La USAID se consacre à l’espionnage

2009/01/21 | Par Jean-Guy Allard

La USAID, cette même agence nord-américaine qui a consacré, en 2008, plus de 45 millions de dollars pour tenter de déstabiliser la Révolution cubaine, gère en Irak une vaste campagne de propagande destinée à présenter l’occupation du pays comme une opération humanitaire réussie.

En plus d’appuyer avec son réseau d’agents des opérations de renseignement et de couvrir les mécanismes de corruption générés par l’administration Bush.

Les données, bien que parcimonieuses, de cette agence nord-américaine de déstabilisation sur son site web (www.usaid.gov), confirmées par les déclarations publiques de ses représentants, révèlent l’étendue de l’activité de cet organe du Département d’État pour créer l’illusion d’une renaissance de cette nation arabe, victime de l’agression étasunienne.

Plusieurs enquêtes récentes établissent que 80 % de la soi-disant aide accordée à la reconstruction de l’Irak a été détournée au moyen d’un système complexe de corruption dont profitent les corporations nord-américaines avec la complicité des hauts fonctionnaires irakiens et d’entreprises locales associées.

Les différents aspects de ce système de récupération de centaines de millions de dollars sont cependant convertis, dans la littérature de propagande de la USAID, en miracles de la générosité étasunienne menant à une renaissance de la nation.

À force de rapports biaisés, de statistiques manipulées et de fausses prétentions, la USAID tente de convaincre le public nord-américain des succès des « Équipes provinciales de reconstruction » (PRT, en anglais) qui tentent de se manifester hors de la Zone Verte, où ses cadres résident, sous la protection d’escortes paramilitaires de la Blackwater.

Selon la légende diffusée par ses agents de relations publiques, les PRT affiliées à l’ agence entretiennent des relations harmonieuses avec la population irakienne, distribuant à la ville et à la campagne l’aide à la réalisation de projets humanitaires.

La réalité est que les PRT sont, en grande majorité, incrustés dans l’armé mercenaire, ne fonctionnent pas hors des zones les plus protégées du pays et se consacrent à corrompre de petits entrepreneurs et des agriculteurs alors convertis en informateurs des services secrets nord-américains.

Selon Front Lines, publication officielle de la USAID, tous les agents de la USAID, étiquetés «  conseillers au développement  », entretiennent des relations étroites avec les troupes d’occupation dans leurs secteurs d’activité ainsi que le système de renseignement et de contre-insurrection.

Parmi les priorités supposément humanitaires de l’opération se trouvent la distribution de subventions destinées à «  rouvrir de petits restaurants et autres commerces  », ainsi qu’à offrir des «  prêts et une formation commerciale à la petite et moyenne entreprise  ».

À ce système de recrutement de collaborateurs des forces d’occupation, s’ajoutent — comme à Cuba, au Venezuela et en Bolivie — des «  programmes de base pour la démocratie préparant des personnes pour organiser la communauté  ».

Les représentants de la USAID voyagent exclusivement sous protection militaire, précise Front Lines, en admettant la précarité de la sécurité dans les zones éloignées des installations de la US Army.

Preuve du caractère particulier de son travail humanitaire, la présence de la USAID en Irak est gérée par Kent Larson, un fonctionnaire connu pour ses activités corrosives en ex Union Soviétique. Au début de 2000, Larson était le chef de la USAID… en Géorgie.

TÂCHE DE LA USAID : CAMOUFLER LE DÉSASTRE

L’image idyllique de la présence nord-américaine en Irak diffusée par la USAID et son étroite collaboration avec le pouvoir néocolonial pour tenter d’atténuer la résistance, contraste avec les rapports beaucoup plus réalistes parus dans la presse des États-Unis.

L’étendue de la corruption dans le pays est si grande que, selon le New York Times du 17 de novembre dernier, des dirigeants du plus haut niveau du gouvernement irakien sont parvenus à détourner 13 milliards de dollars de l’aide nord-américaine. D’autres sources situent à 17 milliards de dollars la gigantesque fraude dans ce pays ruiné par la guerre.

Dans un autre reportage, proprement hallucinant, The Huffington Post du 8 décembre dernier estime à quatre milliards de dollars la somme gaspillée en d’inutiles projets appelés de reconstruction dont les représentants de la USAID font l’apologie.

Exemple de cet effort « reconstructif » célébré par l’agence : la prison de Khna Bani Saad, une installation pour 1 800 détenus dont le projet a été octroyé à la firme Parsons et qui ne sera jamais terminée. Depuis qu’ont commencé à s’élever les murs de l’édifice maintenant abandonné, l’entreprise a cependant empoché 333 millions de dollars.

Comble de la désintégration de ladite reconstruction annoncée par la USAID, la confirmation de la cessation d’un projet d’hôpital parrainé par la première dame Laura Bush (The Huffington Post).

L’activité de propagande de la USAID, orientée par le Département d’État et coordonnée par la CIA et les services de renseignement du Pentagone, illustre le total manque d’éthique d’une agence créée il y a quatre décennies pour démilitariser l’aide humanitaire internationale des États-Unis.

À travers toute l’Amérique latine, des centaines d’agents de la USAID dirigent aussi les efforts de déstabilisation de Washington dans les pays qui défendent leur souveraineté et se refusent à se laisser manipuler par les représentants du Département d’État.

En 2008, des agences nord-américaines affiliées à la USAID ont financé à la hauteur de quatre millions de dollars plus de 68 programmes d’organisations de l’opposition au Venezuela tandis que la grande majorité des Nord-Américains, touchés par la pire crise économique en 80 ans, ignorent totalement que ces millions de dollars pris dans leurs poches sont investis dans des pays comme le Nicaragua, la Bolivie ou l’Équateur.

À Cuba, la USAID est parvenue l’an dernier à battre son record. Tandis qu’elle gaspillait 45 millions dans l’embauche d’entreprises mercenaires pour diffamer l’Île, l’agence s’est vue compromise par le General Accountability Office , le bureau d’audit du gouvernement fédéral, dans des scandales de fraude impliquant des agents de la CIA qu’elle subventionne et ses propres fonctionnaires affiliés au réseau terroriste cubano-américain de Miami.