Hébergement public des personnes âgées à Montréal

2008/11/27 | Par Francine Lévesque

Francine Lévesque est présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN, qui regroupe plus de 106 000 syndiqué-es dans le réseau public.

À Montréal, une opération de démantèlement des ressources publiques en hébergement pour les personnes âgées est en cours sans que les décideurs politiques n’aient eu de compte à rendre à la population.

À l’aube des élections, nous croyons que les candidats et les partis politiques doivent clairement se positionner en faveur du maintien des services publics aux personnes âgées.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux, de concert avec l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, a entrepris de fermer 2 200 lits de soins de longue durée dans les établissements publics pour les transférer vers le secteur privé et les ressources
intermédiaires, sous prétexte d’efficience.

La fermeture du CHSLD Jacques-Viger, hébergeant 200 personnes âgées, en est la première étape. Ces personnes ont été « déraciné-es » puis « relocalisé-es » dans d’autres établissements, tout comme les 450 salariés, avec tous les déchirements humains que cela peut impliquer.

Récemment, la direction du CHUM annonçait à son tour la fermeture de près de 100 lits de soins de longue durée à l’Hôpital Notre-Dame. D’autres établissements publics sont aussi dans la mire.

Quelle idée de fermer des lits alors que les besoins en matière d’hébergement et de soins se font criants. Montréal compte plus de 25 % de la population âgée du Québec, soit plus de 286 000 personnes dont la moitié a plus de 75 ans.

Les dernières données de 2007 publiées par l’Agence de la santé indiquent que le nombre de places disponibles est très limité. Au total, 13 850 places sont disponibles actuellement dans les établissements publics, privés conventionnés et privés non conventionnés, pour répondre aux besoins.

Or, 3 788 personnes étaient toujours en attente d’une place d’hébergement de soins de longue durée, selon les mêmes données[1]. Parmi elles, 1 019 personnes occupaient des lits dans un hôpital et 900 étaient en attente chez elles. Quant aux ressources intermédiaires promises par l’Agence de la santé, elles ne sont pas toujours au rendez-vous.

Considérant ces données et les impacts humains du désengagement de l’État envers les personnes âgées :

1. Votre parti est-il prêt à s’engager fermement à maintenir et développer les ressources d’hébergement public?

2. Êtes-vous prêts à investir dans une main-d’œuvre qualifiée, qu’elle travaille en établissement public, privé conventionné et privé non conventionné, pour assurer à cette clientèle vulnérable une qualité de soins optimale et un véritable milieu de vie?

3. Votre parti est-il prêt à s’engager à développer davantage les services publics de maintien à domicile pour répondre aux besoins pour les personnes qui veulent demeurer dans leur milieu de vie?

4. Votre parti est-il prêt à reconnaître les besoins des proches aidant et à développer, entre autres, des services de répit?

[1] Rapport annuel de gestion 2007-2008, Agence de la santé et des services sociaux, 2 octobre 2008