À la défense du Conseil du statut de la femme

2008/09/17 | Par Hélène Naud

Ainsi, d'entrée, Mme Ravary, vous affirmez que le Conseil du statut de la femme n'a plus sa raison d'être?
Ce genre de remarque indique bien que Châtelaine aurait besoin de nouvelles catégories: politique, féminisme, pédagogie, environnement, etc...

C'est bien beau de se prétendre à l'écoute des femmes d'ici, mais si vous ne remarquez même plus que les femmes sont encore minoritaires dans les postes décisionnels, qu'elles hésitent à s'impliquer, qu'elles gagnent moins que les hommes, qu'elles sont davantage victimes de violence, de discrimination et de pauvreté, vous ne pouvez prétendre représenter les québécoises.

Non seulement le conseil du statut de la femme doit continuer à exister, mais de plus, on devrait retrouver dans tous les ministères des représentants de ce conseil qui devrait d'ailleurs être un ministère avec portefeuille tant que l'égalité réelle ne sera pas chose faite.

Il y a tant de sexisme dans vos pages publicitaires qu'on peut comprendre votre hésitation à représenter réellement les besoins et les réalités des femmes québécoises, de même qu'à leur fournir des outils solides pour rattraper le retard causé par des siècles de domination; domination qui existe encore parfois discrètement, mais très solidement, dans le sport, dans le secteur primaire, dans la finance, dans bon nombres d'entreprises, dans les médias.... ainsi qu'au gouvernement et avec une navrante insolence, dans l'église.

Selon Éducation-Média, plus de 50% des femmes se sentent régulièrement insultées dans les médias. Allez-vous chercher à savoir pourquoi où vous direz-vous qu'elles sont trop sensibles et que les hommes sont autant victimes qu'elles? Et combien de femmes sont propriétaires de médias ou présidentes, ou vice-présidentes...

Et toutes ces femmes assassinées à chaque année sans qu'on écrive meurtre, préférant l'expression de drame familial, et toutes ces filles violées et toutes ces étudiantes qui décrochent tandis qu'on ne s'inquète que pour les garçons, toutes ces femmes subiraient selon vous, des injustices similaires aux hommes? Vous n'avez pas tenté de faire le portrait comparatif des deux sexes, préférant prudemement survoler le sujetd de très haut...

En résumé, continuez à vendre des produits de beauté, des vêtements et des idées pour mieux faire à manger et décorer si tel l est votre intérêt, mais évitez de faire de la promotion pour inciter les femmes à croire que leurs besoins sont quantitativement les mêmes que ceux des hommes.

Quant vous redescendrez sur terre, renseignez-vous sur ce qu'est l'analyse différenciée selon les sexes (ADS) et tentez de savoir pourquoi l'utilisation de ce type d'analyse est préconisé dans les municipalités et comment ce type d'analuse pourrait vous aider à comprendre ce que les femmes veulent vraiment.

L'idée n'est pas de dramatiser comme le fait La Gazette des femmes, mais bien de faire l'effort d'élargir vos horizons parce qu'avant d'être une poupounne, une conjointe, une mère, une travailleuse ou une retraitée, une femme est d'abord un être humain. C'est un défi que vous n'êtes pas obligée de relever, mais de grâce, cessez de prétendre que vous le faites!

Hélène Naud,
au nom de toutes ces femmes qui en ont marre qu'on leur parle de leurs rides et de leur coloration de cheveux .