Nouvelles du Saguenay : Retour sur l’élection «piégée » dans Dubuc

2008/12/16 | Par Pierre Demers

Qu’est-ce que t’as trouvé le plus difficile dans ta première expérience en politique provinciale en te présentant candidat péquiste dans Dubuc ?

André Michaud : D’abord et avant tout, le manque de temps. Les élections ont été déclenchées le 5 novembre, j’ai été élu lors de l’investiture le 9 novembre. Le député sortant a pris sa décision de se retirer trop tard, comme dans d’autres comtés. Je n’ai vraiment pas eu le temps nécessaire pour mener ma campagne contre un adversaire qui travaillait déjà le terrain depuis six mois.

Dans le fond, j’ai mené deux campagne, l’une après l’autre. Celle de l’investiture et l’autre, la vraie. De plus, il fallait réparer quelques pots cassés après ma désignation comme candidat, soigner l’amertume de tous et chacun. C’est normal dans pareil contexte.

J’étais tout de même le petit nouveau dans le paysage péquiste de la Baie et, en plus, non résident des lieux. La pente était pas mal haute à grimper.

Es-tu tout de même satisfait de tes résultats ?

A. Michaud : Évidemment. Une semaine de plus et je le battais le président d’arrondissement ultra présent dans le comté. Il a obtenu 9703 votes, moi 9272, l’adéquiste 2789, Québec solidaire 708 et l’indépendant de Saint-Ambroise 198.

Dubuc est un comté démesuré. À la fois rural et urbain. Il s’étend de Saint -Ambroise à Petit-Saguenay et couvre près de 600 kilomètres quand on en fait le tour en voiture comme je l’ai fait, le jour du scrutin. Faut le faire.

Les enjeux socio-politiques sont aussi très diversifiés. Je connaissais le comté du fait que je travaille dans le domaine agro-alimentaire depuis des années dans la région. Mais j’ai découvert, lors de la campagne, son véritable contexte politique et ses problématiques multiples.

As-tu pu compter sur une bonne organisation ?

A. Michaud : C’était celle de l’ex-député Jacques Côté. J’ai composé avec les éléments en place. Je ne pouvais pas changer mon nom de famille pour m’appeler Simard comme mon adversaire…

Et lui, il a joué la carte habituelle des partis en place, soit celle du pouvoir, du vote «utile » comme a écrit l’éditorialiste en chef du Quotidien (9 décembre), Carol Néron.

Il a misé sur l’attrait du pouvoir et sur le fait évidemment que je ne venais pas du comté.

En plus, il a été appuyé fortement par le maire Jean Tremblay de ville Saguenay. Ce dernier a même libéré des cadres de Promotion Saguenay, Ghislain Harvey, le dg, ancien député libéral défait en 1976, Claude Bouchard, le commissaire industriel et même Jean-Marc Dufour, directeur de l’aérogare de Bagotville pour aider le candidat libéral du comté de Dubuc et ceux et celles des autres comtés (Chicoutimi, Jonquière).

Le maire voulait à tout prix un candidat «ministrable » dans sa ville. Reste à voir si le premier ministre va nommer Serge Simard ministre pour faire plaisir au maire…

Je ne crois pas avoir été battu à cause du fait que je n’habitais pas dans le comté. Quand je rencontrais les gens dans divers milieux, jamais ils ne me l’ont mentionné.

C’est surtout le vote par anticipation qui a fait la différence. Quand il a eu lieu, je venais d’être choisi candidat à peine depuis une semaine. Mon adversaire a ratissé les foyers du troisième âge et toutes les personnes âgées qui s’apprêtaient à partir passer l’hiver dans le Sud. Il a fait le plein de votes à ce moment-là. C’est ce qui a fait la différence minime entre lui et moi.

Crois-tu que le candidat libéral élu va réaliser ses promesses ?

A. Michaud : Le parachèvement de l’autoroute Alma-La Baie, le centre sportif, la relance économique de la Baie, etc. J’en doute. Même s’il est nommé ministre, il arrive sans expérience dans un conseil des ministres. Il faudra surtout qu’il change sa façon de voir le développement du comté.

C’est essentiellement un président d’arrondissement qui néglige la présence de 13 municipalités qui entourent la Baie.

Il devra en plus travailler avec le maire Tremblay qui ne le porte pas nécessairement dans son cœur, mais comme il est au pouvoir, il va évidemment s’en servir. Il lui a déjà retiré l’administration de l’aérogare. Le maire Tremblay va essayer d’en mener large encore une fois et de profiter des circonstances et de son contact plus ou moins amical.

Je crains que la ruralité qui domine en grande partie ce comté soit encore une fois laissée pour compte. Tout le secteur forestier en particulier qui n’est pas tout à fait le cheval de bataille de Serge Simard.

C’est encore le problème qu’ignore le parti libéral en place, la distribution équitable de la richesse dans les régions ressources comme la nôtre. La ruralité n’a jamais été si en péril.

Dans son cas, il est minuit moins une. Et les politiciens en place l’ignorent. Ils préfèrent promettent encore des routes et des arénas.

Mais l’avenir des comtés comme celui de Dubuc réside en grande partie sur les ressources naturelles, la forêt, l’agro-alimentaire qui n’était pas le sujet prioritaire de la dernière campagne.