TV Marti à Cuba

2009/02/22 | Par Jean-Guy Allard

La « télévision la moins vue au monde », TV Marti « ressemble à ce que l'on voit dans n'importe quel studio où on réalise une émission en direct », raconte The St. Petersburg Times, quotidien de cette ville de la Floride.

 « Les caméras, les projecteurs, un présentateur à la voix agréable et un local rempli de techniciens assis face à des écrans », continue-t-on. Et on ajoute « Il ne manque que les téléspectateurs ».

 Voilà le sort de TV Marti depuis ces 18 dernières années, dit le journal pour ensuite raconter comment aux États-Unis on n’a dépensé rien de moins qu’un demi-milliard de dollars en moins de 20 ans pour tenter inutilement de diffuser sa programmation à Cuba.

 Selon un rapport récent du GAO, le bureau fédéral d'audit, la télé que l'on ne voit pas et la radio que l'on n'écoute pas ont des audiences de « moins de 1 % » (en fait, il serait plus exact de dire « près de zéro »).

 « Les critiques disent que ça suffit », affirme le Times en rappelant comment le président Obama a réitéré dans son discours présidentiel sa foi en un gouvernement qui fonctionne (« a government that works ») tandis que quelques analystes sont d'avis que « le temps est venu de débrancher TV Martí ».

John Nichols, directeur des études en communications de l'Université Penn State, est l'un de ceux qui réclament une telle mesure. « C'est l'argent du contribuable et les temps sont durs », a-t-il dit au journal.

 L'article du St. Petersburg Times confirme la mauvaise qualité des reportages de TV Martí, la vulgarité et la grossièreté des interventions et le manque de professionnalisme déjà signalé par le GAO dans son analyse du contenu de la station qui engloutit 34 millions de dollars par an.

 Depuis 2006 - durant cinq heures, six jours par semaine - TV Martí utilise une montgolfière pour la transmission de son signal, à un coût annuel de cinq millions de dollars. Mais le GAO n'a pas trouvé la moindre preuve que ce système hyper coûteux ait amélioré l'efficacité inexistante de la station.

SUCCESSION D'IRRÉGULARITÉS

De tous les reportages parus en marge de la publication du rapport du GAO, aucun ne fait l'inventaire de la longue succession d'irrégularités, de détournements de fonds et de fraudes qui caractérisent l'histoire de la radio et la télé qui utilisent effrontément -  une insulte au peuple de Cuba - le nom du héros national José Martí.
Propriété de la Voice of America, les deux médias sont aussi, depuis leurs créations, les plus généreuses distributrices de sinécures dont vivent depuis deux décennies des centaines de parasites professionnels de l’« anticastrisme ».

440 DOLLARS L'HEURE!

 Personne ne semble se souvenir de l'ex-directeur de Radio et TV Martí, Salvador Lew, protégé de la mafia de Miami et de la maison Blanche qui, avec une générosité hors de contrôle, en est arrivé à offrir à son amie Olga Connor deux émissions culturelles hebdomadaires d'une heure, payées à 440 dollars l'heure!
 Autre fleur de la botanique mafieuse de Miami-Dade, l'actuel directeur Pedro Roig, a été un grand copain du défunt Jorge Mas Canosa, agent de la CIA et inventeur de la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA), la plus importante organisation contre-révolutionnaire des États-Unis jusqu'à  son virtuel effondrement en 2001.
Mas et Roig ont partagé la vie des camps d'entraînement au terrorisme de la CIA, avec une autre vedette de la mafia locale, le terroriste Luis Posada Carriles.

Pedro Roig est un grand ami d'un autre ex-directeur de l'Office of Cuban Broadcasting (OCB), Herminio San Román, qui, avec Roberto Rodríguez-Tejera, Julio Estorino, Frank Díaz-Pou et d'autres mercenaires de la désinformation, a réalisé la conversion de la station en un antre de conspirateurs obsessifs et autres capos extrémistes.
 Le scandale le plus récent de la « télévision la moins vue au monde » est survenu en novembre 2006 quand José « Chema » Miranda, 52 ans, le directeur des programmes de la station, a été arrêté.

Éminent dirigeant du Cuban Liberty Council, un groupe d'extrémistes qui rassemble des individus liés au terrorisme contre Cuba, « Chema » décidait des achats de programmes et des fournisseurs de matériel télévisuel pour TV Martí.

Selon les allégations du procureur du District judiciaire sud de la Floride, l'individu en question a reçu 73 chèques pour une valeur totale de 122 000 dollars durant trois ans, de la part de Perfect Image, fournisseur de la chaîne invisible.

Miranda a été condamné finalement à purger 27 mois de prison après avoir reconnu sa culpabilité le 13 février 2007.

Parmi les perles du dossier, on trouve aussi les 100 000 dollars annuels payés au terroriste notoire Luis Zúñiga Rey comme membre du Conseil d'administration de l'OCB.

Quand des milliers de nord-américains dorment dans leurs voitures pour avoir perdu leur maison et quand les mises à pied de travailleurs se produisent par dizaines de milliers, la dépense de 500 millions de dollars constitue un gaspillage injustifiable pour le contribuable nord-américain. Selon plusieurs observateurs le dossier de Radio et TV Martí est un scandale que le nouveau gouvernement installé à la Maison blanche ne peut accepter.