Réactions syndicales et communautaires au budget

2009/03/20 | Par L’aut’journal 

FTQ, SISP, CSN, CSQ, SFPQ, FIQ, Union des consommateurs, AQDR, Chantier de l’économie sociale, FQPU

Réaction de la FTQ

« Il s’agit d’un budget intéressant qui devra cependant passer le test du temps »
Michel Arsenault, président de la FTQ

Compte tenu de la crise économique dans laquelle la planète tout entière est plongée, le budget de la ministre Forget présente incontestablement des points d’intérêt.

De façon générale, la hausse des crédits alloués à la santé et aux services sociaux, à l’éducation ainsi qu’à la famille et aux aînés témoignent sans contredit d’un effort louable.

Plus particulièrement, il faut se réjouir des mesures prévues pour l’emploi et la formation de la main-d’œuvre, qui répondent aux recommandations de la Commission des partenaires dont fait partie la FTQ.

« Cela fait des années que nous réclamons des mesures pour venir en aide aux travailleurs mis à pied dans les secteurs manufacturier et forestier. Je crois qu’on peut dire qu’on progresse enfin dans la bonne direction », a dit le président de la FTQ, Michel Arsenault.

De la même manière, nous saluons l’aide additionnelle apportée aux régions, notamment la bonification des FIER-Régions, la création d’un fonds d’urgence, la prolongation de l’amortissement accéléré pour le secteur manufacturier et le soutien au secteur forestier. De telles mesures donneront un peu plus d’oxygène aux entreprises pour leur permettre de traverser la crise économique.

« Je suis particulièrement fier de la confiance du gouvernement du Québec à l’endroit du Fonds de solidarité et de l’appel qui lui a été fait afin de contribuer pour plus de 530 millions aux fonds créés pour la reprise économique, l’aide aux entreprises technologiques et le démarrage de nouvelles entreprises conformément à la mission du Fonds qui est de maintenir et créer des emplois, tout en augmentant l’avoir de ses actionnaires », a ajouté Michel Arsenault.

Un budget qui pèche par son optimisme

Le présent budget témoigne toutefois d’un optimisme que nous ne sommes pas sûrs de partager. La prévision d’une assez forte reprise économique dès 2010 nous apparaît en effet un pari risqué.

« Il n’y a pas si longtemps, lors de la récession des années 1990, le gouvernement du Québec a sabré abruptement dans les dépenses budgétaires, avec des conséquences qui nous poursuivent encore. Pensons seulement à la pénurie de personnel dans nos hôpitaux. Il ne faudrait pas répéter le cauchemar. » 

Si l’actuelle crise économique ne se résorbe pas au rythme prévu, le gouvernement sera alors acculé à faire des choix qui nous rappelleront douloureusement la lutte à l’équilibre budgétaire.

Plutôt que de se préparer à des coupes budgétaires inquiétantes, la FTQ est d’avis que le gouvernement aurait pu agir du côté des revenus.

Le gouvernement se prive de revenus

La FTQ avait proposé à la ministre un moratoire sur la baisse du taux de la taxe sur le capital, ce qui aurait eu pour effet de maintenir une entrée fiscale récurrente d’un milliard de dollars sur deux ans.

De la même manière, le rétablissement progressif de la taxe de vente — de 0,25 % dès à présent jusqu’à 1 % en janvier 2011 — aurait donné une marge de manœuvre supplémentaire au gouvernement. Nous sommes d’accord avec la bonification du crédit d’impôt remboursable pour les plus démunis afin de protéger leur pouvoir d’achat.

On joue au casino avec nos fonds

Le gouvernement renfloue le Fonds des générations à hauteur de 1,6 milliard de dollars qui seront sujets aux aléas de la spéculation financière. Rappelons que dans les récentes pertes essuyées par la Caisse de dépôt et placement, ce sont déjà plus de 170 millions de dollars du Fonds des générations qui se sont évaporés dans les limbes des marchés boursiers.

« Nous avons dit à la ministre, lors des consultations prébudgétaires, qu’il y aurait lieu de suspendre les versements au Fonds des générations et d’utiliser l’argent afin de stimuler l’emploi et la relance économique. Malheureusement, le gouvernement a choisi de se priver de ces sommes », a conclu Michel Arsenault.

Secteurs public et parapublic : des bonnes résolutions

La présidente du Conseil du trésor, madame Monique Gagnon-Tremblay, a déclaré vouloir, avec le concours des organisations syndicales, améliorer l’organisation du travail et envisager les prochaines négociations dans un esprit d’ouverture et de réalisme.

La FTQ est déjà engagée dans un processus de réorganisation du travail au sein du système de santé public, elle redoublera d’efforts. Nos membres dans les secteurs de la santé et de l’éducation s’attendent quant à eux à une ronde de négociations qui méritera pour cette fois le nom d’une « vraie négociation ».

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Réaction du SISP

Pour le SISP, un manque d'audace dans le contexte actuel

Le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) estime que le gouvernement du Québec a déposé un budget frileux qui manque d’audace car il n’est pas à la hauteur des défis exigés pour faire face à la conjoncture économique actuelle. « Le budget ne comporte pas un plan de relance d’une ampleur suffisante pour renverser la tendance et affronter la crise. L’essentiel du déficit est creusé par la chute des revenus plutôt que par des injections de fonds pour lancer des projets créateurs d’emplois et d’activité économique », déclare Dominique Verreault, porte-parole du SISP, en réaction au budget présenté aujourd’hui par la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.

Un financement minimal des services publics

D’entrée de jeu, le SISP salue la décision du gouvernement de suspendre l’application de la loi antidéficit, dont l’application stricte l’aurait forcé à appliquer des coupures de dépenses sévères. La porte-parole se dit également soulagée que le gouvernement maintienne le financement des grands secteurs publics, en augmentant les crédits en éducation (3,5 %), santé et services sociaux (5,7 %) et services de garde (6,1 %), couvrant ainsi l’augmentation des coûts de système et le financement de ses promesses. En revanche, le gouvernement sabre encore une fois dans la fonction publique en limitant l’augmentation des budgets à 0,7 % et en maintenant sa politique de non remplacement d’un départ à la retraite sur deux.

« Nous déplorons toutefois qu’il n’y ait pas de nouveaux investissements dans nos infrastructures sociales, que le gouvernement ne ferme pas la porte à la privatisation de la santé et qu’il n’y ait pas d’investissements dans les soins et le maintien à domicile », affirme la porte-parole du SISP.

En ce qui concerne le plan de retour à l’équilibre budgétaire, Le SISP estime que la récupération de l’espace fiscal par la hausse de 1 % de la taxe de vente (TVQ) à compter de 2011 est une mesure appropriée, d’autant plus qu’elle prévoit une bonification des crédits d’impôt remboursables pour les personnes à plus faible revenus. « Nous rappelons que si le gouvernement n’avait pas gaspillé le règlement de la péréquation en accordant des baisses d’impôt, il aurait disposé d’une marge de manœuvre presque équivalente. »

Soutien de l’économie : le gouvernement aurait pu faire mieux

Le SISP considère cependant que le gouvernement aurait pu soutenir davantage la relance en reportant l’abolition de la taxe sur le capital. « Nous déplorons par ailleurs la nouvelle politique de relèvement systématique des tarifs, à l’exclusion des services de garde, parce que nous estimons que ce genre de mesure affecte d’abord les plus démunis », ajoute Dominique Verreault.

Le SISP se réjouit des investissements additionnels de 518 millions sur deux ans consacrés au pacte pour l’emploi, en particulier les mesures pour la formation et le soutien des travailleurs âgés et les travailleurs du secteur forestier.

Au chapitre de la relance de l’économie, le SISP s’attendait à des mesures plus énergiques pour réorienter l’économie sur la voie du développement durable. Malgré tout, certaines sont intéressantes, par exemple, le nouveau crédit d’impôt remboursable à l’achat d’un véhicule neuf éco énergétique et le développement des technologies de l’énergie verte.

La réduction de la taille de l’État

Les organisations membres du SISP sont heureuses de constater que le gouvernement partage leurs préoccupations quant aux problèmes de rétention et d’attraction de la main-d’œuvre; elles espèrent qu’il en tiendra compte dans ses travaux menant au renouvellement des conventions collectives des employés des secteurs public et parapublic, qui arrivent à échéance dans quelques mois. Il doit absolument reconnaître et rétribuer le travail de ses employées et employés à sa juste valeur s’il veut résoudre ces problèmes.

Cependant, depuis 5 ans, le gouvernement Charest a sans cesse coupé les effectifs de la fonction publique. Le gouvernement annonce aujourd’hui que cette politique se poursuivra, puisque pas moins de 5 000 postes seront abolis au cours des trois prochaines années. L’impact sur les services à la population sera majeur.

Quelques bonnes mesures, mais à doses homéopathiques

Le SISP constate que ce budget comporte certaines bonnes mesures tout en déplorant qu’elles soient administrées à doses homéopathiques, entre autres la bonification de la prime au travail pour les jeunes, la construction de 3 000 logements sociaux additionnels, la bonification des crédits d’impôt pour la culture, les mesures de soutien au développement forestier, le plan d’action pour contrer la maltraitance des aînés, l’amélioration des maisons d’hébergement pour victimes de violence conjugale, le soutien financier aux personnes pour rénover leur domicile, les investissements dans l’économie sociale.

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Réaction de la CSN

De bonnes cibles, mais un plan de relance trop modeste compte tenu de la crise économique

Formation des travailleuses et des travailleurs, soutien financier accru pour les entreprises, protection des réseaux de la santé et de l’éducation, aide aux petits épargnants et à la PME avec une augmentation de la déduction fiscale pour le fonds de travailleurs Fondaction, la CSN estime que le gouvernement du Québec identifie plusieurs bonnes cibles dans son budget 2009-2010. « Nous saluons un des budgets les plus interventionnistes des dernières années. Particulièrement les sommes additionnelles destinées au Pacte pour l’emploi, à la sylviculture et à la recherche et au développement de nouvelles technologies », de souligner la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.

La CSN estime toutefois que le plan gouvernemental de relance est trop modeste pour faire face à la crise économique actuelle. « On ajoute seulement 250 millions aux mesures déjà annoncées cet automne. C’est nettement insuffisant. Le gouvernement aurait pu faire plus. On est loin du grand vent du sud du président Obama », de constater la leader syndicale. En additionnant les budgets fédéral et provincial, on se trouve en deçà de la cible du 2 % identifiée par le très conservateur Fonds monétaire international.

Le déficit annoncé de 3,9 milliards de dollars représente 1,3 % du PIB. En comparaison, le déficit de 5,8 milliards atteint lors de l’exercice 1994-95 représentait 3,4 % du PIB. Ce plan trop timide pour la CSN sera suivi d’un régime minceur avec une croissance anémique de 3,2 % à compter de 2010-2011.

« Imaginez si nous sommes encore en récession l’an prochain. Cela annonce un train de coupures budgétaires totalement inacceptable. Le gouvernement tente de nous convaincre qu’il a beaucoup investi dans les services publics, que ceux-ci seraient arrivés à maturité et qu’ainsi nous devrions arrêter tout développement et nous contenter de les consolider. Nous ne souscrivons pas à cette thèse », de poursuivre Claudette Carbonneau. Plusieurs mesures nécessaires dans un contexte de vieillissement de la population comme le développement des services à domicile ou des places en centre d’hébergement manquent toujours à l’appel. Des efforts additionnels devront être consentis en éducation, spécialement au niveau supérieur, en environnement, en matière de transport en commun et de financement adéquat du Régime d’assurance parentale, pour ne nommer que ceux-là.

Ces compressions s’annoncent alors qu’une nouvelle convention collective devrait entrer en vigueur dans le secteur public après cinq années de décret incluant deux années de gel de salaire. Il ne faudrait pas qu’elles se fassent une fois de plus sur le dos des travailleurs de l’État. La tâche est extrêmement lourde dans les services publics alors qu’on connaît de graves pénuries de personnel. La rémunération globale accuse un retard important de l’ordre de 15,4 % sur les autres salarié-es québécois selon l’Institut de la statistique du Québec. Pour la présidente de la CSN, « Faire preuve d’un esprit d’ouverture et de réalisme, c’est aussi prendre en compte ces réalités. »

« Le gouvernement s’est lui-même privé d’une marge de manœuvre de près de 5 milliards de dollars à travers des baisses d’impôt. Il est d’ailleurs ironique de le voir proposer une hausse de la TVQ, en vue d’un retour à l’équilibre budgétaire, alors qu’il avait repoussé cette mesure au moment où le gouvernement fédéral avait libéré un espace fiscal », de poursuivre la présidente de la CSN.

Pour la centrale syndicale, le plan de remise à niveau de l’équilibre budgétaire est d’autant plus inquiétant qu’il cible principalement deux mesures en plus de la compression des dépenses : l’indexation des tarifs et la hausse de la taxe de vente, sans autre forme de débat public et après avoir fait mine de tabletter le rapport Montmarquette. « La CSN appelle à un exercice beaucoup plus large. Il ne s’agit pas simplement de rééquilibrer les dépenses publiques, mais de donner au Québec une base budgétaire qui assure le développement économique et la pérennité des services publics et des programmes sociaux, et ce, dans une perspective d’équité fiscale. Le dernier grand débat de société sur la fiscalité remonte à 1996. L’heure est venue de nous livrer à un tel exercice d’autant plus que la crise actuelle est due en bonne partie à la montée des inégalités et au sous-investissement social », conclut la présidente de la CSN.

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Réaction de la CSQ

Ce n'est pas avec ce budget que nous allons régler le problème du décrochage scolaire au Québec - Réjean Parent

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) apprécie l’investissement de 65,2 millions de dollars en matière de soutien aux élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) car cela permettra notamment une baisse des ratios de 20 % en milieux défavorisés de la 3e et de la 4e année du primaire et de 10 % en 3e année du primaire dans tous les autres milieux.

« C’est un pas dans la bonne direction, mais nous sommes encore loin de la promesse faite en campagne électorale par le Parti libéral qui s’engageait à réduire de 20 % le nombre d’élèves dans les classes des milieux défavorisés de la 2e à la 5e année du secondaire, et de 10 % dans les classes des milieux non défavorisés de la 3e année primaire à la 5e secondaire », affirme le président de la CSQ, Réjean Parent.

De plus, ajoute-t-il, « la baisse annoncée des ratios aujourd’hui n’est pas suffisante puisqu’il serait nécessaire de viser également une composition équilibrée des classes avec des élèves forts, moyens et faibles. Il faudrait aussi établir certaines balises et limites à l’intégration des élèves en difficulté. Nous sommes également déçus de constater qu’il n’y a rien de prévu pour offrir de meilleurs services professionnels et de soutien aux élèves en difficulté. »

Contrer le décrochage scolaire

Pour la Centrale, le MELS ne favorise pas une composition équilibrée des classes et il ne contribue pas à accroître l’écrémage des meilleurs éléments des classes ordinaires en finançant de plus en plus les écoles privées. À preuve, le budget alloué à l’enseignement privé augmente plus vite (4,8 %) que celui accordé aux commissions scolaires (3,8 %), malgré ce nouvel investissement.

Pour ce qui est des autres mesures visant à améliorer la persévérance et la réussite scolaires, le budget s’articule autour d’un leitmotiv : la continuité. En effet, qu’il s’agisse du programme Agir autrement, des mesures pour le français, du plan d’action pour prévenir et traiter la violence l’école, tout se fait comme c’était déjà annoncé.

« Au moment où l’on vit une augmentation du taux de décrochage au secondaire, la CSQ s’attendait à un coup de barre important pour renverser cette tendance qui a des conséquences désastreuses pour l’ensemble de la société québécoise », ajoute le président de la CSQ.

Formation professionnelle

La CSQ ne peut être contre le fait que le ministère veuille continuer d’accroître le nombre de jeunes en formation professionnelle. Toutefois, cette augmentation se fait de manière très lente, et elle diminue même dans certains secteurs qui vivent des pénuries de main-d’œuvre. « Encore ici, il y a fort à parier que la volonté gouvernementale ne se traduise pas dans la réalité », ajoute Réjean Parent.

La CSQ appuie la décision d’accorder une somme de 20,7 millions de dollars pour le Plan d’action éducation, emploi et productivité. Elle souhaite que ce plan permettra d’offrir enfin une formation professionnelle qualifiante aux personnes en emploi.

Éducation des adultes

Pour ce qui est de l’éducation des adultes, le Ministère annonce qu’il continuera d’améliorer les services aux adultes. Pour Réjean Parent, « c’est bien mince, alors que 800 000 adultes âgés de 16 à 65 ont des besoins en matière de formation de base. Avec des efforts aussi minces, bien peu d’adultes auront l’opportunité d’entreprendre une formation en vue d’obtenir un premier diplôme d’études secondaires ou en formation professionnelle. »

Enseignement supérieur

La CSQ constate que le budget de l’enseignement collégial privé augmente plus vite (4,8 %) comparativement aux cégeps (2,7 %). Pour les universités, les crédits augmentent d’à peine 0,8 % tandis que les dépenses globales augmentent de 4,7 %.

La Centrale voit toutefois d’un bon œil le Plan d’action éducation, emploi et productivité qui permettra, entre autres, d’offrir à temps partiel de la formation permettant une amélioration de la qualification des travailleurs. Toutefois, le budget de 2,5 millions de dollars nous semble bien insuffisant.

Services de garde

L’atteinte de la cible de 220 000 places en garderie à 7 $ par jour d’ici la fin de 2010 et le maintien à 7 $ du montant demandé aux parents constituent deux bonnes nouvelles. « Il faudra néanmoins s’assurer que ces nouvelles places permettront de répondre aux besoins des familles en milieu défavorisé. En effet, de nombreuses recherches démontrent l’importance d’intervenir dès la petite enfance pour dépister les enfants en difficulté et leur donner le soutien nécessaire pour leur permettre d’entreprendre leur parcours scolaire sur un pied d’égalité avec les autres enfants », affirme Réjean Parent.

« Nous aurions souhaité que le gouvernement favorise le développement des services de garde éducatifs dans les centres de la petite enfance plutôt que d’investir dans des crédits d’impôt pour les garderies privées », conclut le président de la CSQ.

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Réaction du SFPQ

Pas de relance pour les services publics

Le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) constate que le gouvernement Charest ne réussit pas à garder les deux mains sur le volant et appuie malgré tout sur l’accélérateur dans la réduction des services publics. Dans son budget 2009-2010, la ministre des Finances, Monique-Jérôme Forget, continue sur la même voie en gelant à nouveau les budgets des ministères et organismes et en réduisant leurs effectifs. Le SFPQ estime que le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite atteint un point de rupture qui va jusqu'à compromettre la santé et la sécurité de la population.

Incohérences budgétaires

« Jean Charest promet depuis des semaines de l’aide pour les travailleurs affectés par le ralentissement économique. Pendant ce temps au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, il réduira de 152 les effectifs qui sont dédiés à l’aide aux sans emplois, lance Lucie Martineau, présidente générale du SFPQ. Même situation au ministère des Transports où l’on s’apprête à couper plus de 200 effectifs tandis que plusieurs milliards sont investis sur les routes ».

Depuis 5 ans, dans son exercice de réduction de la taille de l’État, le gouvernement Charest a coupé le personnel de la fonction publique de 4 557 ETC (équivalent temps complet). Le gouvernement nous annonce aujourd’hui que cette baisse d’effectifs se poursuivra, puisqu’en 2009-2010 il entend se départir de 900 autres ETC et de 4 200 pour les trois prochaines années. « Les gels de budgets, les coupures d’emplois se multiplient et l’État craque de partout. Les conséquences de ce sous-financement des services publics, notamment ceux d’inspection, sont de plus en plus visibles du grand public avec l’écroulement de viaducs, de stationnements et de problèmes environnementaux comme les algues bleues », affirme Lucie Martineau, présidente du SFPQ.

Tarification

Le SFPQ dénonce également les orientations retenues par le gouvernement pour retrouver l’équilibre budgétaire au cours des prochaines années en prévoyant notamment des hausses de tarif de tout ordre. « Le gouvernement devrait plutôt remettre en question les milliards en baisses d’impôts accordés aux contribuables et aux entreprises et s’attaquer aux milliards qu’envoient les banques et les grandes entreprises dans les paradis fiscaux, dit madame Martineau. Bref, d’autres solutions existent à la tarification qui n’ont pas pour conséquence de faire retomber le financement des services publics sur le dos des citoyens les moins fortunés ».

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Réaction de la FIQ


Le financement du réseau de la santé est assuré pour la prochaine année

Pour la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ, le budget 2009-2010 préserve la croissance des dépenses pour le réseau de la santé et des services sociaux. « Avec 5,7 % d’augmentation des dépenses, le financement du réseau de la santé et des services sociaux est assuré pour la prochaine année budgétaire. Toutefois, ce montant couvre essentiellement les sommes déjà engagées au titre des dépenses. Ce budget n’offre donc pas de nouveaux investissements », de dire Lina Bonamie présidente de la FIQ

Les garanties d’accès et la tarification

La Fédération est préoccupée par la porte qui semble être toujours ouverte à la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux. En effet, les crédits budgétaires énoncent clairement l’orientation adoptée par l’ex-ministre de la santé, Philippe Couillard, à l’effet d’introduire des garanties d’accès et des réductions des délais d’attente. « Ces mesures doivent être réalisées exclusivement dans le réseau public de santé », exige madame Bonamie.

La Fédération constate également l’existence d’une zone grise en regard de l’application des mesures de tarification. En principe, la politique de tarification s’applique également à tous les ministères et organismes publics, de même qu’aux réseaux de la santé et de l’éducation. « Le gouvernement estime que cette politique de financement des services publics représente donc un nouvel instrument efficace et équitable pour financer les services publics et la Fédération ne peut que la dénoncer », poursuit la présidente.

Revoir l’organisation du travail

Par ailleurs, la FIQ perçoit une volonté du gouvernement de revoir l’organisation du travail. « Toutefois, il faudra aller au-delà de tables de discussions et s’orienter vers des solutions publiques, structurantes. Il est temps de répondre concrètement aux situations difficiles vécues par la main-d’œuvre du réseau de la santé », de conclure madame Bonamie.
En terminant, la Fédération tient à saluer également le maintien de la contribution de 7 $ pour les frais de garde à l’enfance.

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Réaction de l’Union des consommateurs

Montmarquette sort des tablettes

Réagissant au budget déposé aujourd'hui à Québec, l'Union des consommateurs constate que le rapport du Groupe de travail sur la tarification des services publics, que le gouvernement Charest a fait mine de tabletter en 2007, fait un retour en force. Elle craint que cet engouement aveugle pour le principe de l'utilisateur-payeur, qui teinte un chapitre important du budget de la ministre Monique Jérôme Forget, se traduise, à compter de 2011, par un appauvrissement important de la classe moyenne et des ménages à faible revenu. Elle craint également que l'accessibilité à certains services puisse être compromise.

Non seulement tous les tarifs seront-ils indexés à compter de 2011, mais le gouvernement annonce que tous les ministères et organismes devront, après une évaluation systématique des coûts de tous les services, appliquer la tarification partout où ce sera possible de le faire, en cherchant à recouvrer 100% des coûts.

Ces mesures, combinées à la hausse de la taxe de vente, vont affecter plus durement les ménages les plus vulnérables, dénonce l'Union des consommateurs. En ce qui concerne la taxe de vente, l'organisme déplore que le gouvernement n'ait pas retenu l'idée de moduler la taxe en fonction de la nature des biens achetés: réduire ou éliminer la taxe sur les biens essentiels et sur ceux qui sont utiles au plan environnemental, et l'augmenter, de façon beaucoup plus marquée, sur les biens de luxes et sur ceux jugés nuisibles à l'environnement.

L'énorme rattrapage budgétaire qui sera nécessaire après l'épisode déficitaire imposé par la crise, se fera sur le dos des classes moyenne et pauvre, prévient l'Union des consommateurs. Les citoyens devraient aujourd'hui se rappeler que ce sont les entreprises et les ménages les plus riches qui ont profité davantage des baisses d'impôt des dix dernières années, des réductions qui, aujourd'hui, privent l'État d'environ 10 milliards annuellement.

Ces milliards qui manquent au Trésor auraient certes permis à la ministre des Finances d'annoncer, en temps de crise, des mesures moins timides pour lutter contre le chômage et venir en aide aux ménages qui seront les plus affectés.

L'Union des consommateurs est une fédération d'associations de consommateurs du Québec dont la mission est de promouvoir et de défendre les droits des consommateurs, en prenant en compte de façon particulière les intérêts des ménages à revenu modeste. Elle regroupe dix Associations coopératives d'économie familiale (ACEF) ainsi que l'Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC).

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Réaction de l’AQDR

L’AQDR réserve un accueil mitigé au budget québécois

L’Association québécoise pour la défense des droits des retraités et pré-retraités (AQDR), qui compte 30 000 membres, accueille avec plaisir l’annonce de l’octroi de 4 millions $ par année pour des initiatives visant à contrer la maltraitance et à briser l’isolement des aînés. Elle se réjouit également de l’appui qui sera donné aux municipalités dans le financement de projets locaux destinés aux aînés.

Cependant, l’AQDR déplore le « pelletage en avant » que constitue la décision de revenir à l’équilibre budgétaire dans quelques années: le gouvernement prévoit alors des nouvelles recettes qui ne constitueront que 40% de son manque à gagner pour combler son déficit annuel. Il y a là un manque de vision à déplorer.

L’AQDR est en désaccord avec la volonté du gouvernement, annoncée dans le budget, de ressusciter le Rapport Montmarquette qui avait été relégué aux oubliettes lors de sa publication. Ce rapport propose de tarifer un certain nombre de services publics actuellement gratuits. L’AQDR trouve qu’il est plus équitable de financer les services publics par l’impôt sur le revenu, qui est progressif, plutôt que par des tarifs que les plus démunis ne peuvent payer.

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Réaction du Chantier de l’économie sociale

Le Chantier de l’économie sociale salue l’effort économique du gouvernement à court terme, mais ses investissements sociaux doivent viser le long terme.

Le budget présenté aujourd’hui par la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, contient des mesures pour soutenir l’économie et plus particulièrement l’économie sociale. L’investissement dans l’habitation communautaire, le soutien au secteur culturel, le soutien renouvelé au Réseau québécois du crédit communautaire, l’injection de 5 millions de dollars dans le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) pour le prédémarrage d’entreprise d’économie sociale, ainsi que l’octroie de 300 000 dollars pour une étude sur la mise en place d’un marché secondaire sont toutes des mesures très porteuses et structurantes pour l’économie québécoise. Ces mesures demeurent encore timides, mais, par leur inclusion dans ce budget, le gouvernement reconnait que l’action citoyenne au Québec peut être un moteur de développement et d’innovation.

Plusieurs mesures exigeraient une vision à plus long terme ou sont absentes du budget. D’abord, le programme AccèsLogis n’est renouvelé que pour une année. Rappelons que la promesse électorale libérale faisait état d’un engagement de 3 000 logements par année sur cinq ans. L’absence d’engagement sur plus d’un an aura un impact négatif sur le rythme de développement, car il y a actuellement 10 000 unités en préparation sur tout le territoire québécois en réponse à des besoins pressants. Malgré un engagement électoral de création de 15 000 nouvelles places en CPE, il y a absence de nouveaux investissements pour leur développement. Le développement doit se poursuivre sans interruption pour continuer à freiner l’engorgement. L’engagement obtenu par l’AQCPE de la part du ministre de la Famille, monsieur Tony Tomassi, de lancer de nouveaux appels de projets dès l’automne est une bonne nouvelle.

Aussi, le gouvernement n’a fait aucune annonce concernant l’inclusion de projets d’économie sociale dans ses nouvelles dépenses d’infrastructure. Le Chantier de l’économie sociale souhaite vivement qu’une part de ces dépenses puisse être réservée pour des projets d’économie sociale, notamment dans les secteurs de l’immobilier communautaire, de la culture et du patrimoine, et de l’écotourisme et du tourisme social. Plus de 130 projets pourraient voir le jour, maintenant et créant plus de 1000 emplois. Une bonification d’urgence de l’aide à la clientèle des entreprises d’économie sociale en aide domestique est aussi manquante dans ce budget.

Rappelons que le secteur a exigé une mesure d’urgence de 15 millions de dollars pour mettre à jour l’aide financière accordée aux clients qui n’a pas été majorée ou indexée depuis plus de 10 ans. Sans cette mesure d’urgence, le phénomène d’abandon de service de la part de la clientèle plus âgée et vulnérable ne pourra que croitre, engorgeant ainsi le système de santé québécois. Le gouvernement doit absolument remédier cette situation dans les plus brefs délais.

« Le gouvernement a compris cette année qu’il y avait des opportunités innovatrices à saisir, notamment en économie sociale. Nous continuerons à travailler avec tous nos partenaires pour consolider et faire fleurir une économie aux services de nos besoins collectifs. Par contre, nous sommes inquiets par rapport aux conséquences possibles de l’indexation des tarifs et la hausse de la taxe de vente sur les plus démunis de notre société. Un vaste débat social est nécessaire pour s’assurer que les plus vulnérables seront à l’abri d’un recul de leur niveau de vie », a déclaré Nancy Neamtan, présidente directrice-générale du Chantier de l’économie sociale.

La crise économique et financière actuelle est une opportunité pour le gouvernement de miser sur le débat et l’action citoyenne, puisant ainsi dans une multitude d’expériences des solutions plus solidaires et plus durables.

Nous croyons que si le gouvernement intègre dans sa réflexion stratégique de développement la reconnaissance de la pluralité de notre économie, d’une harmonie plus grande de l’humain et de son milieu de vie, d’une occupation du territoire s’appuyant sur l’interdépendance, la prise en charge et le respect, d’une reconnaissance de la culture et de la créativité et de la solidarité internationale, le Québec trouvera des moyens originaux et porteurs pour aider ceux et celles dans le plus grand besoin.

Le PIB, le montant annuel des investissements étrangers et notre balance commerciale ne témoignent que d’une infime partie de notre santé collective. Il est grand temps pour le gouvernement de s’intéresser prioritairement à d’autres indicateurs de notre bien-être.
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L’économie sociale québécoise est composée d’environ 7 000 entreprises, coopératives et OSBL, œuvrant dans 20 secteurs économiques (arts et culture, agroalimentaire, commerce de détail, environnement, immobilier collectif, loisir et tourisme, technologies de l’information et des communications, médias, manufacturier, services aux personnes, etc.). Elle emploie plus de 125 000 personnes et génère un chiffre d’affaires de plus de 17 milliards de dollars annuellement, ce qui représente environ 6 % du PIB québécois.

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Fédération québécoise des professeurs d’université

Faible pour la relance, décevant pour les universités

La Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) exprime sa déception générale à l’égard du budget présenté aujourd’hui.

Alors qu’il avait la responsabilité de formuler un vigoureux plan de relance, ce budget est marqué par l’obsession gouvernementale de l’équilibre budgétaire. Si le gouvernement consent à encourir des déficits de l’ordre de 3,9 milliards de dollars pour ce budget et le prochain, il annonce sa ferme intention de rétablir l’équilibre budgétaire dès 2011-2012 sans égard à la situation qui prévaudra à ce moment.

L’effort de relance est nettement insuffisant. Le coût des nouvelles mesures de relance prévues dans le budget d’aujourd’hui est de 3,4 milliards sur deux ans, soit en moyenne 0,5 % du PIB par année, alors que le Plan de relance du gouvernement du Canada représente 1,3 % du PIB et que celui des Etats-Unis en représente 2,8 %.

Le gouvernement s’est privé de moyens de faire bien davantage, en particulier en décidant de continuer à alimenter le Fonds des générations au rythme de 715 millions pour cette année et 880 millions pour la prochaine. Il a également reporté à 2010 une éventuelle hausse de 1 % de la taxe de vente du Québec. Ce faisant, il s’est abstenu d’investir davantage dans des secteurs clés pour préparer l’avenir, comme dans l’éducation.

À cet égard la FQPPU fait remarquer qu’au lieu de maintenir le rythme de croissance des crédits à l’éducation, qui était de 4,6 % l’année passée, il n’accorde cette année qu’une augmentation de 3,5 %.

Pour l’enseignement supérieur, c’est le statu quo. On aurait pu s’attendre à ce que le gouvernement augmente cette année de 200 millions de dollars son financement dans l’esprit de son engagement d’investir sur cinq ans, jusqu’en 2012, un milliard de plus qu’en 2006-2007.

Par ailleurs, poursuivant l’application de sa Stratégie de la recherche et de l’innovation, le gouvernement accorde aux organismes subventionnaires une augmentation de leurs crédits, essentiellement pour les secteurs de la santé et des sciences de la nature et des technologies. Ces sommes ciblées vers des secteurs dont on attend des retombées commerciales seront complétées par un programme de près d’un milliard de dollars en soutien direct aux entreprises technologiques qui mettent en valeur la recherche universitaire. Ces programmes sont assortis d’un congé fiscal de dix ans.

Le budget 2009-2010 comprend plusieurs mesures qui exerceront une influence directe sur les priorités de développement des universités, les poussant davantage vers la commercialisation, alors qu’elles auraient plutôt besoin d’un meilleur financement de base. La FQPPU constate la tendance à dénaturer l’université et à l’asservir à des intérêts mercantiles, une tendance qu’elle a dénoncée à plusieurs reprises et qui s’affirme à nouveau dans ce budget.