Carnet du candidat en région

2008/11/24 | Par Victor-Lévy Beaulieu

PROTESTATION AUPRÈS DE RADIO-CANADA

Il est inadmissible que les citoyennes et les citoyens du Bas Saint-Laurent et de la Gaspésie n’aient pas droit à une information pleine et entière, comme cela se fait dans les grands centres urbains comme Montréal et Québec.

À cause des coupures faites par Radio-Canada, puis imitées par Télé-Québec, TVA et TQS, le journalisme régional est devenue une véritable farce : les samedis et dimanches, Radio-Canada, Télé-Québec, TVA et TQS sont fermés, puisqu’on ne couvre l’actualité, sauf en cas de force majeure, que « pour les jours ouvrables », soit du lundi au vendredi, de neuf heures à 17 heures. On croit tellement à la démocratie dans nos grands médias électroniques du Bas Saint-Laurent, qu’on n’a même pas cru bon en période électorale d’augmenter les effectifs des journalistes pour que la citoyenne et le citoyen aient droit comme tout le reste du monde québécois à une information équitable.

Les grands partis politiques, au fait de cette situation inadmissible, s’arrangent donc pour conscrire les journalistes en envoyant dans les régions leurs grandes têtes d’affiche afin que l’action des médias électroniques accapare toute l’attention pour les fins de semaine. Comme candidat, je n’ai pas droit à ce traitement. Par exemple, une télévision régionale, à laquelle je voulais faire part de mon programme électoral ce dimanche-ci, m’a naïvement fait savoir que Monsieur Jean Charest étant venu dans le comté de Témiscouata la veille, le seul reporter dont elle disposait pour couvrir la campagne électorale était trop fatigué pour se rendre à la mienne! En plus, ajoutait-on, il faudrait le payer deux fois son salaire!

Quant à Radio-Canada-Rimouski, la situation est encore pire, l’information régionale étant contrôlée par Québec et Montréal. Sans leur accord, Radio-Canada-Rimouski a les mains liées.

Je proteste donc particulièrement auprès de la Société Radio-Canada qui est un service public, qu’on paie par nos impôts et qui brime avec une telle arrogance le droit que les citoyennes et les citoyens vivant en région ont d’être informés équitablement.

Une réponse de la Société Radio-Canada serait la bienvenue sur le sujet.

DE LA DIFFICULTÉ DU CANDIDAT EN RÉGION

Dans le comté de Rivière-du-Loup, il n’existe pas de journaux quotidiens. On y trouve deux hebdomadaires qui font plutôt bien leur besogne. Mais les radios et télévisions locales ont été durement frappées par les coupures sauvages que les gouvernements, Radio-Canada et TQS particulièrement, y ont faites :

. Les radios, télévisions et journaux communautaires pullulaient dans le comté, grâce à l’aide gouvernementale qu’on leur accordait il y a vingt ans : de bons journalistes s’y sont révélés, de sorte que les enjeux de la région y étaient traités souvent de meilleure façon que dans les grands médias traditionnels. En fait, les choses allaient tellement bien que l’aide gouvernementale leur a été enlevée brutalement, forçant presque tous ces médias à fermer leurs portes.

. Les coupures effectuées par la Société Radio-Canada et TQS ne permettent plus la couverture systématique de ce qui se passe dans notre région. Les radios et les télévisions, dont les moyens sont anémiques, besognent du lundi au vendredi. Les samedis et les dimanches, pas de reporters ni de cameramen!

Il faudrait qu’ils soient payés davantage et nos grandes entreprises nationales s’y refusent. À moins d’un tremblement de terre, TQS et Radio-Canada font comme si le droit à l’information n’existait pas les samedis et les dimanches.

. Résultat : les radios et les télévisions n’arrivent plus durant la semaine à fournir à la demande et c’est l’information qui en souffre, particulièrement durant une campagne électorale.

TRAVERSER LE PAYS SANS LE VOIR

Durant la campagne référendaire de 1995, j’étais le président du Comité du oui pour le comté de Rivière-du-Loup et pour le Bas Saint-Laurent. Monsieur Lucien Bouchard, au cours d’une conversation que j’ai eue avec lui, m’a dit : « Vous savez, le problème qu’on a quand on est chef, c’est qu’on traverse le pays sans le voir vraiment. »

La présente campagne illustre parfaitement ce propos de Monsieur Bouchard. Les chefs de Parti arrivent en région, débarquent de leur autobus, s’engouffrent dans une salle quelconque, font un petit discours de circonstance, puis déguédinent aussitôt, les journalistes en faisant autant. La campagne n’est pas vraiment faite pour que les citoyens soient vraiment informés, mais pour que les chefs puissent faire parler d’eux au moins deux fois par jour dans les médias.

Que dire maintenant de ces reporters qui sillonnent eux aussi le Québec en autobus, soi-disant pour mieux nous informer? Quand ils ne se trompent pas sur la région où ils se trouvent, ils font jasette avec quelques vieux fonds de terroir ou, comme ça a été le cas de Jean Lapierre à Saguenay, avec le maire Jean Tremblay, cet intégriste dont le seul mérite est d’être épais même dans le plus mince. Les enjeux régionaux? Aucune importance. Des questions sur l’indépendance? Pantoute. Comme les gouvernements péquistes et libéraux, les journalistes dedans leur autobus ont manqué tout à fait leur révolution déambulatoire.

UN CONSTAT QUI S’IMPOSE

La façon qu’on a depuis quelques années de faire une campagne électorale me paraît tout à fait dépassée. Ce sont six semaines qui se perdent et qui nous coûtent les yeux de la tête, les partis politiques et les médias n’étant plus là pour informer vraiment la citoyenne et le citoyen, mais pour débattre pour ainsi dire exclusivement entre eux. Quand je pense qu’Abraham Lincoln a été élu président américain sans paraître vraiment en public (de chez lui, il rédigeait plutôt des manifestes électoraux qu’il faisait parvenir à la presse et ce sont les citoyens eux-mêmes qui cabalaient pour ou contre lui selon que les idées du futur président leur plaisaient ou pas).

Aujourd’hui, si nos chefs politiques cabalent autant, c’est sans doute qu’ils n’ont pas véritablement d’idées… et qu’ils en changent tous les jours.

LES ÉTEIGNOIRS DU PQ

Quand elle a été élue chef du Parti québécois, Pauline Marois a affirmé qu’advenant qu’une campagne électorale serait déclenchée, elle ne se gênerait pas pour « parler indépendance ». Non seulement elle n’en a pas dit un mot depuis le déclenchement des élections, mais elle a agi antidémocratiquement pour que soient récusés les indépendantistes qui voulaient devenir candidats.

Et le mot d’ordre du PQ à ses anciens ministres et députés, de même qu’à ceux du Bloc québécois : ne participer d’aucune façon à la campagne de quelqu’un pour qui l’indépendance est une priorité.

C’est ainsi que d’anciens ministres péquistes et d’anciens députés bloquistes devaient participer à ma campagne, mais se sont récusés même si je ne leur demandais pas leur appui, mais seulement de venir dans Rivière-du-Loup afin d’y parler d’indépendance. Nul besoin donc de ressusciter Maurice Duplessis, son « toé, tais-toé » étant devenu une réalité.

Victor-Lévy Beaulieu
Candidat indépendantiste indépendant
Comté de Rivière-du-Loup

Site internet : www.vlbcandidat.org