Faillite prochaine du Miami Herald

2009/03/19 | Par Jean-Guy Allard

Le Miami Herald – dont la version en espagnol diffuse quotidiennement la vision de l’Amérique latine du Département d’État – vient d’annoncer à ses employés que l’on éliminera 200 postes de travail et que l’on coupera de façon drastique le salaire du reste du personnel. Pendant ce temps, la revue TIME prévoit, dans une vaste analyse du marché de la presse écrite, que le Miami Herald sera le prochain quotidien à se placer sous la protection du Chapitre 11 de la Loi des faillites.

 Dans une note distribuée à tout le personnel, David Landsberg, l’éditeur du quotidien de Miami, décrit comment l’on répartira le véritable massacre à travers l’ensemble du personnel, en commençant par les employés les plus anciens qui se voient forcés à choisir une retraite accélérée.

Si cette invitation à quitter les rangs de cette publication ne fonctionne pas, la direction se chargera de désigner qui devra alors affronter la guillotine.

L’élimination massive de membres du personnel succède aux mesures antérieures qui ont déjà réduit les équipes de travail, notamment de la succursale en espagnol de ce quotidien bicéphale propriété de la chaîne

En plus de ces mesures qui ramèneront son personnel à un poids rachitique, le quotidien – qui prétend détenir un vaste marché de lecteurs en Amérique latine grâce à Internet –  annonce toute une série de coupures, en commençant par l’élimination définitive des bonis à ses cadres et la location d’un étage complet de son immeuble en vente du centre-ville de Miami qui ne trouve pas d’acquéreur.

Depuis un an, les actions de l’entreprise propriétaire du Herald, McClatchy, ont périclité, passant de 100 dollars à quelques dizaines de centimes.

LE COMMERCE DE L’INFORMATION ÉCRITE EN DÉCLIN

 Pour Time magazine, le moment de la sépulture est arrivé.

Dans une vaste analyse de la situation désastreuse de la presse quotidienne, la revue prévoit la prochaine disparition du Miami Herald auquel il ne restera bientôt d’autre choix que d’annoncer sa faillite.

Time rappelle qu’au cours des dernières semaines, s’est confirmé le déclin de cette industrie qui a déjà vécu en décembre l’écroulement de Tribune Company, éditrice des quotidiens Chicago Tribune et Los Angeles Times.

Selon la revue, un minimum de huit des 50 quotidiens les plus importants du pays fermeront dans les 18 prochains mois.

Avec un tirage de seulement 220 000 exemplaires malgré ses deux éditions, le Miami  Herald sera le prochain à succomber, principalement par la chute dramatique de la publicité immobilière dans une ville où ce secteur traverse une crise profonde depuis plus d’un an.

La dure compétition du Sun-Sentinel ne laissera aucune possibilité au quotidien de survivre, sauf hypothétiquement comme publication digitale.

Il y a peu, le magnat cubano-américain du sucre Alfonso Fanjul, et un entrepreneur de Miami, Jorge Perez, ont tenté d’approcher la McClatchy Company  pour l’achat de l’édifice du Herald mais se sont ensuite repliés devant les énormes risques que représentait un tel investissement.

Fanjul, patron de la Florida Crystals, de West Palm Beach, appartient à une riche famille d’origine espagnole dont les intérêts ont été nationalisés à Cuba par la Révolution. Les Fanjul produisaient du sucre dans l’Île et ont fait fortune avec les mêmes méthodes esclavagistes qu’ils appliquent aujourd’hui en exploitant des enfants haïtiens.

La succursale en espagnol du Herald a une large histoire de collaboration avec les services de renseignement nord-américains et les éléments les plus récalcitrants de la faune contre-révolutionnaire à laquelle elle s’est soumise depuis que le défunt de la Fondation nationale cubano-américaine  (FNCA), Jorge Más Canosa, a imposé sa ligne éditoriale. Dans la ville qui a été le théâtre de toutes les conspirations multimillionnaires de la station JM/WAVE contre Cuba, le Nuevo Herald reprend constamment les calomnies générées contre l’Île.

 Malgré la situation difficile du journal, le Nuevo Herald demeure présent dans les réunions de la Société interaméricaine de presse où il se charge des attaques contre Cuba.

HEARST ACHÈVE LE SAN FRANCISCO CHRONICLE

Tandis que le Herald révèle à son personnel ses nouvelles coupures, le site Democracy Now publie qu’en Arizona, « le journal le plus ancien de l’État, le Tucson Citizen, a annoncé qu’il publiera samedi pour la dernière fois ».

Le quotidien appartient à la chaîne Gannet.

Sur la côte Ouest, les membres du syndicat principal du San Francisco Chronicle se sont soumis aux mesures de la corporation Hearst, « essentielles pour que le journal continue à fonctionner ».

 Les travailleurs du Chronicle qui n’avaient déjà aucune protection de leurs années de service ont dû céder, selon des sources syndicales, « à cause de la peur et des menaces de ce vampire de Hearst ».

Pendant que les travailleurs paient la note de la crise financière, remarque la même source, le géant des assurances AIG annonce qu’il paiera 450 millions de dollars en prime à ses cadres supérieur  bien qu’il  ait reçu 173 milliards de dollars de la part du gouvernement.