Corruption en Afrique et ici

2008/10/23 | Par Léo-Paul Lauzon

L’espérance de vie est de 45 ans au Congo et de 77 ans à Cuba. Mais, ils sont plus libres! De quoi au juste? Je ne sais pas…  L’Afrique est pauvre, et le restera encore longtemps, à cause de l’absence de l’État qui a bradé ses immenses ressources naturelles, ses terres, ses services publics et des pans entiers de secteurs névralgiques à des étrangers qui, pour avoir reçu ces biens volés à la population, ont corrompu les élus et l’élite locale en les gavant de pots-de-vin effectués en catimini via des paradis fiscaux.

Le cas du Congo

Par exemple, dans un excellent article de La Presse du 24 février 2007 de Pascale Breton. intitulé «Une population pauvre dans un pays riche», on peut lire que : «la République démocratique du Congo est riche. Mais, les infrastructures datent de l’époque coloniale. Les hôpitaux ont été pillés. Plus de 80% de la population vit dans l’extrême pauvreté. L’école coûte cher. Beaucoup d’enfants ne savent ni lire ni écrire. Dans les classes, il n’y a pas de manuels scolaires. Les enfants sont assis sur le sol. Au lieu de fréquenter l’école, beaucoup d’enfants passent leurs journées à charroyer du bois, du charbon, etc.»

Tout le contraire de ce qui se passe à Cuba. Mais, au Congo, les profiteurs et les faiseux de tout poil nous disent que les exploités sont libres, que c’est un pays démocratique où l’on applique les règles de l’économie de marché et de la libre entreprise qui peuvent ainsi opérer sans aucune entrave bureaucratique. À faire vomir.

N’oublions pas que le Congo est un pays de 53 millions d’habitants. Ce qui se passe au Congo est monnaie courante au Kenya, au Nigeria, en Angola, en Afrique du Sud, en Guinée équatoriale et ailleurs.

Barrick Gold est là

Dans la revue annuelle Atlaséco 2006, publiée par le Nouvel Observateur en France, qui passe en revue la situation économique, politique et sociale de tous les pays du monde (un vrai petit bijou et une mine de renseignements utiles), on peut justement lire ceci à propos du Congo (ex-Zaïre) :

«La grande richesse de ce pays a longtemps attiré les étrangers qui ont acheté à bas prix les diamants du Congo, son or, son cobalt. L’est du pays est le fournisseur de plus de la moitié des ressources mondiales de Coltan, minerai très recherché par les compagnies de téléphone. Parmi ces entreprises, on compte America Mineral Fieds et Barrick Gold, qui bénéficient de l’économie informelle du pays, au lieu d’être taxées légalement afin que le Congo puisse contrôler ses ressources naturelles et engranger ainsi de meilleures recettes fiscales». Et on ne parle pas ici d’une publication socialiste!

L’espérance de vie au Congo est de 45 ans, alors qu’il est de 77 ans à Cuba. Mais, ils sont plus libres! Libres de quoi au juste? Je ne sais pas… Ils pourraient vivre peut-être plus longtemps mais, je suppose, qu’ils ont choisi librement de mourir plus jeunes!

Atlaséco écrit aussi que : «Le Congo possède des ressources naturelles d’une richesse considérable», qu’ils se font voler littéralement par des firmes étrangères, et aussi par des élus et des notables locaux. Voilà pourquoi la population vit dans une pauvreté extrême.

Puis, pour la Guinée équatoriale, un autre pays riche en ressources naturelles, Atlaséco signale que : «L’argent du pétrole est monopolisé par le clan présidentiel avec souvent le soutien direct de compagnies étrangères comme Exxon Mobil et Amerada Hess».

Pétrole et pauvreté

À propos de l’américaine Exxon Mobil, la plus grande compagnie au monde, il est dit dans La Presse du 17 juin 2008 que : «la Cour suprême des États-Unis a validé une plainte aux droits de l’homme contre le géant pétrolier Exxon Mobil pour des exactions commises en Indonésie».

Par ailleurs, dans un article du Journal de Montréal du 17 octobre 2006 intitulé : «Pétrole et pauvreté vont souvent de pair», on peut y lire que : «l’immense majorité des 3 milliards de démunis de la planète vivent dans des pays disposant d’importantes richesses pétrolières et minières». Cherchez l’erreur!

Cette exploitation continuera tant que ces pays d’Afrique ne porteront pas au pouvoir des gouvernements socialistes au service des intérêts supérieurs de la collectivité et non au service des élites locales et des compagnies étrangères qui les volent et qui maintiennent ces pays et leur population dans la misère la plus abjecte sans aucun service public.

Il faut qu’ils fassent comme l’a fait récemment la très grande majorité des pays d’Amérique latine qui se sont donné des gouvernements socialistes et qui ont nationalisé plusieurs secteurs économiques et leurs ressources naturelles.

Cela a été bénéfique pour l’économie et a permis à ces pays d’investir des sommes considérables dans leurs services publics. Ils sont en train de mettre fin à des années de colonisation et de se libérer de l’impérialisme américain.

Pour protéger les terres qu’il détient en grande quantité en Colombie, Chiquita a été inculpé pour avoir payé une milice paramilitaire colombienne (d’extrême-droite) selon un article de La Presse du 15 mars 2007.

Justement, la Colombie est un des derniers pays de l’Amérique du sud avec un gouvernement de droite qui est la marionnette des États-Unis. La Colombie devrait exiger le départ des firmes américaines Chiquita, Dole et Del Monte ainsi que nationaliser les terres qu’elles ont subtilisées à la population. Elle devrait aussi mettre en demeure les States de fermer leurs nombreuses bases militaires dans leur pays.

Pendant que les pays occidentaux prônent hypocritement le libre-échange et l’économie de marché, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) nous dit, dans une étude reproduite pour l’essentiel dans Les Affaires du 9 septembre 2006, que : «les pays les plus riches subventionnent le plus», ce qui nuit énormément aux pays pauvres en voie de développement et qui les maintient dans une situation de soumission la plus totale face aux pays occidentaux.

Pourtant, l’OMC est un organisme très à droite. Faut qu’ils se libèrent du joug de tous les pays occidentaux qui sont riches en exploitant les autres. Faut mettre fin au colonialisme économique.