travers tout le Québec, organisent un camp des 4 sans (sans toit, sans voix, sans droit, sans sous) pour occuper eux aussi l'espace public pendant les festivités du 400ème.

Ce camp se tiendra du 26 au 28 juin dans un lieu à déterminer parce que la Ville a refusé aux organisateurs des lieux bien situés à proximité des lieux officiels du 400ème.

Étienne Grandmont du comité populaire St-Jean-Batiste, porte-parole des 4 sans à Québec, précise leurs intentions. «La ville veut nous écarter le plus loin possible du centre-ville. C'est pas grave, on va monter le camp, où il nous semble le plus propice à perturber le cours normal des festivités. On a plein de choses de prévu. La programmation va permettre de sensibiliser la population à nos revendications. On a des ateliers qui donneront la parole au groupe américain No Vox et au mouvement français Droit au logement. Le tout va se terminer sur une grosse manifestation le 28 juin devant le manège militaire (ou ce qui en reste) pour revendiquer le droit au logement pour tous. Les logements pour personnes à faibles revenus sont rendus plus chers et plus rares à Québec qu'à Montréal. ».

Un groupe du Saguenay, Loge M'Entraide, affilié au FRAPRU entend participer au camp des 4 sans et surtout à la manifestation du 28 juin. On a déjà rempli un bus de 36 militants. Restent 12 places de libre. Il faut faire vite. C'est beau Québec l'été.

Ici aussi les logements pour personnes sans gros revenus deviennent de plus en plus rares. La coordonnatrice du groupe, Sonia Côté l'admet, «le taux d'inoccupation des logements est passé de 4,9 % à 2,8 % en une année. C'est de plus en plus difficile de loger des personnes monoparentales avec deux enfants. Les 5 ½ sont devenus rares au point où les propriétaires font de la discrimination. J'ai eu justement un cas ce matin où la femme s'est fait refuser le logement à cause de ses enfants. Nous aussi on a des raisons de manifester à Québec.».

Tous ces groupes populaires, ces convergences, ces anti 400ème, ces sans tout ont des sites internet où l'on peut consulter leur programmation. À vous de jouer. Bon 400ème quand même. On aime bien Québec au clair de lune entre deux tours de traverse de Lévis.