Élections fédérales

2008/10/16 | Par Sébastien Robert

La soirée électorale aura été longue. Il est maintenant temps de faire un bilan et de tirer des conclusions sur la stratégie à adopter d’ici les prochaines élections.

D’abord, les partisans du Bloc québécois seront contents d’apprendre qu’ils ont réussi à atteindre leur objectif. Le Parti conservateur forme toujours un gouvernement minoritaire. Par contre, derrière cette apparente victoire se cache une réalité plus négative. Le Bloc sort affaibli de la dernière campagne électorale. Il perd un député, mais, surtout, près de 200 000 votes par rapport aux dernières élections. Cela signifie 300 000$ de moins par année dans ses coffres.

Du côté libéral, les résultats annoncent une course à la chefferie. Avec leurs résultats décevants (26 députés et 900 000 votes de moins), il est peu probable que le Parti libéral forme le gouvernement à court terme. Ils ont déjà une dette importante et vont perdre 1,6 millions de dollars de revenus annuel.

Pour le NPD, le tableau est plus intéressant. Leurs revenus restent relativement stables et, avec 7 députés de plus, le NPD a une présence dans presque toutes les provinces, ce qui devrait leur être utile pour les prochaines élections. Par contre, avec seulement 37 députés sur 308, le NPD est encore loin de former le prochain gouvernement.

Harper doit être heureux des résultats. En fait, sa situation actuelle est même peut-être plus souhaitable qu’un gouvernement majoritaire. D’abord, il a 19 députés de plus. Ensuite, il se retrouve devant une opposition encore plus affaiblie. Le Parti libéral sera paralysé par sa course à la direction pour la prochaine année. Le Bloc pourrait être dans la même situation. Stephen Harper, à la tête de son gouvernement minoritaire, aura les coudées franches pour régner comme s’il était à la tête d’un gouvernement majoritaire.

Harper est allé en élections d’abord pour mener une guerre d’usure contre les autres partis. Visiblement, sa stratégie a fonctionné. Sa situation de gouvernement minoritaire lui permettra d’appeler à une autre élection quand il le voudra. On peut s’attendre à une autre élection fédérale d’ici décembre 2010.

Les partis d’opposition auront de la difficulté à refaire leurs finances d’ici là. Ainsi, on peut s’attendre à un gouvernement conservateur encore plus fort après 2010 et, à moins d’un revirement important, une longue période de gouvernement conservateur face à une opposition qui prendra des années pour avoir des moyens de former un gouvernement.

Quoi faire maintenant ?

Si nous voulons diminuer le pouvoir des conservateurs et la durée de leur règne. Il faut d’abord appuyer financièrement les partis d’opposition. Peu importe votre allégeance politique, les partis d’opposition auront besoin d’un support financier pour pouvoir rester des forces politiques capables de mener une lutte efficace contre les conservateurs.

Ensuite, il faut appuyer politiquement les partis d’opposition. Plus de 40% des électeurs n’ont pas voté le 14 octobre 2008. Fort est à parier que le Parti conservateur serait moins fort si toutes ces personnes avaient voté. C’est par le vote que les conservateurs seront battus. Pour faire sortir le vote, il faut s’impliquer sur le terrain, en allant voir les citoyens et en organisant des machines politiques efficaces.

Comme aux Etats-Unis, les citoyens doivent comprendre que la seule manière d’avoir un gouvernement qui fait naître l’espoir en nous et qui représente nos aspirations est de s’impliquer politiquement.

Pour avoir un gouvernement qui nous représente, il nous faut avoir un soulèvement des apathiques. La seule manière de mener un tel soulèvement est de pousser chaque citoyen à agir et, minimalement, faire entendre sa voix.