Un système de santé public pour contrer les épidémies

2008/06/19 | Par Sébastien Robert

Plusieurs médecins travaillent actuellement dans différentes associations, comme « médecins canadiens pour un système public » et « médecins québécois pour un régime public », pour défendre et faire la promotion du système de santé public au Québec.

Aux premiers abords, leur motivation semble uniquement politique. Les médecins sont aussi des citoyens. Ils sont conscients que la meilleure manière de dépenser l’argent des contribuables en santé, c’est en investissant dans le système public de santé, beaucoup moins coûteux qu’un système de santé privé.

Après une étude approfondie de la question, on s’aperçoit qu’il y a aussi des raisons médicales de s’opposer à l’entrée du privé en santé. C’est au niveau des maladies infectieuses que la question médicale vient intervenir dans le débat sur le privé en santé.

D’abord, si la gratuité des soins n’est pas assurée, il y aura inévitablement des personnes qui, par manque de moyens, n’iront pas se faire soigner. Ces personnes, en plus de devenir beaucoup moins productives, créent un risque de propager des maladies infectieuses.

Ensuite, il y a la question des données médicales. Pour pouvoir faire une intervention en santé publique, il faut pouvoir savoir qu’il y a une éclosion. Au Québec, la RAMQ a accès très rapidement à tous les diagnostics faits par tous les médecins du Québec. Les médecins sont obligés de donnés ces informations s’ils veulent être payés par la RAMQ. Ainsi, il est facile de suivre une éclosion ou une épidémie et d’intervenir correctement et efficacement.

Aux Etats-Unis, il y a souvent des fausses alertes infectieuses parce que les autorités sanitaires n’ont pas accès à toutes les données médicales sur leur territoire. Elles doivent donc sur-réagir pour pouvoir assurer la sécurité du public. Le même genre de réaction arrive en France où les autorités sanitaires ont beaucoup de difficultés à avoir un portrait claire de l’évolution des maladies infectieuses.

Au moment où le SRAS et la grippe aviaire sont des menaces importantes qui risquent de nous frapper à moyen terme, notre réseau public de santé demeure l’outil le plus efficace et le plus éprouvé pour faire face à une épidémie.