Marche pour l’élimination de la pauvreté

2008/10/17 | Par Martine Sanfaçon et Serge Roy

À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, nous participerons, ce vendredi 17 octobre à Québec, à la Marche pour la Journée mondiale du refus de la misère. Ce sera encore une autre façon pour nous et d’autres progressistes de réaffirmer la nécessité et l’urgence d’éliminer la pauvreté.

· Au niveau mondial, le Projet Objectifs du Millénaire des Nations Unies continue de réitérer l’objectif international, pour les pays développés, de consacrer 0,7% de leur PIB à l’Aide publique au développement (APD). Cet objectif de 0,7% était affirmé pour la première fois en 1970 (!) dans une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU. Dans la réalité, le pourcentage d’aide est passé de 0,51% en 1960, à 0,23% en 2002. Le Canada n’en est maintenant qu’à environ 0,27%.

· Au Canada, comme dans plusieurs pays industrialisés, les écarts entre les riches et les pauvres s’accroissent. Pourtant, le gouvernement canadien nage dans les surplus depuis plusieurs années. Le gouvernement conservateur a trouvé des milliards pour le militaire, il continue d’en trouver pour les grandes pétrolières, et il a renoncé à d’autres milliards en réduisant la TPS sans aucun effet réel. La lutte à la pauvreté n’est clairement pas une priorité pour les Conservateurs de Stephen Harper : ils font le choix de ne pas investir dans le logement social, ni dans les garderies, ni dans l’appui aux chômeurs-euses, ni dans les prestations pour les ainé-es.

· Au Québec, faut-il encore le rappeler, les trois partis traditionnels représentés à l’Assemblée nationale adoptaient à l’unanimité en décembre 2002 la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Presque six ans plus tard, peu de progrès a été accompli, malgré une période de croissance économique soutenue (le PIB du Québec a cru de 64,5 milliards $ de 2000 à 2007 !), durant laquelle les mieux nantis ont continué de s’enrichir.

Les Libéraux de Jean Charest – on l’a vu dans leur dernier budget de mars 2008 – refusent de donner suite aux revendications maintes fois réitérées, par nous et bien d’autres. Parmi les besoins criants en matière de lutte à la pauvreté, il y a : la hausse du salaire minimum au « seuil de faible revenu », ce qui équivaudrait à environ 10,50 $ l’heure ; la pleine indexation des prestations d’aide sociale, la hausse de ces prestations pour atteindre la couverture des besoins essentiels, et la fin des « catégories » de prestataires ; l’exclusion des pensions alimentaires dans les revenus considérés pour établir l’aide en vertu de divers programmes ; l’augmentation de l’offre en logement social et coopératif pour pallier à la pénurie de logements locatifs ; des mesures additionnelles d’aide à l’emploi pour les nouveaux arrivant-es.

· Dans notre région, le Portrait de santé de la région de la Capitale-Nationale 2008 de la Direction de la santé publique, publié le 8 avril dernier, montrait clairement, comme d’autres études, qu’il existe un lien entre la pauvreté et l’état de santé de la population. Son Directeur exhortait les élu-es à faire une priorité de la lutte à la pauvreté. Ce qui était particulièrement troublant dans son rapport, c’était de constater l’ampleur étonnante des différences entre les quartiers économiquement défavorisés (la basse-ville) et le reste du territoire. On y notait aussi que les femmes monoparentales et leurs enfants restent particulièrement vulnérables.

· À Québec, l’attention de l’administration municipale est surtout tournée vers les besoins des promoteurs immobiliers, des commerçants et des touristes, plutôt qu’à l’amélioration de la qualité de vie des citoyen-nes ordinaires et de celles et ceux qui en arrachent. Pour ne donner qu’un seul exemple, on n’entend ni le maire, ni les conseillers-ères, faire grand bruit de la pénurie de logements abordables à Québec. Pourtant, le taux d’inoccupation à Québec se situe entre 0,7 % et 1,2 %, bien loin du « taux d’équilibre » de 3 %.

Au net, ici comme ailleurs, trop de personnes encore aujourd'hui doivent choisir entre se loger et se nourrir, ou entre se nourrir et se soigner.

Voilà pourquoi nous marcherons vendredi.

Martine Sanfaçon et Serge Roy
co-porte-parole régionaux
Québec solidaire Capitale-Nationale