Recrudescence de la précarité

2008/06/05 | Par Lucie Martineau

La recrudescence de la précarité des emplois dans la fonction publique est l’une des conséquences des politiques néolibérales mises de l’avant par l’actuel gouvernement. Ainsi, de 2006 à 2008, le pourcentage des membres du SFPQ ne bénéficiant pas de la sécurité d’emploi est passé de 31,6 % à 37 %.
photo : Lucie Martineau

La grande responsable de cette situation est la politique de non-remplacement des départs à la retraite, imposée par le gouvernement Charest. En plus d’absorber une diminution de l’équivalent de 4 538 postes à temps complet depuis 2004, les ministères et les organismes qui reçoivent l’autorisation d’embaucher sont généralement contraints de le faire par le biais d’emplois occasionnels, et ce, bien que le besoin identifié soit permanent. Nous assistons donc au retour en force du phénomène des « faux » occasionnels.

Cette situation contribue grandement à détériorer la qualité de vie au travail en générant des surcharges de travail, qui finissent par avoir un impact sur la santé du personnel. À cet égard, il est plutôt inquiétant de constater que l’augmentation du nombre de congés de maladie utilisés par les employés de l’État ne semble aucunement préoccuper Monique Jérôme-Forget. Pourtant, tôt ou tard, cette problématique rattrapera le gouvernement.

Les jeunes quittent la fonction publique

La situation qui prévaut n’a rien pour favoriser le renouvellement des effectifs de la fonction publique. Mme Jérôme-Forget peut bien prétendre que « les jeunes ont compris qu’ils pouvaient compter sur un milieu de travail qui leur offre la possibilité de mettre à profit leurs connaissances et leurs habilités », la réalité est tout autre.

Dans les faits, la présence des jeunes de moins de 35 ans a diminué au sein de la fonction publique au cours des dernières années. Parmi les membres du SFPQ, le nombre de jeunes fonctionnaires et ouvriers est passé de 7 141 en 2004 à 6 479 en 2008.

Pire encore, le dernier portrait des effectifs de la fonction publique publié par le Conseil du trésor nous apprend que de plus en plus de jeunes quittent la fonction publique. Ainsi, en 2004-2005, 148 jeunes quittaient le navire alors qu’en 2006-2007, ce sont 204 départs qui étaient enregistrés. Cette situation devrait préoccuper au plus haut point les autorités gouvernementales, qui devront inévitablement faire face à la pénurie de main-d’œuvre associée au vieillissement de la population.

Revenir à la charge

À la fin des années 1990, le SFPQ avait entrepris une importante lutte contre la précarité. À cette époque, le Syndicat avait tenu une importante enquête sur la question. Quelques années plus tard, à la suite de la signature des conventions collectives 1998-2002, quelque 6 000 fonctionnaires et ouvriers avaient obtenu un poste permanent. Ce fut une victoire syndicale exceptionnelle pour notre organisation.

Force est de constater qu’après cinq ans de régime libéral, nous sommes revenus à la case départ. Il nous faut donc remettre le dossier de la précarité à l’ordre du jour. En ce sens, la réédition de notre enquête sur la précarité, dont les conclusions seront dévoilées à l’automne 2008, est une première étape. Il ne fait aucun doute que cette enquête permettra d’alimenter notre réflexion collective devant conduire à la préparation de notre cahier de revendications en vue du prochain cycle de négociations dans le secteur public.

Lucie Martineau est présidente générale du Syndicat de la fonction publique du Québec