Gentilly-2 : conférence de presse sur « invitation »

2008/08/20 | Par Philippe Giroul

Mardi matin, j'ai pu assisté, malgré un cordon de sécurité Hydro-Québec circonstanciel, à la conférence de presse d'Hydro-Québec qui dévoilait sa décision d'aller de l'avant dans la réfection de la centrale nucléaire vétuste et obsolète de Gentilly-2.

Surprise: n'entrait pas là qui le voulait : il fallait être « invité » ou faire partie de la FTQ... Un écologiste reconnu s'est fait sortir par les sbires de la société d'état! On se serait cru en Chine ou en Russie ou en Birmanie ou en Roumanie du temps de Ceausescu. Des dizaines de travailleurs FTQ avaient été convoqués d’urgence pour assurer la claque généreuse aux discours bien ficelés du potentat Thierry Vandal et de ses deux marionnettes qui l’entouraient.

J'aurais voulu poser, pacifiquement, trois questions aux acteurs de ce cirque médiatique bien préparé :

La première question : Comme le gouvernement actuel exige l’acceptation sociale pour tout nouveau projet de mini-centrale hydro-électrique, est-ce que Hydro-Québec a vérifié cette acceptation sociale pour son projet de rénovation de G-2.
Si oui, quand et comment cela a été fait ? Quels sont les résultats en 2008 ?
Si non, quand et comment va-t-il le faire ?

La deuxième question : Quand j’ai appris dernièrement l’énormité des rejets environnementaux associés à l’exploitation de la centrale nucléaire de Gentilly-2 et de ses installations de stockage des déchets radioactifs ainsi que la description des organes qui peuvent être atteints, j’ai été effrayé.
Aller-vous accepter de cautionner ce projet irresponsable et vous présenter devant vos concitoyens et les travailleurs de Gentilly et leur dire : « On s’en fout de votre santé et des générations futures, il faut absolument garder des emplois ici ! »

Et la troisième question à la Ministre Julie Boulet : étant donné que l’avenir des générations futures est en cause dans ce projet d’Hydro-Québec et que c’est un choix de société qui doit être fait démocratiquement, pouvez-vous recommander à votre gouvernement de respecter la démocratie et proposer un débat parlementaire ouvert pour débattre en toute transparence de ce projet ?

Trop tard ! Les jeux étaient faits depuis longtemps : le conseil des ministres avait statué le décret d’appuyer ses comparses d’Hydro-Québec.
Lors de la période de questions, seuls quelques journalistes triés sur le volet ont pu s’exprimer. Les citoyens devaient se la fermer. Exit la démocratie au Québec !

Que peut faire maintenant l’opposition ? Suivre impunément l’autocrate Jean Charest ou bien se tenir debout et exiger ce débat démocratique ! Car, comme le témoignait le 21 juillet dernier, l’Association Major Power Consumer in Ontario : « L’histoire de la partie nucléaire de l’Ontario est une tragédie qui est une longue et malheureuse litanie d’échecs technologiques et opérationnels caractérisée par une performance bas de gamme à des coûts exorbitants et en augmentation rapide. C’est un exercice de soins palliatifs envers une technologie CANDU non-rentable et sans avenir. »
Que fera l’Action démocratique ? Sans doute comme d’habitude : observer les coqs au- dessus des églises des villages et jouer avec opportunisme à l’Arlequin avec Thierry Vandal. Ils continueront à dormir au gaz dans ce dossier radioactif.

Quant au Parti québécois, qui se réunit en caucus, à Bécancour, curieusement le lendemain du spectacle mis en scène par H-Q, pourra-t-il se démarquer de la loi du silence de Notre société d’état et de son acolyte le gouvernement actuelle. L’occasion est très belle pour exiger du gouvernement libéral ce débat démocratique essentiel où tous les intervenants (pour ou contre) dans ce dossier pourront avoir la parole en toute transparence. Les élus péquistes devront exiger le dépôt public de toutes les études techniques, économiques et environnementales demandées lors du BAPE de 2005. Il y va du respect de cette institution démocratique.

Le parti libéral devrait être confronté à un nouveau Suroît, Rabaska, Mont-Orford , nucléaire cette fois !
Ensuite, lors des prochaines élections, la parole sera aux citoyens qu’il faut bien informer des véritables enjeux de société qu’ils veulent léguer aux générations futures.

Philippe Giroul,
Citoyen, client-actionnaire de Hydro-Québec