Pour un demi-million de ménages : 30% des revenus pour se loger

2008/10/07 | Par RCLALQ

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) profite de la Journée mondiale de l'habitat pour livrer son analyse sur le coût des loyers et l'état des logements.

Une hausse de 27,6% en 8 ans

En juin 2008, l'Institut de recherche et d'informations socio-économique (IRIS) publiait une note montrant que la « crise » du logement avait eu pour effet la hausse accélérée des loyers : le coût d'un logement de deux chambres à coucher au Québec a ainsi augmenté de $137 entre 2000 et 2008, soit une hausse de 27,6 %.

« Force est de constater que le contrôle des loyers est inopérant. Un registre des baux permettrait d'endiguer de telles hausses lors de la relocation des logements » précise Nicole Dionne du Bureau d'animation et information logement (BAIL) de Québec.

10% du parc locatif a besoin de réparations majeures

Malgré la flambée du coût des loyers, la qualité du parc locatif continue de se détériorer. En 2001, Statistiques Canada recensait 45 950 logements locatifs nécessitant des réparations majeures, les dernières données de 2006 font grimper ce chiffre à 69 105 logements, ce qui correspond à près de 10% du parc locatif. « Seul un Code du logement provincial permettrait de remettre aux normes le parc locatif » ajoute France Emond, porte-parole du RCLALQ.

Des chiffres qui parlent...

Selon les associations de propriétaires immobiliers, le contrôle excessif des loyers empêcherait les propriétaires d'effectuer les réparations majeures sur leurs immeubles. Or, l'analyse du RCLALQ montre bien que la qualité du parc locatif n'est pas lié au prix du loyer.

Si on compare deux régions métropolitaines de recensement : Québec et Toronto; elles sont aux antipodes en ce qui a trait au coût des logements. En effet, d'après le recensement de 2006, le loyer brut moyen d'un logement locatif à Québec était de 602$ par mois, contre 948$ par mois à Toronto, une différence de 57%.

Si l'on se fie aux arguments des associations de propriétaires, le pourcentage de logements locatifs privés nécessitant des réparations majeures devrait être largement supérieur à Québec, étant donné le plus faible coût des loyers.

Or, il n'en est rien : à Québec, 7,4% des logements locatifs privés étaient en très mauvais état contre 9,4% à Toronto. Cet écart n'est pas non plus attribuable à une plus grande vétusté du parc locatif, le pourcentage de logements construits avant 1920 étant même supérieur à Québec.


Le RCLALQ tient à rappeler que près de 500 000 ménages déboursent plus de 30% de leurs revenus pour se loger. À Montréal seulement, 266 360 ménages locataires consacrent désormais plus de 30 % de leur revenu au loyer.

Si certains ménages connaissent des difficultés financières qui les obligent à choisir entre payer le loyer et d'autres biens de nécessité, leur qualité de vie s'en trouve grandement affectée. Dans les faits, un logement cher et de piètre qualité affecte la santé et le bien être des ménages locataires.

En cette Journée mondiale de l'habitat décrétée par l'Organisation des Nations unies pour encourager la réflexion sur l'état des droits humains, particulièrement le droit fondamental au logement pour touTEs, le RCLALQ lance un appel pressant à la ministre des Affaires municipales et des Régions, madame Nathalie Normandeau pour qu'elle corrige le tir. Il faut un contrôle rigoureux des loyers pour permettre aux ménages locataires de souffler un peu.

Enfin, seul un Code du logement provincial permettrait de restaurer le parc locatif et créer des conditions de logement décentes. « Le slogan du Regroupement est bien senti, conclut France Emond, du RCLALQ : C'est pas parce que nos loyers sont chers que nos logements sont en bon état »