Bibliothécaires « indépendants » financés par la CIA

2008/08/13 | Par Jean-Guy Allard

Robert Kent, patron de l'organisation Friends of Cuban Libraries, sera présent à Québec, au Congrès mondial des bibliothécaires, pour continuer à calomnier Cuba.

Cette fois, cependant, ce collaborateur actif de la CIA a un sérieux problème: son vieil ami Frank Calzón, le propriétaire du Center for a Free Cuba qui finance ses activités, fait l'objet d'une enquête du Congrès américain en raison d'une énorme fraude survenue aux dépens de la USAID.

Photo:Frank Calzon

L'important évènement, organisé par la Fédération internationale des associations de bibliothécaires (IFLA) commencera ce 10 août et rassemblera plus de 4 000 bibliothécaires du monde entier.

Depuis presque une décennie, Kent se consacre à la mission que Calzón lui a confié personnellement: dénigrer les bibliothécaires cubains légitimes du réseau national de bibliothèques, en stimulant un minuscule réseau de prétendus bibliothécaires créé par la Section des intérêts nord-américains (SINA) à La Havane avec l'aide de ses informateurs rémunérés.

Le plan fait partie de la stratégie conçue par la USAID avec son programme Cuba pour déstabiliser, à coups de dizaines de millions de dollars, la Révolution cubaine.

Dans le cadre de ce projet, Calzón a dépensé des dizaines de milliers de dollars… mais une enquête récente du General Accountability Office (GAO) a découvert dans ses comptes de vertigineux trous parmi les prétendues opérations réalisées par son staff mercenaire en sol cubain.

Les remontrances du GAO à Calzón et à d'autres délinquants qui vivent de la contre-révolution ont été telles qu'il y a quelques mois, la crise de la USAID a provoqué la sortie du fonctionnaire corrompu Adolfo Franco qui arrosait de millions depuis des années les capos de la mafia cubano-américaine.

Franco s'est réfugié dans l'organisation de la campagne du candidat républicain à la présidence, John McCain, qui est (quel hasard!) également chef de International Republican Institute (IRI), un autre bénéficiaire des bontés de la USAID.

En avril dernier, Calzón a lui-même confessé que Felipe Sixto, son bras droit durant des années au Center for a Free Cuba, avait volé un demi-million de dollars au cours de son séjour dans cette dépendance de la Compagnie.

Il y a quelques jours, le représentant démocrate Howard Berman, qui dirige la Commission des Affaires extérieures de la Chambre basse étasunienne, alarmé par les révélations du GAO, a ordonné la congélation des fonds du Center for a Free Cuba «en réponse au détournement de 500 000 dollars», selon les termes de la presse nord-américaine.

En prenant la mesure, le politicien nord-américain a reconnu que depuis des années la mafia cubano-américaine détourne de façon scandaleuse les fonds destinés aux campagnes annexionnistes que le gouvernement nord-américain prétend mener contre Cuba.

Le Congrès est alors allé jusqu'à congeler la totalité des 45 million assignés en 2008 au programme Cuba de la soi-disant Agence internationale pour le développement (USAID)… pour ensuite accepter les promesses de la Maison Blanche, du Département d'État et de la USAID d'enquêter à fond cet énorme système de détournement de fonds fédéraux, encouragé depuis des années par les Diaz-Balart et Ilena Ros-Lehtinen, congressistes cubano-américains affiliés à la mafia de Miami. La subvention de Calzón est cependant demeurée congelée en raison de son envergure.

On ignore encore jusqu'à quel point Kent a mis la main dans le sac, mais il est probable que le New-yorkais devra bientôt justifier face aux experts comptables chaque centime qu'il a dépensé depuis dix ans dans ses aventures anti-cubaines qui l'ont conduit autour du monde, grâce à Calzón, son ami intime.

UN BIBLIOTHÉCAIRE AVEC TRANSMETTEUR ET MONTRE GPS

En février 1999, la «dissidente» cubaine Aleida Godinez a reçu la visite de Kent qui s'est présenté sous une fausse identité. Il a dit qu'il était bibliothécaire à New York et qu'il venait au nom de Calzón, déjà connu comme étant un vieil agent de l'Agence centrale de renseignement.

La visite de Kent avait deux objectifs: sous-contracter Godinez pour le compte de Calzón pour enquêter sur des sujets sensibles de l'économie cubaine et l'inciter à photographier le lieu de résidence du vice-président du Conseil d'État, Carlos Lage Dávila. Une opération d'espionnage.

Kent n'apportait aucun livre. Il venait avec une caméra, un appareil radio ondes courtes, un transmetteur-récepteur 10 bandes et une montre de marque Cassio avec GPS ainsi que beaucoup d'argent liquide.

Le nord-américain a été détenu aux douanes et expulsé pour espionnage.  Ce James Bond de pacotille ignorait qu'Aleida Godinez était un agent de la Sécurité d'État cubaine où elle est connue comme étant l'agent Vilma.

UN COÛTEUX MÉCANISME DE PROPAGANDE

Les États-Unis dépensent annuellement des dizaines de millions de dollars, de l'argent des contribuables, pour attaquer Cuba.

L'organisation de Kent, Friends of Cuban Libraries, est un autre de ces «comités de canapé» dont tous les membres arrivent à s'asseoir sur un seul de ces sièges, créés selon les plans du QG CIA de Langley.

Le gouvernement Bush qui a ruiné le pays avec la guerre en Irak, qui a autorisé la torture au camp de concentration de Guantanamo et qui a abandonné à son sort la population noire de la Nouvelle-Orléans, est le même qui prétend donner des leçons de respect des droits de l'homme à Cuba au moyen d'une énorme machine de propagande.

Au congrès mondial des bibliothécaires d'Oslo, en Norvège, l'offensive de Robert Kent s'était convertie en une spectaculaire défaite. Abandonné par ses dernières recrues d'Europe de l'Est, il avait été exclu du podium.

Au congrès suivant de Séoul, en Corée, Kent a fait long feu. Tandis que la résolution qu'il était arrivé à introduire à force de machinations n'a pas même être présentée, en raison de sa totale irrégularité, l'évènement a servi aux bibliothécaires de Cuba pour renforcer leurs relations avec d'autres pays.

Quelques semaines plus tard, le gouvernement Bush, dans un autre effort inutile pour discréditer Cuba, a introduit comme conférencière Madeleine Albright, le faucon déplumé de l'ère Clinton qu'on avait récupéré de la boîte à ordures pour la guerre sale contre Cuba.

Au congrès mondial des bibliothécaires qui s'ouvre à Québec, Kent arrivera avec son pantalon en accordéon, son inséparable serviette verte, pour effectuer son travail d'agent dans les couloirs du Centre des congrès, dans une opération de désinformation dirigée par le Département d'État de Bush.

Il est probable qu'il se fasse accompagner par l'un des salariés cubains de service, généralement assimilés aux groupes les plus violents que tolère l'appareil judiciaire de Bush au sud de la Floride.

Il revendiquera des appuis comme ceux d'ex dissidents d'Europe de l'est qu'il a recruté pour être, sans exception, liés aux services secrets étasuniens, ou d'organisations comme Reporters sans frontières, du mercenaire français Robert Ménard, chef d'une soi-disant ONG qui reconnaît, faute d'avoir le choix, recevoir le financement… de ce même Center for a Free Cuba de Frank Calzón.

Il devra cependant faire face dans la ville historique qui fut le berceau de la Nouvelle-France, aux militants de la solidarité avec Cuba et à de nombreux bibliothécaires amis de l'Île qui se sont déjà lassé d'entendre la rhétorique usée de Kent, copiée de l'habituel discours de l'extrême droite nord-américaine.