Nouvelles du Saguenay: Entrevue avec Pascal Girard, bédéiste

2008/12/09 | Par Pierre Demers

Pascal Girard, bédéiste jonquièrois vient de sortir son troisième livre de bd, Paresse, aux éditions La Pastèque. Nous avons profité de son lancement  à la librairie/ boutique Jiix de Chicoutimi pour l’interviewer sur son métier et ses projets.

Il me semble que tu fais maintenant partie des auteurs/maison de la librairie Jiix. Est-ce que tu y fais toujours tes lancements ?

Pascal Girard : Je crois y avoir lancé mes deux autres livres (Dans un cruchon, Nicolas) en plus de celui-ci, Paresse. Je n’ai pas le choix, ils m’invitent et je ne peux pas refuser. En région, le travail de cette librairie est exemplaire. Je les connais depuis mes études au CEGEP de Jonquière. Ils ont fait la promotion de beaucoup de dessinateurs québécois, Rabagliati, Delisle. Ce sont des missionnaires, des mordus de la bande dessinée d’ici et d’ailleurs. C’est presqu’un miracle de trouver un tel lieu de diffusion ici.

Avant de dessiner à plein temps as-tu déjà suivi des cours de dessin ?

P.Girard : Pas vraiment. Dans mon bac en cinéma à l’université, je me souviens avoir pris un cours de dessin. Maintenant, j’essaie de me reprendre tranquillement. Je traîne mon carnet partout pour faire des croquis. Je n’ai pas de technique de dessin comme telle. Lors de ma résidence à Saint-Malo dernièrement, je n’ai pas pris de photos, que des dessins. Je m’applique à dessiner des voitures, je fais des efforts pour améliorer mon coup de crayon.

Comment as-tu déniché cette résidence à Saint-Malo ?

P.Girard : C’était la première fois que les organisateurs du festival de b.d. de Saint-Malo offraient une résidence à des dessinateurs. L’éditeur/dessinateur Jmmy Beaulieu a lui aussi été choisi. On est parti un mois.

On a dessiné avant les quatre jours du festival et on a aussi exposé notre travail là-bas. On alimentait aussi un blogue avec nos dessins. (lesmalouinstemporaires.blogspot.com) On va peut-être publier quelque chose avec le résultat de notre résidence.

Actuellement tu exerces à plein temps ton métier de bédéiste. À quel moment as-tu senti que tu pouvais faire ça comme gagne-pain ?

P.Girard : Avant, pour payer le loyer, je travaillais comme ferblantier sur la contruction. À un moment donné, j’étais sur le chômage et je dessinais. En 2007, j’ai appliqué sur une première résidence à Bordeaux. En revenant, les contrats se sont multipliés. Je me suis mis à gagner ma vie en illustrant des articles pour des magazines, en écrivant des scénarios pour une série télé d’animation pour une boîte de production française et un peu avec la bande dessinée. J’ai aussi animé un atelier de bd pendant dix semaines dans des écoles à Sainte-Foy et à Saint-Augustin.

Après Nicolas qui a assez bien fonctionné ici et en Europe, je n’ai pas arrêté de dessiner. C’est étonnant parce que j’ai commencé à faire de la bande dessinée pour le plaisir et très rapidement c’est devenu un travail. Les offres intéressantes de voyages, de contrats sont venues avec un livre que j’ai fait en environ dix heures. J’ai été chanceux, je crois.

Actuellement, je travaille le matin (de 6 heures à midi) sur mes bandes dessinées et autres projets personnels. Et, l’après-midi, j’assure mes contrats d’illustrations.

As-tu des influences bien assumées quand tu dessines ?

P.Girard : Mon influence majeure est « peanuts » de Charles M. Schulz. J’ai toujours été fasciné par l’efficacité de ses expressions faciales. Sempé est aussi un grand dessinateur pour moi.

En terminant l’université, j’ai commencé à faire des petites histoires que je postais sur Internet. Jimmy Beaulieu, qui était alors éditeur de « mécanique générale » m’a proposé de faire un livre. Avec son aide, j’ai fait « Dans un cruchon ». Ce fut assez facile pour moi, car les gars de « la pastèque » et ceux de « mécanique générale » avaient déjà ouvert le chemin pour le type de bandes dessinées que je fais. Il y avait une certaine cohérence entre mes histoires et celles de mes collègues. Souvent en noir et blanc, souvent intimistes ou autobiographiques, un peu mélancolique, etc.

On est beaucoup à avoir commencé en même temps avec les blogs, en racontant nos souvenirs d’enfance ou nos anecdotes. Aujourd’hui, certains s’éloignent un peu de cette branche pour travailler sur des projets différents et c’est bien intéressant.

La région du SLSJ se retrouve-t-elle dans tes livres ?

P.Girard : Inévitablement. Je suis justement en train de travailler sur une fiction qui se déroule entièrement au Saguenay. Je me suis inspiré d’une histoire de bigfoot sur les monts Valins qui avait fait les manchettes il y a environ dix ans pour l’écrire. Le livre devrait s’appeler « Jimmy et le bigfoot » et devrait sortir à la fin 2009 chez « la pastèque ».

Je suis allé faire du repérage l’autre jour pour ce projet. C’est la première fois que les lieux seront aussi importants dans l’un de mes livres. Déjà dans « Paresse », on peut reconnaître des bâtiments comme mon ancienne école secondaire, qui a brûlé au printemps dernier, le bar de danseuses J.R. à Arvida, etc…

As-tu des préoccupations sociales et politiques dans tes livres de bd ?

P.Girard : Je ne pense pas jusqu’ici avoir traité de sujets sociaux et politiques dans mes trois premiers livres. J’étais surtout préoccupé par des thèmes comme le désir, la mort et les situations de malaise.

Mais peu à peu, le social s’infiltre doucement par le biais du thème de l’adolescence. Les personnages de mon prochain livre sont tous des jeunes d’environ 15 ans et je tente de dresser un portrait adéquat. Je commence aussi à travailler sur un recueil de dessins sur l’adolescence pour lequel je fais des recherches très rigoureuses.

Bibliographie
Paresse, La Pastèque, 2008
Sans titre, Colosse, 2008
Jeunateur avec Stéphane Dompierre, Québec Amérique, 2008
Nicolas, Mécanique Générale, 2006
Dans un cruchon, Mécanique Générale, 2006