Bolivie: Morales expulse l'ambassadeur US

2008/09/16 | Par ERBOL

Présentation

La décision du Président Evo Morales d’expulser l’ambassadeur des États-Unis Philip Goldberg a démontré qu’un petit pays qui se tient debout peut faire échec à l’impérialisme Yankee.

L’article ci-dessous dont nous vous offrons la traduction est d’une grande valeur en ce qu’il démontre que les pays d’Amérique latine ont aussi leurs services de renseignements et savent les utiliser. Au même moment d’ailleurs, un complot visant le président Hugo Chavez était découvert au Venezuela avec comme conséquence l’expulsion de l’ambassadeur américain dans ce pays. Peu auparavant, un autre complot avait été découvert au Paraguay, quinze jours après l’intronisation du nouveau président Fernando Lugo le 16 août dernier.

Les pays de l’Amérique latine se souviennent des coups d’états successifs et des dictatures sanglantes qui avaient suivi une vague de démocratisation dans les années 1970. Qui a oublié le Chili et son président Salvador Allende! C’est pourquoi l’annonce de la réactivation de la IV eme flotte américaine, loin de provoquer l’effet de dissuasion espéré a bien au contraire accéléré les processus d’unifications politique et économique de ce continent.

Cette tendance s’est clairement manifestée avec l’appui qu’a reçu, venant de toutes parts, le président Evo Morales. Argentine, Brésil, Uruguay, Équateur, Paraguay, Chili, etc. ont exprimé leur réprobation pour l’ingérence américaine.

Il se peut que le rêve de Simon Bolivar se réalise finalement : celui d’un grand continent Sud Américain uni et que contrairement à ses dernières paroles il n’ait pas « labouré la mer »

André Le Corre

Le Président de la Bolivie expulse l’ambassadeur des États-Unis pour conspiration

Jeudi 11 septembre 2008
ERBOL

Le président Evo Morales a déclaré ce mercredi l’ambassadeur des États-Unis, Philip Goldbert, persona non grata et a ordonné son expulsion de Bolivie sous l’accusation de conspiration contre son gouvernement et la démocratie bolivienne.

Le chef du gouvernement et de la nation a demandé au chancelier, David Choquechuanca, qu’il prenne toutes les mesures légales et diplomatiques pour que le chef de la mission diplomatique étasunienne retourne dans son pays le plus tôt possible.

«J’ai demandé à notre chancelier de la République (…) qu’il envoie aujourd’hui à l’ambassadeur une note lui faisant connaître la décision du gouvernement national, de son Président, pour qu’il retourne, au plus urgent, dans son pays; nous ne voulons pas de séparatistes qui conspirent contre l’unité et qui attente à la démocratie» a affirmé le chef de l’État en réitérant ses accusations contre le diplomate étatsunien d’être un des principaux conspirateur cherchant la division de la Bolivie.

«Celui qui conspire contre la démocratie et, par dessus tout, recherche la division de la Bolivie est l’ambassadeur des États-Unis» a déclaré Morales lors d’une réunion au Palais du gouvernement durant laquelle il condamna durement la flambée de violence, incluant l’attaque du gazoduc, déclenchée par l’opposition dans plusieurs départements.

Putsch civil préfectoral

Dans un communiqué de presse, l’Aile parlementaire du Mouvement vers le socialisme (MAS) a fait connaître les détails sur les actions entreprises par l’ambassade des États-Unis pour conspirer contre le gouvernement d’Evo Morales. Les États-Unis mettent en œuvre un plan putschiste pour défaire le gouvernement populaire du président Evo Morales au moyen du CONALDE (Consejo National Democratico… ). Les événements qui ont lieu aujourd’hui dans les départements de l’est obéissent à une stratégie que nous détaillons ci-dessous :

1. Le 13 octobre 2006, les États-Unis envoient en Bolivie l’ambassadeur Philip Goldberg, un expert dans le développement de complots séparatistes. Entre 1994 et 1996, il fut chef du bureau du département d’État pour la Bosnie (durant la guerre séparatiste des Balkans). Entre 2004 et 2006, il revient comme chef de mission à Pristina (Kosovo). Là, il a consolidé la séparation et l’indépendance de cette région, ce qui occasionna des milliers de morts.

2. Philip Goldberg est venu en Bolivie dans le but de déstabiliser le gouvernement d’Evo Morales, principalement en motivant le séparatisme des régions orientales. En Bolivie, après l’historique triomphe du 18 décembre 2005, les partis traditionnels et les élites ayant été complètement déroutés, Goldberg s’occupa de les réorganiser et de leur tracer le chemin d’une conspiration pour défaire Evo Morales.

3. Goldberg organisa une grande coordination avec les hommes d’affaire de l’est, les propriétaires des médias de communications et d’anciens politiciens de PODEMOS (le parti d’opposition) pour développer un grand plan de désinformation sur la gestion d’Evo Morales en insérant le tout dans une intensification des luttes régionales contre l’État bolivien :

a) Il fallait montrer que le narcotrafic croissait en Bolivie;

b) dans une seconde étape, les médias devaient montrer que Evo gouvernait mal, que l’inflation, la corruption et la mauvaise administration croissaient ;

c) également, les médias devaient également imputer la responsabilité de la violence au gouvernement d’Evo Morales. Et ce fut le commencement du concept selon lequel Evo divisait la Bolivie.

Pour consolider ces étapes, Goldberg rencontra, la première semaine de mai, Jorge Quiroga et ils se mirent d’accord pour que le Sénat approuve le principe du Référendum révocatoire (Note du traducteur : Jorge Quiroga est le lider du Sénat, où l’opposition est majoritaire, et l’aval de cette institution étant nécessaire pour la tenue de ce référendum). Goldberg était convaincu que Evo Morales ne réussirait pas à obtenir 50% des votes et une fois délégitimité dans les urnes, l’opposition et les préfets de l’est demanderaient la démission du Président «pour illégitimité, mauvaise gouvernance et division de la Bolivie».

Cependant, les préfets, qui n’avaient pas été consultés, s’opposèrent à ce plan. 

- Le 23 juin : le Conalde se réunit à Tarija et élabora un «pronunciamento » écrit pour refuser le Référendum révocatoire (Journal La Razon, 24 juin) 

- Le 17 juin : Philip Goldberg se rend aux États-Unis (La Razon et La Prensa, 17 juin) inventant une crise diplomatique supposée et là, coordonne un plan avec les agences publicitaires et Goni et Sanchez Berzain pour développer une guerre «sale» et faire que Evo perde le référendum. 

- Le 2 juillet : Goldberg revient à La Paz (La Prensa, 3 et 4 juillet) et rencontre chacun des préfets pour les convaincre de participer au référendum. En premier il rencontre à Calocato le préfet de Beni; puis il influe le Conalde pour qu’il accepte de participer au référendum. 

-  Le 5 juillet : Les préfets de l’opposition acceptent de participer au référendum (La Razon, 5 juillet)

A ce plan, ont participé aussi les propriétaires des grandes chaines de communication pour cela, dans tous les programmes politiques les prévisions donnaient 49% à Evo Morales (La Prensa, 21 juillet). La tentative de renversement du gouvernement par le vote était en marche.

A cela s’ajouta une guerre «sale» intense que Goldberg alimenta à l’aide des agences publicitaires des États-Unis. En Bolivie, une agence de publicité de la Paz fut mise sous contrat pour élaborer les premiers spots publicitaires tendancieux contre Evo Morales. Pourtant lorsque cette agence se rendit compte que les scénarios et l’argent venaient des États-Unis, elle renonça à continuer à produire des éléments pour la guerre «sale». A l’actif de cette guerre «sale» venait la dénonciation de fraudes supposées et dans les régions orientales un appel à une grève de la faim massive afin de ternir l’élection.

Ce plan pour se débarrasser d’Evo fut démoli par le résultat imprévu du Référendum révocatoire. Evo fut légitimé avec 67% des votes et il ne resta plus à Goldberg qu’a mettre en marche le plan B, un plan de grèves, blocus et actions violentes qui pouvait déboucher sur deux possibilités :

I. Le conflit se généralisait et couvrirait l’est et une partie de l’ouest du pays, la population commencerait à se fatiguer, les forces de l’ordre passeraient à l’action et il y aurait des morts. Alors, Evo devrait déclencher des élections ou quitter le gouvernement après de nombreuses morts. L’insistante provocation envers la police et les forces armées pour qu’elles agissent et tirent contre les unionistes s’inscrit dans ce plan.

II. Si cette situation ne se produit pas, après l’expulsion de la police et de l’État national des région au milieu de la violence, avec les populations de l’est en affrontement et rebellions, Goldberg offrirait aux préfets de leur apporter des médiateurs internationaux, incluant des casque bleus pour concrétiser la séparation des 4 départements rebelles, comme il le fit au Kosovo.

Poursuivant ce plan putschiste, Goldberg se rendit à Sucre (note du traducteur : capitale du département de Chuquisaca et capitale administrative de la Bolivie pour rencontrer la préfète Savina Cuellar. Cette préfète demanda la démission du Président.

Le jeudi 21 août il rencontra clandestinement Ruben Costas et 4 congressistes américains (il y a des images TV).

Le lundi 25 août il rencontra, toujours clandestinement, Ruben Costas (Gigavision a capté les images).

Parallèlement, le Conalde refusa le dialogue avec le gouvernement et le 24 août lança un appel à la grève générale.

Suivant la ligne proposée par Goldberg, les préfets mirent un plan d’usure à moyen terme avec destruction d’institutions publiques, occupation et provocation persistantes (avec voies de fait) envers la police et les forces armées.

Dans la même ligne putschiste, dans Santa Cruz et Tarija on commence à parler de fédéralisme et même d’indépendance (El Mundo, 22 août). 

-  Comme les commerçant de Santa Cruz étaient plus intéressés par la Foire de Santa Cruz (qui doit commencer le 19 septembre) que par les grèves et blocus, le Département d’État convoqua Branco Marinkovic aux États-Unis, (note du traducteur : Branco Marinkovic d’origine croate et fasciste est un considérable propriétaire de terres et de moyens de transports de gaz et pétrole qui conduisent au Chili, Brésil et Argentine). Avec le préfet de Santa Cruz, Ruben Costas, il est l’âme du séparatisme dans de département. 

-  1er septembre : à bord de l’avion de tourisme Beechraft immatriculé C-90A, Marinkovic se rendit aux Etats-Unis où on le convainquit que le plan était dans sa phase finale et qu’il fallait jouer le tout pour le tout. 

- 9 septembre : quelques heures après le retour de Marinkovic à Santa Cruz s’ouvre une journée violente, prises d’institutions et nouvelles agressions contre les forces armées et la police.

Voila le plan putschiste (golpistas) qui est en marche avec l’appui de l’ambassade des États-Unis. Pourquoi ne peut-il se consolider? Parce que le gouvernement d’Evo Morales contrôle, avec patience et persistance de la légalité, le conflit qui demeure régionalisé.

Sur la base des informations qu’il a reçu, le président de la République a annoncé hier que l’ambassadeur Goldberg a été déclaré persona non grata et confia au chancelier David Choquechuanca la réalisation des actions qui en dérivaient.

La violence générée par des groupes impliqués dans ce plan putschiste est la forme par laquelle les secteurs conservateurs montrent leur détermination d’en terminer avec la démocratie parce qu’elle ne correspond pas à leurs intérêts. Le peuple Boliviens, qui le confirma le 10 août dernier, est le dépositaire et le défenseur de la démocratie, de l’intégrité nationale et de sa souveraineté. Les forces armées, la police nationale fermes et respectueuses de la Constitution, sont conscientes de ce que, bien au-delà de quelques intérêts que ce soit, elles ont à préserver l’unité de la Bolivie.

(Traduction L'aut'journal)