Gentilly-2 : Pourquoi j’ai traité la ministre de menteuse

2008/08/25 | Par Sébastien Bois

Suite à l'annonce de la conférence de presse concernant la réfection de Gentilly-2 à Bécancour, je me suis présenté à cette fête de famille « nucléomane ». Fête de famille puisque seuls les syndiqués de la Fédération des Travailleurs du Québec, les ami(e)s d'Hydro et les médias y étaient invités.

Je m'y suis présenté car je travaille pour le journal de rue de Trois-Rivières et je me soucie de la population dans son ensemble. En vase clos et sécurisé par des colosses de la Sureté du Québec, on y annonçait la réfection de G-2 : l'annonce était prévisible.

Lors de cette conférence de presse, j'ai effectivement traité la ministre Julie Boulet de menteuse lorsqu'elle a mentionné que le projet était sécuritaire pour les travailleurs, la population et l'environnement.

À l'extérieur de la conférence, ou plutôt interdit d'entrée, M. Marcel Jetté et M. Serge Simard, travailleurs accidentés, ou devrais-je dire irradiés, attendaient impatiemment une réponse négative de la part de M. Vandal.

Comment ne pas réagir en pensant à eux, aux cancéreux de Champlain (le vent souffle nord-est), aux gens de Gentilly, à ceux et celles qui ont 2 anus, 3 seins, aux nombreuses fausses couches… et aux autres oublié(e)s qui en souffrent?

Lors de la période de questions, alors que les journalistes pouvaient poser deux questions, on ne m'a pour ma part jamais donné droit de parole à l'adresse de la ministre Julie Boulet, malgré ma main visiblement bien levée.

Ma seule question était : « Où en est rendu le processus démocratique dans toute cette démarche alors que la majorité de la population y est opposée ? » Le refus de m'accorder la parole fut donc une réponse à ma question !

En tant que rédacteur et intervenant d'un journal de rue, comment puis-je encourager les jeunes et moins jeunes à s'insérer dans le processus « démocratique » traditionnel alors que j'en suis moi-même exclu ?

Devrais-je leur dire : « si tu penses comme eux, insère-toi, sinon, la société n'est pas faite pour toi? ». Non, je refuse ce constat. Si tu n'as pas ta place, prends-la, elle te revient et tu as le droit d'exister comme citoyen.

J'en ai soupé des démagogues et des populistes. Je ne m'oppose pas à la médecine nucléaire ni aux usines produisant le matériel nécessaire, ce qui n'est pas le cas de G-2. Je m'oppose plutôt à la production de l'énergie nucléaire.

Cette technologie est malheureusement nocive pour la santé des travailleurs, de la population et celle de l'environnement. Bien qu'Hydro-Québec cache ses travailleurs et sous-contractants accidentés et les ostracise, elle ne cache plus les 49 sortes de radionucléides rejetés dans l'air et les 46 rejetés dans l'eau et sur terre. G-2 est une technologie Candu. Les Candus sont refusés par les États-Unis et l'Angleterre car ils ne sont pas assez sécuritaires.

Hydro-Québec doit passer en septembre devant la Commission de sureté nucléaire, une agence canadienne s'étant réajustée aux critères internationaux. Avec ses nouvelles normes, G-2 ne devrait pas être accepté. La commission a d'ailleurs refusé cette année la rénovation d'une centrale ontarienne.

Pour un enjeu de société aussi majeur et pour nos générations futures, une commission parlementaire doit être exigée pour pousser plus à fond ce questionnement. Loin de moi le fatalisme, je crois à la raison et à la démocratie. Refusons la réfection de la centrale Gentilly-2.

Citoyennement vôtre,

Sébastien Bois, rédacteur en « chef » du journal de rue trifluvien La Galère